BARRAT Gérard

Issu d’une famille de gauche, d’un père cheminot et d’une mère au foyer, Gérard Barrat, après un parcours scolaire classique, obtint un brevet de technicien chimiste, alors qu’il était au lycée technique Paul Constans de Montluçon, il passa, en candidat libre, son baccalauréat S. Technicien chimiste, il entreprit des études de médecine. Confronté à des victimes de l’amiante lors d’un stage en pneumologie, cette expérience l’incita à se diriger vers la médecine du travail. Gérard Barrat fut titulaire d’une thèse de docteur en médecine (3 février 1977) mais aussi d’un diplôme universitaire complémentaire en toxicologie (DUC obtenu en 1979), à l’hôpital Fernand Widal. Il habita à Moulins (Allier), à Montluçon (Allier), de son mariage, il eut un garçon et une fille.
Il exerça la médecine du travail de de 1977 à 2011, successivement à Moulins, dans le secteur d’activité de la chimie à Commentry (Allier), en médecine du travail inter-entreprise dans la Creuse. C’est lui qui, en 1977, fit acte de candidature, chez Rhône-Poulenc-Nutrition-Animale (RPNA) à Commentry qui deviendra Adisséo. Avec sa formation de toxicologue, il assura également le suivi médical des ouvriers de la Société d’Emballage Plastique (SEP) de Montluçon où trop de salariés mouraient du cancer du foie (intoxication au contact du chlorure de vinyle).
Chez RPNA, il repéra, d’emblée, dans l’entreprise le risque chimique et les trois principaux cancérogènes. Il fut amené à faire pratiquer des examens médicaux plus poussés. Son action fut le résultat du croisement des données de terrain et de ses connaissances théoriques. Gérard Barrat fut un médecin engagé, il adhéra, en 1980, au syndicat CGT Adisséo, et eut des responsabilités en 1989 en tant qu’élu administrateur CGT Rhône-Poulenc : 1989-2003.
Il fut membre du Parti communiste de 1976 à 2001.
Dès 1994, il alerta la direction de l’usine sur le premier cas de cancer du rein. En cause, l’introduction, depuis 1982, d’un produit cancérogène, le chloracétal (C5), dans le processus de fabrication d’additifs pour ruminant. Malgré ses alertes, la direction refusa sa substitution car l’introduction de cette molécule avait multiplié par quatre la productivité de la fabrication de la vitamine A.
Pendant dix ans, il transmit à la direction et à la Sécurité Sociale des rapports construits à partir des rapports du secrétaire CGT du CHS-CT, Francis Gauthier.
Face à une direction dans le déni, et à des autorités de santé « sabotant » son travail : ainsi en 1998, il déclara 6 cas groupés, mais la caisse primaire de l’assurance maladie (CPAM) ne donna pas suite. A l’initiative d’Henri Pézerat, du CNRS dans la branche toxicologique, le syndicat et de l’Association des Malades du Cancer (AMC) de Christian Micaud décidèrent de médiatiser la question.
La médiatisation nationale aboutit, en mars 2007, à la condamnation « pour faute inexcusable » de l’employeur.
Gérard Barat avait quitté l’usine en 1999 pour devenir médecin inter-entreprise de la Creuse mais il resta le médecin de l’AMC dont il était adhérent (2007) et membre de la section des retraités CGT d’Adisséo. Il fut membre du Comité départemental de prévention de l’alcoolisme (CDPA) 1980-2000 et du Secours populaire Français (SPF) (1981).