AMONDIEU Joseph, Louis, Adrien

Par Alain Dalançon

Né en 1795 à Carpentras (Vaucluse), mort en 1849 ; professeur de sciences physiques à Nantes ; saint-simonien, vulgarisateur scientifique, créateur d’un lycée novateur, le « Lycée français ».

Joseph, Louis, Adrien Amondieu serait né à Carpentras en 1795, c’est ce que qu’affirme C.-F.-H. Barjavel (voir op. cité), bien que cet auteur reconnaisse qu’aucune mention ne figure dans l’état civil de Carpentras. Son père, Jean, Joseph Amondieu, natif de Malaucène, y était pharmacien et y mourut le 12 floréal an IV (30 avril 1796). Sa mère, Anne, Françoise, Henriette Raphaël, était fille du jurisconsulte du même nom.

Joseph, Louis, Adrien Amondieu effectua ses études au lycée d’Avignon (Vaucluse) et commença à enseigner les mathématiques au Pertuis en 1813, à Apt, au collège royal d’Avignon où il fut lauréat de l’agrégation de mathématiques en 1820.
Il épousa le 3 septembre 1828 la fille de Jean-François Le Boyer (1768-1835), professeur de mathématiques et de physique au lycée puis collège royal de Nantes (1801-1831), futur inspecteur de l’académie de Rennes (nommé en 1831). C’est à cette époque qu’il commença à enseigner dans le même établissement que son beau-père.

Licencié ès sciences en 1829, bientôt docteur ès sciences physiques de l’académie de Paris en 1832 Joseph Amondieu avait déjà écrit plusieurs ouvrages didactiques sur les sciences naturelles, la minéralogie, l’optique, la méthode Jacotot (voir œuvre).
On a surtout retenu son nom comme innovateur dans la pédagogie et actif saint-simonien à Nantes. En 1829, avec son collègue Plihon, professeur d’anglais au collège royal, il fut à l’origine d’un projet d’Athénée à Nantes, établissement où aurait été dispensé une instruction gratuite aux adultes des classes modestes. Quelques années plus tard, après le passage d’Édouard Charton et Adolphe Rigaud à Nantes, il écrivit dans l’Ami de la Charte, trois articles (19 janvier, 23 février, et 15 avril 1832) signés de ses initiales J.A. Il n’y fait pas l’apologie du saint-simonisme : « nous ne voulons ni soutenir, ni combattre la nouvelle doctrine (...), nous donnerons seulement une analyse succincte de cette doctrine ». Mais il en montre tout l’intérêt : « on est obligé de convenir que ses principes ouvrent une nouvelle carrière aux économistes, carrière dont le but n’est pas l’exploitation de l’homme par l’homme, mais bien le bonheur de l’humanité tout entière. » Il ne cache pas les graves dissensions internes du mouvement et confie à Michel Chevalier : « J’expose la doctrine et je me permets des objections et des doutes pour ne pas effaroucher le public (NAF 24612, folio 354) ».

Peu près, avec Cazes, ancien préparateur au collège royal, il mit sur pied le lycée français qui ouvrit ses portes en octobre 1833. Ce n’était pas une entreprise saint-simonienne mais la plupart des saint-simoniens de Nantes y participèrent. L’établissement destiné aux enfants de la classe moyenne, la classe commerçante et industrielle, proposait une pédagogie novatrice. Il accueillait les garçons de 11-12 ans pour quatre ans afin d’y former des citoyens : « les enfants sont destinés à devenir membres d’une famille, d’une cité, d’une patrie, enfin de l’humanité tout entière » (prospectus du lycée publié dans l’Ami de la Charte du 13 septembre 1831). Les rythmes scolaires et matières enseignées y étaient sensiblement modifiés : abandon du cours de 2 heures au profit d’une heure trente, abandon de la primauté du latin au profit des langues vivantes, des mathématiques, sciences physiques, avec une place pour l’éducation physique. Le docteur Ange Guépin, éminent saint-simonien, y donna son cours de philosophie de science de l’homme en 1835.

Membre de la Société académique de Loire-Inférieure, Joseph Amondieu en devint le secrétaire général en 1834, signe de sa reconnaissance dans les milieux savants nantais. Son établissement fut toutefois la cible du clergé et disparut en 1840.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article25100, notice AMONDIEU Joseph, Louis, Adrien par Alain Dalançon, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 3 juillet 2022.

Par Alain Dalançon

ŒUVRE : Étude des "Études de la nature", de Jacques-Bernardin-Henri de Saint-Pierre, servant à éclaircir quelques objections que cet auteur a faites aux sciences naturelles, 1821. — La minéralogie enseignée en vingt-quatre leçons, 1826. — Essai d’un cours élémentaire d’optique, contenant les deux théories de la lumière dans les systèmes des ondulations et de l’émission, 1826. — Méthode Jacotot, son origine, son esprit et son véritable mode, par J.-L.-A. Amondieu, discours lu par l’auteur à la Société académique de la Loire-Inférieure, le 5 novembre 1829. — Cours de mathématiques, Arithmétique, 1835.

SOURCES : Courte notice non signée : Bibl. de l’Arsenal, Fonds Enfantin., ms. 7 601/28-30 ; notes de Ph. Régnier. — C.-F.-H. Barjavel, Dictionnaire historique biographique et bibliographique du département de Vaucluse, 1841. — Jean-Louis Liters, notice dans Livre du Bicentenaire du lycée Clemenceau, Coiffard, 2008. — Michel Aussel, Le docteur Ange Guépin : Nantes, du Saint-Simonisme à la République, PUR, 2016.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable