GRÜNEBAUM Kurt.

Par Jean Puissant

Gießen (Hesse, Allemagne), 7 mai 1910 – Etterbeek (aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 8 mai 1988. Journaliste au Peuple (1944-1975).

Kurt Grünebaum est issu d’une famille juive non pratiquante de quatre enfants. Son père est professeur d’école, ancien combattant, membre du syndicat des enseignants et du Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD). Père et fils sont activement engagés dans la lutte anti nazie avant 1933. Kurt commence très jeune une collaboration journalistique et entame des études de droit dans diverses universités allemandes.
Devant le triomphe nazi, Kurt Grünebaum quitte l’Allemagne et gagne Bruxelles le 25 mars 1933. Plus tard, son père sera interné au camp de concentration de Büchenwald près de Weimar (Thuringe, Allemagne). Il se met immédiatement à l’étude du français mais s’adresse au rédacteur en chef du Grenz-Echo à Eupen (région germanophone belge, pr. Liège, arr. Verviers), Heinrich Michel. Commence une longue collaboration avec l’organe germanophone qui ne peut toutefois pas l’engager. Michel le recommande à René Hislaire de L’Indépendance belge, où il commence à travailler régulièrement.

Le10 mai 1940, Kurt Grünebaum est arrêté par les autorités belges, comme les autres étrangers, notamment allemands. Ses deux mentors parviennent à le faire libérer. Malheureusement pour lui alors qu’il fuyait manifestement vers l’Angleterre, avec son épouse Alice Freudenberger (1909-2005), fille d’artisans juifs, rencontrée lors de ses études, il est à nouveau arrêté car il ne dispose pas de document prouvant sa libération. Il est déporté en France au camp d’internement de Saint-Cyprien (département des Pyrénées-Orientales) puis à celui de Gurs (département des Pyrénées-Atlantiques). Il parvient à s’enfuir vers la Suisse où il est à nouveau interné, mais trouve du travail dans une ferme. Il parvient à suivre des cours à l’Université de Zürich et collabore au Neu Zürcher Zeitung. Il y obtient un mandat de correspondant en Belgique, où il retourne dès la fin de la guerre et retrouve, après cinq années de séparation, son épouse saine et sauve.

Au lendemain de la guerre, Kurt Grünebaum travaille à La Cité nouvelle, organe de l’Union démocratique belge (UDB). À la fin de l’année 1946, Léon Delsinne l’engage au Peuple où il travaille jusqu’à sa retraite en 1975. Il coopère à d’autres organes de presse : Dimanche presse, Grenz-Echo, Sarrebrücher Zeitung, Escher Tageblatt (Grand-Duché de Luxembourg), etc., organes qu’il informe sur l’actualité et la situation en Belgique. Inversement à Bruxelles, il chronique la politique internationale et l’actualité alémanique. Il défend des positions mesurées, pro-européennes, et aussi l’autonomie de la Communauté germanophone dans les cantons de l’Est. À ce titre, il voyage en URSS, en Allemagne, au Congo, voyage dont il tire un ouvrage Kongo im umbruch (1959).

Kurt Grünebaum s’intéresse à l’histoire. Il devient un des meilleurs connaisseurs des archives allemande selon Jean Stengers qui l’appréciait beaucoup et à qui il a fourni des documents sur la politique coloniale et les deux guerres. Il est l’auteur d’une étude originale sur l’insurrection des soldats allemands à Bruxelles en 1918.

Grünebaum s’implique activement dans les organisations professionnelles de la presse : à l’Association générale de la presse belge, dont il devient vice-président, et à l’Association de la presse étrangère en Belgique qu’il préside. Il obtient le prix européen du journalisme en 1983, est détenteur de plusieurs distinctions : Chevalier de l’Ordre de la Couronne, de l’Ordre de Léopold II, l’Ordre du Mérite et la Bundesverdienstkreus 1 Klasse (1973).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article250975, notice GRÜNEBAUM Kurt. par Jean Puissant, version mise en ligne le 11 septembre 2022, dernière modification le 11 septembre 2022.

Par Jean Puissant

SOURCES : Notice réalisée par Gaëtan Drossart, 2e candidature, section Journalisme de l’Université libre de Bruxelles, 1988 – GRAULICH M., « Ein Brüsseler Journalist haus Griessen », dans Site Web : geb.uni.giessen.de, page consultée le 8 septembre 2022 – ROLAND H., « Grünebaum Kurt », dans Nouvelle Biographie nationale, vol. 6, Bruxelles, 2001, p. 220-222.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable