SABADOTTO Louis

Par Robert Goujon

Né le 23 janvier 1930 à Surmont (Doubs), mort le 2 mai 2022 à Alès (Gard) ; mineur puis cheminot ; syndicaliste CGT, secrétaire du syndicat CGT des mineurs de Trescol, secrétaire général du syndicat CGT de Lyon-Guillotière (1965-1979), membre du secrétariat du Secteur CGT de Lyon (1979-1985), co-fondateur de la Mutuelle des cheminots de Lyon et sa région ; militant communiste.

Louis Sabadotto était le fils de Victor Sabadotto, terrassier, et d’Assunta Biancucci. En 1926, ses parents quittèrent clandestinement l’Italie pour la France après l’arrivée au pouvoir de Mussolini. Son père fut embauché dans une entreprise de construction de routes et la famille Sabadotto déménagea au rythme des chantiers. Ce fut ainsi qu’elle s’installa à Saint-Andéol-de-Clerguemort (Lozère) en 1932. L’année suivante, Victor Sabadotto se fixa comme fermier à Soulatgé, hameau de la commune de Saint-Privat-de-Vallongue (Lozère), après avoir acquis une petite exploitation agricole en montagne. En octobre 1939, il décéda laissant son épouse avec 5 enfants. Louis était le troisième de la fratrie.

Après avoir obtenu son Certificat d’études primaires, Louis Sabadotto travailla à la ferme familiale. En mars 1940, en pleine guerre, la famille déménagea dans la commune de Sainte-Cécile-d’Andorge (Gard). Son frère aîné œuvra au maquis de Champdaumergue (Lozère) pendant l’Occupation puis s’engagea dans l’armée pendant cinq ans.

En 1946, Louis Sabadotto habita aux Taillades, sur la commune de Branoux (Gard) où sa mère devint propriétaire d’un café restaurant. Toute l’année 1946, Louis Sabadotto fut garçon de café. Début 1947, il fut embauché dans l’entreprise de maçonnerie Volpeliere. Il participa à la construction des maisons de mineurs à L’Impostaîre des Salles-du-Gardon (Gard). En 1948, il travailla aux Houillères du Bassin des Cévennes, à la Mine Roux et ensuite au puits de Trescol.

Le 1er mai 1946, il adhèra au Parti communiste français et l’année suivante à la CGT. Rapidement, il devient secrétaire du syndicat des mineurs CGT de Trescol (Gard). Il participe activement à la grande grève des mineurs de 1948 et fut arrêté par les CRS puis incarcéré 12 jours à la prison Sainte-Anne d’Avignon (Vaucluse).
Le 6 septembre 1952, il épousa Aimée Coffie à Sainte-Cécile-d’Andorge (Gard), le couple eut quatre enfants, trois filles et un garçon.

Le 17 février 1957, il partit pour Lyon (Rhône) où il fut recruté à la SNCF comme homme d’équipe à la gare de Brotteaux-Part-Dieu. Fin 1957, il fut promu facteur aux écritures au triage de Chasse-sur-Rhône (Isère). Le 1er avril 1958, il fut promu facteur mixte à la gare de Vonnas (Ain), sur la ligne Mâcon—Bourg-en-Bresse. À ce poste, il remit sur pied le syndicat des cheminots CGT de Vonnas et, en 1959, ce dernier comptait déjà 60 adhérents. Il organisa la CGT dans plusieurs entreprises privées de la région de Vonnas (Ain). Le 1er janvier 1960, promu facteur enregistrant de 2e classe à la gare de Lyon-Saint-Paul, il participa à la décentralisation du gros syndicat de Lyon et fonda celui de Tassin-Saint-Paul (Rhône). Le 1er janvier 1965, il fut promu facteur enregistrant de 1ère classe à Lyon-Guillotière (Rhône), où il resta 20 ans et y finit sa carrière comme agent de maîtrise.

Dès son arrivée à Lyon-Guillotière, il accéda à la responsabilité de secrétaire général du syndicat CGT, avec 1300 syndiqués, tous services confondus. Militant emblématique, il fut l’un des principaux dirigeant et animateur de la grève de 1968 sur le site ferroviaire occupé par les cheminots. En 1979, il fut remplacé par Jean-Marie Étienne au poste de secrétaire général et dès lors, il assura la fonction de membre du secrétariat du Secteur fédéral CGT de la région de Lyon. Il y fut chargé, en particulier, de résoudre les cas les plus difficiles des cheminots mais aussi les nouveaux embauchages effectués sur la région. En 1973, il co-fonda la Mutuelle des cheminots de Lyon et sa région. De 1960 à 1985, il occupa les postes de délégué du personnel des agents Mouvement, représentant du personnel au Comité mixte de Lyon-Nord puis de Lyon-Guillotière, suivi des Comités mixtes de Chasse-sur-Rhône, Mâcon, Lyon-Nord et Lyon-Sud, représentant du personnel au Comité local des activités sociales puis du Comité régional des activités sociales, délégué au Comité du travail et délégué régional à la sécurité pour le personnel Maîtrise et Cadres. Spécialiste de la réglementation du travail à la SNCF, il fut un interlocuteur redouté de tous les chefs d’établissement de la région.

Le 1er mars 1985, il fit valoir ses droits à la retraite et s’installa à Alès (Gard) pour soigner au mieux son épouse, gravement malade. Pendant 18 ans, il resta au chevet de son épouse grabataire qu’il perdit le 18 septembre 2003. À partir du mois d’octobre 2003, il s’impliqua dans diverses organisations : la section CGT des retraités cheminots dont il devint le secrétaire général de 2006 à 2010, la section d’Alès (Gard) du Parti communiste français où il assura les responsabilités de secrétaire et de trésorier. En 2006, on lui confia la responsabilité du club des loisirs des cheminots retraités d’Alès.

Il fut également administrateur de la Mutuelle des cheminots du Languedoc-Roussillon, fonction qu’il assuma jusqu’en mars 2010. On lui dut, depuis 2005, une série de propositions au sein de la Mutuelle (suppression du droit d’entrée pour les futurs adhérents, aide à la mutualisation pour les veuves percevant une petite pension de réversion, remboursement du trop-perçu par la Mutcam à certains mutualistes cheminots retraités). En 2004, il adhéra à la section d’Alès de l’ANCAC (anciens combattants), en devint le trésorier en 2006, le vice-président en 2011 et le président à l’unanimité en 2013. Au XXXVIIe congrès de l’association, il devint membre suppléant du Conseil national, puis membre titulaire au XXXVIIIe congrès. Son souci principal fut de réaliser l’unité des organisations d’anciens combattants (l’ANCAC, l’ARAC, l’ANACR, la FNACA, les Guérilleros Espagnols), pour réunir les forces nécessaires à l’obtention de la réparation et pour pérenniser le devoir de mémoire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article251300, notice SABADOTTO Louis par Robert Goujon, version mise en ligne le 27 septembre 2022, dernière modification le 27 septembre 2022.

Par Robert Goujon

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3790 W 10, dossier 2206. — Robert Goujon, IHS des cheminots de Lyon, rédaction, regroupement des textes et des témoignages. — Éléments biographiques recueillis par Gilbert Isoardi, secrétaire de la section CGT des cheminots retraités d’Alès et Cévennes. —Témoignage de Norbert Magny, section des retraités CGT de Lyon-Guillotière. — Témoignage d’Henri Lozano, ancien responsable du syndicat de Lyon Guillotière et la section technique Exploitation. — Notes de Louis Botella.

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