MAUGIN Joseph, Robert, Marie

Par Louis Allard

Né le 5 septembre 1943 à Tigné (Maine-et-Loire), mort le 24 janvier 2022 à Angers (Maine-et-Loire) ; instituteur dans l’enseignement privé puis employé de banque ; militant CFDT et élu du personnel à la Banque Populaire Anjou-Vendée, secrétaire du syndicat CFDT des Banques de Maine-et-Loire de 1974 à 1978, membre du bureau et trésorier de la Fédération CFDT des Banques et Etablissements financiers de 1978 à 1982 ; président de la CPAM de Maine-et-Loire de 1996 à 2009.

Joseph Maugin en 1994
Joseph Maugin en 1994

Son père, Robert Maugin, était agriculteur à Tigné, près de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire). Sa mère, Marie-Thérèse Maudet, était mère au foyer tout en aidant son mari aux travaux fermiers. Ses parents étaient croyants pratiquants, impliqués dans la vie de la paroisse. Sa mère jouait de l’harmonium à l’église. En 1945, ils allèrent habiter à Cernusson (Maine-et-Loire), commune voisine. Ils y furent largement impliqués dans la vie associative du village, attentifs à leur environnement. Sa mère participa longtemps à une commission du Centre communal d’action sociale de Cernusson. Joseph Maugin eut six sœurs. Sixième enfant et premier garçon de la famille, il eut un frère puiné qui décéda à l’âge de neuf mois.

N’ayant pas fréquenté l’école maternelle, Joseph Maugin commença sa scolarité à l’école primaire Saint-Joseph de Tigné en 1949. Deux fois par jour, il faisait à pied avec ses sœurs les quatre kilomètres séparant des deux villages. En 1954, il entra en sixième au collège Saint-Joseph de Segré (Maine-et-Loire) situé à 80 kilomètres de chez lui. Puis, il poursuivit sa scolarité au lycée Notre-Dame d’Orveau à Nyoiseau (Maine-et-Loire). Durant toute cette période, il fut interne. Le retour à la maison ne se faisait qu’à Noël, à Pâques et pour les vacances d’été.

Les premières années scolaires de Joseph Maugin furent perturbées par la maladie, notamment par une primo-infection tuberculeuse ce qui lui valut un séjour dans une sorte de sanatorium. A son retour au collège, il fut aidé par le directeur de l’établissement, Roger Marais, lui-même militant CFTC puis CFDT, qui lui a permis de rattraper ses cours en retard. Ce professeur lui a ouvert l’esprit aux problèmes sociaux et à l’intérêt du syndicalisme. Joseph Maugin a par la suite poursuivi une scolarité normale et a obtenu son baccalauréat Mathématiques en 1961. Etant issu du monde rural, il participa un peu aux activités de la Jeunesse agricole chrétienne.

Du 1er septembre 1961 au 31 août 1962, Joseph Maugin fut enseignant à l’école primaire de Nueil-sur-Layon (Maine-et-Loire). Il fit son service militaire au 5ème régiment du Génie à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines) du 5 septembre 1962 au 31 décembre 1963. Du 1er janvier 1964 au 31 août de la même année, il fut enseignant remplaçant à l’école primaire de Tiercé (Maine-et-Loire) et à celle du Breloquet à Cholet (Maine-et-Loire). De septembre 1964 au 31 août 1967, il fut Volontaire du Progrès au collège Joseph Moussaka à Koudougou (Haute-Volta, Burkina-Faso) puis de septembre 1967 à juin 1968 au lycée Prosper Kamara à Bamako (Mali). Dans les deux cas, il touchait un salaire africain et vivait dans l’établissement. Il rentra en France à l’été 1968 et travailla alors comme VRP à la compagnie Singer à Angers du 1er septembre 1968 au 28 février 1970.

Le 2 mars 1970, Joseph Maugin entra comme employé à la Banque Populaire Anjou-Vendée (BPAV) à Angers. Il adhéra aussitôt à la CFDT. En mars 1971, il devint délégué du personnel puis, en mars 1972, il fut élu au comité d’entreprise où la CFDT, qui n’y siégeait pas auparavant, fit son entrée en force. En décembre 1972, il fut élu président de la commission des œuvres du comité interentreprises (CIE) du groupe des Banques Populaires. En mars 1973, il fut mandaté par la CFDT des Banques Populaires pour la représenter au sein du conseil d’administration des Caisses autonomes de retraite et de prévoyance du groupe des Banques Populaires.

Secrétaire du syndicat des Banques de Maine-et-Loire de 1974 à 1978, Joseph Maugin anima la grande grève dans les banques en mars-avril 1974. Elle se termina par un succès avec des avancées en termes de salaires, d’effectifs et de congés payés. De mai 1974 à avril 1978, il fut élu secrétaire du comité d’entreprise de la BPAV d’Angers. De mai 1975 à novembre 1976, il siégea au comité inter-entreprise du groupe des Banques Populaires. De 1978 à 1983, il devint délégué syndical national CFDT et fut permanent syndical, détaché à temps plein. À ce titre, il siégea au conseil et au bureau de la Fédération CFDT des Banques et Établissements Financiers, dont il fut le trésorier. Il participa à plusieurs congrès fédéraux, notamment ceux de Guidel en 1978, de Tourcoing en 1981, de Valence en 1984, de Roanne en 1995.

De 1983 à 1996, Joseph Maugin reprit ses activités professionnelles à la BPAV tout en restant élu au CE, délégué syndical CFDT puis représentant syndical CFDT au CE. De 1984 à 1996, il a présidé l’association Inter-CE DACC (Développement des activités culturelles des Comités d’entreprise et similaires), créée par l’Union départementale CFDT de Maine-et-Loire afin d’offrir aux salariés, avec ou sans comité d’entreprise, des services et des activités culturelles ou de loisirs de qualité, à des coûts accessibles.

Joseph Maugin siégea également au conseil de l’Union départementale CFDT de Maine-et-Loire de 1985 à 1994 et à la Commission exécutive de 1988 à 1994. Il fut toujours intéressé par les questions touchant à la protection sociale. Il représenta ainsi la CFDT à la CPAM de Maine-et-Loire du 10 avril 1991 au 31 décembre 2009. Il fut élu président du Conseil d’administration de la CPAM de 1996 à 2001, puis réélu de 2001 à 2004 ainsi que de 2005 à 2009. Il fut désigné par le CA de la CPAM au conseil de l’IRSA (Institut interrégional pour la santé) organisme chargé par la CNAM de mettre en œuvre les examens périodiques de santé. Il fut élu président de l’IRSA en 1996 puis réélu après chaque renouvellement des conseils de CPAM de 2001 à 2009. De 2002 à 2009, Joseph Maugin fut désigné par le conseil de la CPAM au sein de l’association CAP-SANTE 49 qu’il contribua à créer. Cette association intervint avec d’autres partenaires dans la prévention des cancers, notamment le cancer du sein et le cancer colorectal.

Joseph Maugin fut à l’initiative de la modification des retraites dans le secteur bancaire. Dans un premier temps, il convainquit ses camarades des Banques Populaires de rejoindre l’ARRCO (Association des régimes de retraite complémentaire des salariés), considérant que les droits à la retraite par répartition seraient mieux garantis par une solidarité interprofessionnelle que professionnelle. En 1992, un accord fut signé à l’unanimité dans les Banques Populaires pour que celles-ci adhèrent à l’ARRCO et à l’AGIRC (Association de gestion interprofessionnelle des retraites des cadres), ce qui fut effectif au 1er janvier 1993. Cette décision était le résultat d’une lutte de dix ans pour convaincre les employeurs et les autres organisations syndicales. Il fut élu vice-président de la Caisse de retraite des Banques Populaires (CAR-BP).

En 1993, les banques affiliées à l’AFB (Association française des banques) décidèrent à leur tour d’adhérer à l’ARRCO et à l’AGIRC à compter du 1er janvier 1994. Ainsi le système bancaire tout entier adhéra à la solidarité interprofessionnelle pour la gestion des retraites. Joseph Maugin devint ainsi un expert du fonctionnement des retraites. À ce titre, il fut souvent sollicité pour présenter l’historique et le fonctionnement des régimes de retraite en France. Il fut aussi un artisan du rapprochement de l’AGIRC et de l’ARRCO, enclenché au milieu des années 1990. Il fut ainsi le premier président du GIE ARRCO-AGIRC en 2001 et en assuma la présidence jusqu’en 2009, en alternance avec un représentant des employeurs. Ce furent les prémices de ce qui devint vingt ans plus tard la fédération AGIRC-ARRCO. Sur la même période, il présida la commission sociale de l’ARRCO. Il fut à l’origine, avec son collègue CFDT de l’AGIRC, Paul Cadot, de la rationalisation des interventions de l’action sociale, basées sur un socle de réalisation commune. Tout cela dans le cadre d’un mandat de la Confédération CFDT. Il cessa tous ses mandats pour prendre sa retraite le 1er janvier 2009.

Joseph Maugin adhéra puis milita au Parti socialiste de 1970 à 2018. Il fut particulièrement actif dans la campagne pour l’élection de Jean Monnier à la mairie d’Angers en 1977. Il participa comme parent d’élève au conseil d’administration de l’institut spécialisé où était scolarisé son fils aîné handicapé.

Joseph Maugin s’était marié en 1964 avec Marie Francheteau dont il divorça en 2000. Le couple eut quatre enfants : Vianney né en 1965, Myriam en 1968, Geoffroy en 1970 auxquels s’ajouta Yohanna née à Pondichéry en 1980 et adoptée en 1981. En 2001, il se pacsa avec Marie-Agnès Erdozain, née le 4 mars 1949, secrétaire, également militante CFDT.

Atteint de la maladie d’Alzheimer, Joseph Maugin décéda en janvier 2022. Ses obsèques eurent lieu le 27 janvier en l’église de Saint-Barthélémy d’Anjou, en présence de sa famille et de ses nombreux amis, venus rendre hommage à ce militant passionné et dévoué aux autres. Il repose aux côtés de son fils Vianney, décédé en 1990.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article252030, notice MAUGIN Joseph, Robert, Marie par Louis Allard, version mise en ligne le 5 novembre 2022, dernière modification le 2 décembre 2022.

Par Louis Allard

Joseph Maugin en 1994
Joseph Maugin en 1994

SOURCES : Arch. CFDT de Maine-et-Loire. — Entretiens avec Marie-Agnès Erdozain, compagne de Joseph Maugin, juillet et aout 2022.

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