ANDRÉ Marius

Né le 23 décembre 1808 à La Bastide (Var), mort le 6 octobre 1875 à Bourgoin (Isère). Contremaître mécanicien à l’Arsenal de Toulon, représentant du peuple à l’Assemblée constituante de 1848.

De famille très modeste, André fut successivement mousse, apprenti menuisier, puis employé à l’Arsenal de Toulon où il devint contremaître mécanicien, à l’atelier des chaudières. Intelligent et travailleur — ne donnait-il pas des cours de technologie ? — il avait une réelle influence dans les milieux populaires de la ville. Le 23 avril 1848, il fut élu représentant du peuple à l’Assemblée constituante, sur une liste républicaine, le troisième sur neuf, par 35 605 suffrages (inscrits : 96 216, votants : 87 328).
Il était alors parfaitement inconnu des milieux politiques de la capitale. Tous les recueils qui parurent pour donner la biographie des élus l’appellent Marius, André étant indiqué comme son prénom.
Devenu député, André vota toujours avec la majorité qui suivit Cavaignac : le 28 juillet 1848, pour le décret restreignant l’activité des clubs, le 9 août contre le rétablissement du cautionnement, le 26 août pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière, le 18 septembre contre l’abolition de la peine de mort, le 25 septembre pour l’impôt proportionnel contre l’impôt progressif, le 25 novembre pour l’ordre du jour « Le général Cavaignac a bien mérité de la patrie » ; le 21 mars 1849 il se prononça contre l’interdiction des clubs.
Le seul discours digne d’être retenu qu’il prononça durant son mandat fut celui du 2 novembre 1848. Ce jour-là, il monta à la tribune pour combattre le droit au travail que proposait Félix Pyat*, par voie d’amendement au chapitre VIII du préambule de la Constitution. « Eh ! ce n’est pas un patron qui vous parle, c’est un ouvrier qui a passé sa vie à travailler (très bien ! à droite), et qui veut vous assurer que le travail manque rarement à ceux qui le cherchent sérieusement (nouvelles marques d’approbation). Quand cela arrive, c’est un devoir pour l’État d’intervenir et son intérêt doit être garant qu’il n’y manquera point. Je voterai donc pour qu’on ne puisse pas exiger de la République le travail comme un droit (mouvement prolongé et très vif d’approbation à droite). »
Ses électeurs ouvriers goûtèrent peu cette argumentation et, en avril 1849, ils firent, dans les rues de Toulon, une conduite de Grenoble à leur député. Ses insulteurs furent, en juin 1849, condamnés à des peines d’amende et de prison. Cependant André ne se ralliait pas au prince-président et tentait de se rapprocher de la gauche. Mais n’ayant pas été réélu à la Législative, il abandonna la vie politique, quitta Toulon et devint employé des chemins de fer.
Il avait été nommé, le 19 avril 1848, membre de la Commission municipale de Toulon, plus modérée que la Commission installée en mars par Émile Ollivier*, et dont il sera néanmoins éliminé par le régime Cavaignac en juillet. Voir Arambide*, Espitalier*, Gondran* et Abbat*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article25151, notice ANDRÉ Marius , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 27 avril 2021.

SOURCES : Arch. Nat., BB 30/358. — La Sentinelle (pour le caractère modéré de sa candidature). — Prosper Rossi, Mes souvenirs, 1848, Toulon, 1888. — G. Vapereau, Dictionnaire des contemporains, Paris, 1858. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, Paris, 1891. — Balteau, Barroux, Prévost..., Dictionnaire de Biographie française, Paris, 1933 sq.

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