BERNARD Daniel, Marcel

Par Nicolas Simonpoli

Né le 11 avril 1950 à Tours (Indre-et-Loire), mort le 26 juillet à Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire) ; cheminot ; syndicaliste CFDT, secrétaire du syndicat FGTE-CFDT des cheminots d’Indre-et-Loire (1977-1990), secrétaire de l’Union régionale FGTE-CFDT des cheminots de la région Centre (1990-2005), défenseur syndical au conseil des Prud’hommes (1985-2019), représentant CFDT au CESE de la région Centre (2007-2017).

Daniel Bernard
Daniel Bernard

Daniel Bernard était le fils de Marcel Bernard, couvreur, et de Josiane Manceau, sans profession. La famille comptait cinq enfants, deux filles et trois garçons. Daniel Bernard effectua sa scolarité à Tours (Indre-et-Loire) où il obtint, en 1964, son Certificat d’études primaires. Il effectua ensuite une formation de chaudronnier-soudeur au lycée technique Albert Bayet de Tours (Indre-et-Loire) jusqu’en 1967.

À sa sortie du lycée, Daniel Bernard fut embauché à la Manufacture tourangelle des instruments de Pesage, entreprise spécialisée dans la fabrication de balances et de bascules pour l’industrie (médicale, alimentaire, agricole, etc.). De juin 1967 à septembre 1968, il y travailla comme chaudronnier-soudeur, plus précisément comme traceur sur métal chargé de la découpe, du cintrage et de la soudure des matériaux. En septembre 1968, après un conflit avec son employeur au sujet de ses conditions de travail, il quitta l’entreprise.

En septembre 1968, Daniel Bernard entra à la SNCF comme agent d’exploitation à la gare de triage de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire). Jeune, les cheveux longs et le verbe haut, il s’accrocha avec quelques cadres cheminots qui ne lui prédirent pas un avenir radieux au sein de l’entreprise. Pourtant, il s’intégra à la grande famille du chemin de fer. À partir de 1971, il fut successivement agent de manœuvre triage, contrôleur (1971-1973), commis matériel exploitation puis saisie (1973-1984) et enfin commis marchandises à compter de 1984. En 1986, il fut détaché pour assurer ses mandats syndicaux. En tant que permanent, il connut un déroulement de carrière au regard de la moyenne de ses collègues. Il accéda ainsi au grade d’agent commercial spécialisé, niveau D2-18. En avril 2005, il fit valoir ses droits à la retraite.

Daniel Bernard adhéra à la CFDT en juillet 1974. Très vite, il s’engagea dans des responsabilités syndicales qui le conduire à militer au niveau local, départemental et national. D’abord, en tant que représentant des cheminots dans les instances professionnelles. Au sein de son établissement de Tours (Indre-et-Loire), il fut délégué au Comité mixte de l’établissement de 1974 à 1982, puis délégué du personnel de 1982 à 2005 et, enfin, secrétaire du CHSCT de 1982 à 1995. À cette fonction, il contribua notamment à améliorer les conditions de travail des enrayeurs du triage de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire). Chargés de freiner les véhicules mis en mouvement par les manœuvres, ces agents exerçaient un métier particulièrement dangereux. Au niveau de l’entreprise SNCF, il fut délégué au Comité d’entreprise régional sur la région de Tours de 1982 à 2005 et membre de la délégation CFDT au Comité de groupe SNCF de 1985 à 2004. Concernant ses responsabilités dans l’organisation, il fut secrétaire du syndicat CFDT des cheminots d’Indre-et-Loire de 1977 à 1990, secrétaire de l’UPR de Tours et secrétaire de l’Union régionale Centre de 1990 à 2005.

Il s’engagea également dans l’activité interprofessionnelle. De 1985 à 2003, il fut secrétaire adjoint du syndicat départemental CFDT des transports routiers et, de 2007 à 2017, représentant de la CFDT au Conseil économique, social et environnemental de la région Centre. Il y travailla notamment sur les dossiers des conventions TER entre la région Centre et la SNCF, sur le développement du Fret, l’accessibilité des transports publics aux personnes à mobilité réduire, le rôle des nouvelles technologies dans l’optimisation des déplacements ou encore l’intermodalité des réseaux de Transports avec les régions voisines.

En parallèle, de 1985 à 2019, il exerça comme défenseur syndical CFDT devant le conseil des Prud’hommes et devant les Cours d’Appel d’Orléans (Loiret) et de Bourges (Cher). En trois décennies, il défendit la cause de plus de 200 salariés. Afin de mener au mieux, ces différentes responsabilités, Daniel Bernard suivit les formations syndicales de base (1976), juridique (1990 et 2016) et développement durable (2011). Par ailleurs, il fut lui-même formateur syndical sur les questions de CHSCT et de Comité d’entreprise.

En tant que représentant des cheminots et, plus largement, des salariés, Daniel Bernard s’investit dans plusieurs grands projets qui marquèrent son engagement syndical. Premièrement, il encouragea une réforme de la sécurité des passages à niveau. En mars 1999, suite à la mort d’un conducteur de train lors d’un accident au passage à niveau de Neuillé-Pont-Pierre (Indre-et-Loire), il suivit le déroulement de l’enquête et rédigea un rapport complet sur les passages à niveau qu’il communiqua aux militants CFDT. Par la suite, il s’investit dans la mise en place d’une commission dédiée à cette question dans chaque région SNCF, mais aussi au sein des départements, sous l’autorité des préfets. De même, il mit en place un groupe de travail au sein de la CFDT pour réfléchir à des mesures de sécurité innovantes. C’est dans ce cadre qu’il proposa la pose de torches à déclenchement automatique permettant d’avertir le conducteur du train en cas de bris de barrière. Au niveau national, quatre passages à niveau furent équipés de ce système de sécurité.

Ensuite, il s’engagea pour la défense d’un service public de qualité tant pour les salariés que pour les usagers. En 1982, il se mobilisa pour intégrer les personnels des établissements Cadoux, chargés de l’entretien et de la réparation d’une partie du matériel au triage de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), à l’entreprise SNCF. De même, entre 1979 et 1982, il anima un comité de défense pour la réouverture des petites lignes voyageurs, notamment celle reliant Chinon à Tours (Indre-et-Loire). Pour ce faire, il négocia un accord avec le ministère des Transports alors dirigé par Charles Fiterman.

Enfin, Daniel Bernard se fit le défenseur d’un dialogue social constructif et innovant. Chargé de négocier la mise en place de la loi sur les 35h de travail hebdomadaire au début des années 2000, puis sur l’intégration des emplois-jeunes au Statut de la SNCF, il développa une réelle compétence en la matière. En 2002, dans le cadre d’une expérimentation au niveau local, il contribua à la mise en œuvre d’un groupe de travail dédié au dialogue social et à la prévention des conflits à la SNCF. Les résultats obtenus servirent de support à la généralisation de cette instance au niveau national. Dans la continuité, la FGTE-CFDT fut à l’initiative de journées de formation sur le dialogue social, la place et le rôle des organisations syndicales et des instances représentatives au sein de la SNCF.

En juin 2021, cet investissement syndical valut à Daniel Bernard d’être élevé au grade de Chevalier de l’Ordre National du Mérite.

Après son départ en retraite, il continua à militer à la CFDT. À compter de 2005, il fut secrétaire de l’Union CFDT des Transports et de l’Environnement de la région Centre-Val de Loire puis, à partir de 2014, membre du conseil de l’Union territoriale CFDT des retraités d’Indre-et-Loire jusqu’en 2022.

En couple avec Gisèle Regnault, VRP, Daniel Bernard était père d’une fille qui travaillait au service commercial voyageurs de la SNCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article251221, notice BERNARD Daniel, Marcel par Nicolas Simonpoli, version mise en ligne le 27 septembre 2022, dernière modification le 23 septembre 2022.

Par Nicolas Simonpoli

Daniel Bernard
Daniel Bernard

SOURCES : Arch. FGTE-CFDT. — La Nouvelle République du Centre-Ouest, 20 avril 2005. — Dossiers d’attribution de l’Ordre national du mérite. — Renseignements fournis par l’intéressé, avril 2022.

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