Par Eric Panthou
Né le 11 octobre 1954 à Paris (XIVe arr.) ; journaliste ; directeur de production dans la presse ; secrétaire national de l’AJS en 1977 ; secrétaire général de l’UNEF-Unité syndicale en 1975 ; membre du Comité central de l’OCI ; éloigné du milieu lambertiste vers 1986.
Fils de Charles Wander, fonctionnaire au ministère des affaires culturelles, militant CFTC puis CFDT qui joua un rôle dans les accords de Grenelle dans le domaine de la Culture, Jean-Louis Wander était devenu adhérent de l’Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS) dès ses quinze ans au collège de Belleville à Paris , XIe arr. Il devint ensuite militant au lycée Jacques-Decour à Paris dont il fut exclu en janvier 1973 pour s’être opposé au proviseur. Celui-ci venait de lacérer une affiche collée par Jean-Louis Wander, demandant justice pour son camarade de l’AJS, l’ouvrier Jean-Pierre Speller, éborgné par un commando fasciste. Son renvoi décidé par le Rectorat de Paris fut surtout dû au fait que Jean-Louis Wander, alors élève de Terminale, s’était affronté verbalement et physiquement avec l’intendant, Cathou, présenté comme sympathisant du Service d’action civique (SAC), service d’ordre du parti gaulliste. Parallèlement, son père porta plainte contre Cathou qui était la personne ayant agressé son fils et qui le désigna ensuite à deux lycéens d’extrême droite qui vinrent menacer de mort jean-Louis Wander s’il collait de nouveau une affiche. Suite à cette sanction, le secteur lycéen de l’AJS, l’Union des cercles lycéens (UCL), animé par Benjamin Stora, alors étudiant, engagea une importante campagne de protestations avec grèves et manifestations qui contribuèrent à renforcer sensiblement l’implantation de l’AJS dans le réseau lycéen. Des militants lycéens de la LCR ainsi que des militants de l’UNCAL, proche du PCF, participèrent également à cette campagne qui déboucha notamment sur l’envahissement de la Sorbonne.
Sous le pseudonyme de Craven, Jean-Louis Wander avait alors un look blouson de cuir et il était réputé pour son humour et son charisme dans les milieux lycéens. Il termina ses études au lycée Balzac. Il fut en mars 1973 membre du Comité central de grève pour le retrait de la loi Debré.
Il a ensuite été secrétaire général de l’UNEF-Unité syndicale, en 1975, aux côtés de Denis Sieffert, le nouveau président du syndicat. Il fut également rédacteur en chef du journal de l’UNEF, L’Étudiant de France, secrétaire national de l’AJS en 1977, succédant à Gérard Bauvert, et élu au Comité central de l’Organisation communiste internationaliste (OCI) en 1979. C’est lui qui en 1977 devient le dirigeant de l’Organisation de la Jeunesse Révolution (OJR), qui remplace l’AJS. Il ne participera pas à la « réunification » de l’UNEF en 1980, ayant fait d’autres choix (profession et études) dès 1979. Il a été dit exclu des organisations lambertistes fin 1986 après le départ de plusieurs centaines de jeunes militants au Parti socialiste sous la conduite de Jean-Christophe Cambadélis. En fait, selon son témoignage, il était parti à titre personnel sans suivre Cambadélis, car en désaccord avec la forme que prenait l’entrée au Parti socialiste.
Il fut journaliste, fit des études à Sciences-Po Paris, puis poursuivit sa carrière dans l’édition, devenant directeur de production chez Lagardère-Active.
Sociologue, il resta très lié avec Benjamin Stora avec qui il travailla.
Par Eric Panthou
SOURCES : Benjamin Stora, La dernière génération d’octobre, Paris, Stock, 2003, 274 p. — "Le père d’un élève exclu porte plainte contre l’intendant du lycée Jacques - Decour", Le Monde, 12 janvier 1973. — Lectures : trois livres pour un enterrement. — "Jacques Decour, Cathou, Kapereit ne nous ferons pas taire", Jeune Révolutionnaire, n°33, 16 novembre 1972. — Nicolas Carboni, L’agitation étudiante et lycéenne de l’après-Mai 1968 à 1986. Du cadre national a l’exemple clermontois, Thèse Histoire, Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand), 2012. — Échange téléphonique avec Jean-Louis Wander, novembre 2022.