Par Robert Kosmann
Né le 18 février 1957 au Mesnil-Opac (Manche) ; sidérurgiste puis cheminot ; syndicaliste CGT (1976-1982), puis CFDT (1983-1995), puis SUD Rail (1996-2022) et permanent (2000-2006) ; militant du groupe Révolution ! devenue Organisation Communiste des Travailleurs (OCT) (1975-1979) puis de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) (1979-1981).
Fils de Henri Fontaine et de Suzanne, née Renée. Son père et sa mère étaient de petits producteurs laitiers. La famille était chrétienne et s’intéressait peu à la politique. Didier Fontaine accomplit sa scolarité primaire à l’école publique du Mesnil-Opac (Manche) jusqu’en 1968, ensuite il fut interne au Collège Saint Joseph de Villedieu-les-Poêles (1969-1972) dans le même département. Il poursuivit au lycée Alexis de Tocqueville à Cherbourg (Manche) de 1973 à 1975. Il obtint un baccalauréat d’électronique en 1975.
A la sortie du lycée, il exerça différents métiers non qualifiés pendant un an, notamment ceux de manutentionnaire ou de manœuvre. Militant politique, il fut porteur des orientations du groupe Révolution !, qui prônait le travail en usine. En 1976, il se fit embaucher à la société Métallurgique de Normandie (SMN) à Caen (Calvados). Il travailla comme ouvrier de la voie, chargé d’entretenir circuits empruntés par les trains et wagons qui circulaient à l’intérieur de cette grande usine. En 1979, il effectua son service militaire à Oberhoffen-sur-Moder (Bas-Rhin) où il participa à un comité de soldats dans la caserne et défila en uniforme à la manifestation du 1er mai 1979. Il fut arrêté par la police militaire juste avant la fin de son service national. Il décida ensuite de monter à Paris où il se fit embaucher à la SNCF. En poste à la gare de Lyon, il exerça successivement comme contrôleur (1980-1982) puis comme guichetier (1982-2016).
Sur le plan syndical, Didier Fontaine adhéra à la CGT en 1976, alors qu’il travaillait à la SMN. La participation à l’action syndicale était alors l’une des orientations de son organisation politique. En tant que militant cégétiste, il fut élu au comité d’Entreprise (1976-1979). Il réitéra cette adhésion cégétiste en entrant à la SNCF pour les mêmes raisons et, de surcroit, parce que l’organisation était largement majoritaire dans son service. En 1983, au gré d’une mutation dans un nouveau service, il adhéra au syndicat CFDT de la gare de Lyon. Ce changement fut d’abord motivé par le désaccord concernant l’action du syndicat polonais Solidarnosc dont Didier Fontaine soutint l’action à l’envers de la CGT. Ensuite, ce fut le dynamisme du syndicat CFDT, alors animé par Christian Mahieux, qui attira Didier Fontaine. Très vite, il en devint un des animateurs. La section devint majoritaire sur la gare de Lyon en 1989. Didier Fontaine s’impliqua notamment dans la « Commission Professionnelle Centrale Voyageurs » de la SNCF (CPC Voy) qui étudiait les évolutions des métiers du commercial à la SNCF. Il siégea dans cette instance nationale pendant vingt ans (1990-2010).
Dès avant 1995, en raison du « recentrage » de la CFDT, les cheminots en désaccord avec la confédération avaient pris contact avec Annick Coupé. Après la grande grève de 1995 et le soutien de Nicole Notat au plan Juppé, en décembre 1995, ils s’organisèrent en tant que SUD Cheminots Paris Sud-Est puis, ensuite, en SUD Rail. Entré au bureau fédéral (1999-2006), Didier Fontaine s’occupa plus particulièrement des dossiers du commercial voyageur et des contractuels. Il fut élu des salarié-es de 1986 à 2016 et permanent syndical de 2000 à 2006. Il estima que pour le reste du temps ses décharges syndicales représentèrent l’équivalent d’un travail à mi-temps.
De 2009 à 2015, il siégea au nom de la fédération SUD Rail au Conseil d’administration de la « Caisse de Prévoyance et de Retraite des Personnels » (CPRP) de la SNCF. A partir de 1997, il s’occupa, en parallèle, au niveau interprofessionnel, des Solidaires locaux et régionaux pour Paris et l’Ile-de-France (1997-2022). Il participa avec l’Union syndicale Solidaires aux manifestations internationales à Bruxelles (Belgique) avec les « Peace keeper » antimondialistes en 2001, à Gênes (Italie) contre le G8 la même année ; aux manifestations de Francfort (Allemagne). Il fut présent aux Forums Sociaux Européens (FSE) de Paris en 2003 et de Londres (Angleterre) en 2004. Il participa également à l’action symbolique de déboulonnage des rails, en 2005, à Dugny (Seine-Saint-Denis) pour protester contre le premier train concédé à une compagnie privée par la SNCF.
Sur le plan politique, Didier Fontaine rencontra, dès le lycée, en 1975, des militants de l’organisation Révolution ! Il y adhéra rapidement et devint un militant actif. En 1976, l’organisation fusionna pour former l’Organisation Communiste des Travailleurs (OCT). A l’époque Didier Fontaine « s’interrogeait sur la nature du pouvoir chinois et de la révolution culturelle en Chine ». Il rompit avec ce soutien relatif en 1976. En 1979 l’OCT disparut, il adhéra alors à la Ligue Communiste Révolutionnaire et s’en sépara rapidement en 1981, n’étant pas convaincu par la ligne de « perspective de débordement » avec la victoire de la gauche.
Sur le plan personnel, Didier Fontaine eut une première compagne avec qui il eut une fille en 1986, ils se séparèrent en 1989. Il eut un second enfant, en 1995 avec une nouvelle compagne, graphiste, avec qui il se pacsa en l’an 2010.
En 2022, Didier Fontaine vivait en couple à Paris, retraité depuis 2016, il continua de militer à SUD-Rail retraités ; il était toujours en activité à Solidaires. Il s’occupa de la Formation interprofessionnelle syndicale de l’Union, fut membre du bureau du CEFI Solidaires. Il fut le trésorier du syndicat Solidaires Paris, et s’occupa de l’animation des manifestations de l’Union syndicale Solidaires au niveau de l’Ile-de-France.
Par Robert Kosmann
SOURCES : Rapport de François Paccou, La fédération des syndicats SUD-Rail (1996-2005), DARES, 2006. — Entretien avec Didier Fontaine février 2022.