Par Julien Chuzeville
Née le 25 janvier 1884 à Craonne (Aisne), morte le 23 juin 1961 à Méry-sur-Oise (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; militante féministe et pacifiste à Paris.
Octavie, Adèle, Constantine Evrard était la fille de Julie Cornat, manouvrière, et de Elisée-Julien Evrard, ouvrier de fabrique. Octavie Evrard se maria avec Paul Hasse le 11 novembre 1902 à Paris (Xe arr.) ; il était menuisier, elle était indiquée « sans profession ». Octavie Hasse milita sous le pseudonyme de Jane Valbot.
En août 1927, Jane Valbot prit la parole lors du congrès de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) : elle fut présentée par L’Humanité comme « la camarade Jane Valbot, de la Ligue internationale des Femmes ».
En mai 1928, elle écrivit en faveur du droit de vote des femmes dans Les Forces nouvelles, mensuel du Comité de propagande féministe.
En 1929, Jeanne Valbot (l’orthographe du prénom change selon les sources) était la secrétaire-trésorière du Comité de lutte contre les préparatifs de guerre. Le siège du Comité était le 12, rue Guy-de-La-Brosse (Paris, Ve arr.), qui était peut-être son domicile.
Jane Valbot se fit connaître par un coup d’éclat le 14 janvier 1932 : afin de protester contre l’attitude du Sénat, qui empêchait le vote des femmes adopté par la Chambre des députés de se concrétiser, elle interrompit une séance du Sénat depuis les tribunes. Elle prit la parole en faveur du vote des femmes, puis reçut des applaudissements. Elle lança des tracts dans la salle, où était écrit : « Pour supprimer les guerres, la femme doit voter », et « Pour obtenir l’égalité des salaires, la femme doit voter ». À un sénateur qui disait : « À la tribune ! », elle répondit : « Je veux bien ! ». Mais elle fut conduite à la questure par un policier.
Elle revint cependant le 4 février 1932 au Sénat, cette fois en s’enchaînant à un siège. Elle interrompit la séance en criant : « Les femmes veulent et doivent voter ! ». Trois policiers essayèrent de l’expulser, mais ils durent pour cela casser son siège. J. Valbot avait auparavant adressé une lettre au président du Sénat, dans laquelle elle citait en exemple « les suffragettes anglaises malmenées d’abord, respectées et honorées ensuite ». Elle fut surnommée « la femme enchaînée » par la presse. Dans La Volonté, Bernard Lecache écrivit : « On admirera son cran, sa foi, son humour. [...] Mme Jane Valbot, qui défend un principe légitime, a droit à nos hommages ».
En avril 1932, Jeanne Valbot participait à un cours d’oratrices féministes, qui se tenait au Musée social à Paris. En juin 1932, elle fut l’oratrice d’une réunion publique de l’Union française pour le suffrage des femmes à Chelles (Seine-et-Marne). En mai 1935, elle participa à une manifestation féministe à Paris à l’occasion des élections municipales. En avril 1936, elle donna une interview à la revue Les Femmes dans l’action mondiale, publiée par le Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme.
À la fin des années 1930, elle était, sous le nom d’Octavie Hasse, archiviste de la Société des amis de la bibliothèque Marie-Louise Bouglé. Ce fonds, aujourd’hui conservé par la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, contient toujours un « morceau de la chaîne utilisée par Jeanne Valbot » en février 1932.
En 1936, elle habitait à Pantin, au 39 de l’avenue Édouard-Vaillant, avec son mari.
Le 30 août 1944, elle écrivit au préfet de la Seine, en signant Jane Valbot, pour prendre la défense des « femmes tondues », en demandant qu’elles soient jugées mais « qu’on ne les donne pas en pâture à une foule énervée ». Elle demandait « que les merveilleux soldats de la résistance ne soient plus mêlés à de tels actes de cruauté ». Elle vivait toujours à Pantin.
Par Julien Chuzeville
SOURCES : Arch. PPo., 1W847 (dossier n° 36972). — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, recensement de Pantin en 1936. — Christine Bard, Les Filles de Marianne, histoire des féminismes 1914-1940, Fayard, 1995. — L’Humanité, 16 août 1927. — Bulletin de la section départementale de la Seine du SNI (Syndicat national des institutrices et instituteurs publics), n° 4, janvier 1929. — L’Œuvre, 15 janvier et 5 février 1932. — Excelsior, 5 février 1932. — La Volonté, 6 février 1932. — Le Midi socialiste, 13 février 1932. — Les Cahiers féministes (d’Andrée Forny), n° 1, avril 1932, p. 30. — Journal de Seine-et-Marne, 11 juin 1932. — La Dépêche, 6 mai 1935. — État civil de l’Aisne et de Paris.