HEINEN Jean-Marie, dit Jean. [Belgique]

Par Marie-Thérèse Coenen

Verviers (pr. Liège, arr. Verviers), 9 janvier 1927 – Bruxelles (Région de Bruxelles-Capitale), 9 mai 2010. Journaliste et directeur de la presse démocrate-chrétienne.

Jean Heinen, s.d. (Photographie Françoise Robert).
Jean Heinen, s.d. (Photographie Françoise Robert).

Jean Heinen est originaire de Verviers, il habite successivement rue de Mangombroux à Verviers, rue Buttgenbach à Ensival et rue Libon à Verviers de 1934 à 1952. Son père, Jean Heinen, né en 1893, est ouvrier contremaître dans l’entreprise lainière Bastin, et, pendant la Première Guerre mondiale, à La Lainière de Sclessin à Verviers. Sa mère, Catherine Janclaes, née en 1898, a tenu un temps une épicerie. Outre Jean, le couple a un autre fils, Joseph, dit Jo, né en juin 1928, négociant en outillage avant de devenir imprésario du chanteur John William.
En 1930, Jean Heinen est inscrit à l’École gardienne des Filles de la Sagesse à Ensival. Il poursuit ses classes primaires à l’École communale des Boulevards à Verviers de 1933 à 1939. Il effectue ses études secondaires à l’Athénée royal de Verviers de 1939 à 1941. La seconde Guerre mondiale complique ce parcours. De 1941 à 1942, il est inscrit à l’École normale de Verviers, puis de 1943 à 1946 au Petit Séminaire de Saint-Trond (Sint-Truiden, pr. Limbourg, arr. Hasselt). Après quoi, il entame un parcours universitaire avec une candidature en philosophie et lettres à l’Université de Liège de 1946 à 1948, études supérieures qu’il poursuit à l’École supérieure de journalisme aux Facultés catholiques de Lille (département du Nord, France) d’où il est diplômé en 1950. De 1950 à 1951, il fait son service militaire au 3ème régime des lanciers, à Bourg-Léopold (Leopoldsburg, pr. Limbourg, arr. Hasselt).

À la Libération, Jean Heinen diffuse, avec des amis, Témoignage chrétien (TC), un hebdomadaire français issu de la Résistance française, sur les parvis des églises et participe au groupe TC de Verviers. À Liège, jeune étudiant, il fait partie d’une équipe de réflexion animée par le sociologue Paul Minon. En 1947, Il fait la connaissance de Jules Gérard qui prépare, avec des amis, l’édition belge de Témoignage chrétien qui sort le 17 décembre 1948. En 1956, ce dernier le sollicite pour tenir la chronique de la vie parlementaire, dans Les Fiches documentaires, repris par Témoignage chrétien au décès de son fondateur, l’abbé Kothen, ce qui constitue sans doute les prémices de ses relations futures avec le journal parisien La Croix.

Après un bref passage au quotidien Le Courrier à Verviers, Jean Heinen entre comme journaliste à La Cité, le journal démocrate-chrétien, le 1er mai 1955. Il est attaché au service politique où il relaie Jules Gérard parti vers d’autres horizons, fonction qu’il partage avec Joseph Verhoeven. Rédacteur en chef du quotidien en 1957 succédant à son ami Max Bastin, il est nommé, le 15 juillet 1966, directeur du quotidien avec la responsabilité de la politique, de la rédaction en même temps que de la représentation extérieure du journal, notamment au sein des organisations professionnelles. Son collègue, André Lepers est chargé de la gestion administrative à la Sobespe, société d’édition, et à l’ASBL La Cité. Heinen occupe cette double fonction jusqu’au 31 août 1987. Le 31 décembre 1987, le quotidien cesse de paraître mais Jean Heinen est sollicité pour accompagner pendant quelques mois la mise en route du nouvel hebdomadaire La Cité, dont le premier numéro sort le 22 janvier 1988.

L’engagement de Jean Heinen suit l’histoire du quotidien, histoire dont il a coordonné la recherche entre 2005 et 2010. Pour fêter les 25 ans du journal, l’équipe de La Cité organise les 27 et 28 septembre 1975 à Charleroi un grand rassemblement où se retrouvent plus de 30 000 personnes, amis de La Cité et du mouvement ouvrier chrétien. C’est l’occasion de mettre en avant la difficile survie d’une presse engagée. À cette occasion, Jean Heinen est promu chevalier dans l’Ordre de Léopold. Pour les 30 ans du quotidien, l’équipe de La Cité organise à Liège, dans le Hall des foires de Coronmeuse, une grande fête, calquée sur le modèle des fêtes de L’Humanité, rassemblant les militants et militantes de toutes les organisations du mouvement ouvrier chrétien, dans un esprit d’engagement et d’ouverture. Elle est précédée d’une manifestation de 5 000 personnes qui défilent dans les rues de Liège pour revendiquer un statut pour les travailleurs étrangers avec, entre autres, le droit de vote communal, et dénoncer les actes racistes et xénophobes de nouveau présents dans la société.

Le journal La Cité est affiliée à l’Union des journaux catholiques de Belgique (UJCB). À ce titre, Jean Heinen est membre du conseil d’administration, il en est élu président à l’assemblée générale du 7 février 1985 pour un mandat de deux ans. Il démissionne le 29 décembre 1987 mais reste membre honoraire. Il est également mandaté à l’assemblée générale et au conseil d’administration du Centre d’information de presse (CIP), une agence de presse qui fournit, dans le domaine religieux, une information quotidienne à la presse écrite, à la Radio-télévision belge francophone (RTBF) et aux agences de presse étrangère. Le 19 février 1969, il est élu président de ce centre, en remplacement d’Alfred Somville, décédé. Il reste membre de l’assemblée générale jusqu’à la liquidation de l’asbl en décembre 2002.

En 1989, Jean Heinen s’engage dans une nouvelle aventure éditoriale avec la collection Pol-His, (Politique & Histoire), avec Jules Gérard-Libois, Hubert Dewez* et d’autres amis. Il en assure le secrétariat et la direction jusqu’en 1996. Cette collection met en avant les moments clés de la société belge de l’après-guerre et se veut, tant par le format que par le prix, être un moyen privilégié d’information pour celles et ceux qui souhaitent comprendre la complexité du système et des enjeux en Belgique.
Jean Heinen assure le secrétariat de Jules Gérard pour la recherche menée à l’occasion de sa présidence du collège des experts dans le cadre de la Commission parlementaire d’enquête sur la mort de Fabrice Lumumba en 2000-2001 ; il en rédigera une chronologie précise des faits et évènements.

Jean Heinen est marié depuis le 13 septembre 1952 à Marie-Thérèse Collard, décédée le 13 novembre 1997. Le couple a trois enfants, Bernadette, Jean-François et Marc.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article251599, notice HEINEN Jean-Marie, dit Jean. [Belgique] par Marie-Thérèse Coenen, version mise en ligne le 11 octobre 2022, dernière modification le 22 mars 2024.

Par Marie-Thérèse Coenen

Jean Heinen, s.d. (Photographie Françoise Robert).
Jean Heinen, s.d. (Photographie Françoise Robert).

ŒUVRE : Avec GÉRARD-LIBOIS J., Belgique-Congo 1960. Le 30 juin pourquoi, Lumumba Comment, le portefeuille pour qui, Bruxelles, CRISP, 1989 (Pol-His, 2) – Avec COENEN M.-T., DUMONT J.-F., ROUSSEL L., WYNANTS P., La Cité. 45 années de combat quotidien, Bruxelles, CARHOP-CRISP, 2002 – Les six derniers mois de Patrice Lumumba (24 juin 1960-17 janvier 1961), Bruxelles, 20 octobre 2003 (inédit) – « Jules Gérard », dans MABILLE X. (dir.), Le CRISP, 50 ans d’histoire, Bruxelles, CRISP, 2009, p. 55-57.

SOURCES : Braine-Le Comte, CARHOP, fonds La Cité, divers dossiers ; fonds des anciens de la JOC et JOCF, notices biographiques – Entretien avec la famille Heinen.

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