Par Francis Drugman
Warquignies (aujourd’hui commune de Colfontaine, pr. Hainaut, arr. Mons), 9 mars 1890 – Warquignies, 2 janvier 1968. Ouvrier puis employé et directeur de la coopérative locale, militant socialiste, dirigeant syndicaliste et mutualiste, conseiller communal et bourgmestre de Warquignies.
Né ruelle Baleau à Warquignies en mars 1890, Remy Richard est le fils reconnu et légitimé par le mariage de Remy Joseph Richard, houilleur, né le 10 février 1865 à Dour (pr. Hainaut, arr. Mons), et de Maria Defrise, houilleuse, née le 1er mai 1865 à Dour, contacté le 20 juin 1891 à Warquignies. Fils de mineur, il fréquente l’école primaire à Dour durant quelques années avant de descendre en 1908 dans la mine à Hornu (aujourd’hui commune de Boussu, pr. Hainaut, arr. Mons), au puits n° 1 de l’Escouffiaux relevant de la Compagnie des charbonnages belges (siège social à Frameries). Il effectue son service militaire lors de la levée de 1910 pour la commune de Dour (4e canton de milice) : il est incorporé comme milicien dans le deuxième régiment de ligne à Gand (Gent, pr. Flandre orientale, arr. Gand). Le 4 juillet 1913, il est en congé illimité en vertu de l’article 85 de la loi sur la milice. Peu après, le 13 septembre 1913, il épouse à Wasmes (aujourd’hui commune de Colfontaine) Marie Rose Dupont, ménagère, née à Wasmes le 1er avril 1892 et y domiciliée. Au moment de son mariage, il est domicilié chez ses parents, rue Coron du Bois, numéro 57 à Dour. Le couple aura deux enfants : Remi, né à Wasmes le 27 juin 1913, légitimé par le mariage de ses parents, et Marie Rose, née à Warquignies le 18 septembre 1919.
Remy Richard s’engage très jeune dans le mouvement ouvrier socialiste. Militant du Parti ouvrier belge (POB), il est le délégué (sectionnaire) de la section du Syndicat des ouvriers mineurs de Warquignies à la Centrale régionale des mineurs du Borinage dont le siège et le secrétariat (ce compris pour le POB) sont situés à la Maison du peuple d’Hornu. En 1938, il devient membre du Conseil d’administration de la Fédération socialiste boraine de la mutualité. Richard se présente pour la première fois aux élections communales du 10 octobre 1926, il a trente-six ans et a reçu une instruction primaire complétée d’un diplôme d’exploitation acquis à l’École industrielle de Dour. Il est deuxième sur la liste du POB qui remporte le scrutin avec 417 voix et six élus contre 286 voix pour la liste catholique et trois élus. Remy Richard obtient le plus grand nombre de voix de préférence avec 76 votes nominatifs. Le POB dispose de la majorité au conseil communal, Richard est nommé bourgmestre par arrêté royal du 11 février 1927 (publication dans Le Moniteur belge du 20 février 1927. Mais coup de théâtre, deux ans plus tard, il souhaite démissionner de cette fonction politique et adresse à cet effet une lettre au roi Albert le 1er octobre 1929 (entrée au cabinet du Roi le 2 octobre 1929). Il justifie sa demande en mettant en avant l’accroissement des travaux journaliers et son état de santé. Le motif est en vérité tout autre : un différend l’oppose à l’instituteur en chef, Jules Baland, nommé à ce poste le 4 janvier 1911. Finalement, par requête en date du 12 mars 1931, Remy Richard présente sa démission au Roi, prétextant un état de santé incompatible avec sa fonction de bourgmestre, il ne peut plus assurer ses diverses tâches. Le gouverneur de la province de Hainaut y est favorable, la démission de Richard est acceptée par arrêté royal du 25 avril 1931. Il reste néanmoins conseiller communal. C’est Eugène Wattiez, premier échevin, directeur de la coopérative socialiste locale, qui le remplace à la tête de la commune (arrêté royal du 26 mai 1931).
Les élections communales de 1932 voient Remy Richard se représenter à la troisième place sur la liste du POB. Il est étiqueté « débiteur de pains » (sic) à la coopérative locale. Il a en effet quitté son travail d’ouvrier mineur pour entrer à la Société coopérative du bassin du Borinage (pr. Hainaut), l’Union des coopérateurs borains, dirigée par Léon Neusy*, dont le siège social se trouve à Pâturages (aujourd’hui commune de Colfontaine). Le 9 octobre 1932, le POB conserve six élus avec 376 voix contre 197 voix et deux élus pour la liste « Intérêts communaux », et 113 voix et un élu pour la liste sans couleur politique. Remy Richard ne dispose plus que de 39 voix de préférence ce qui le place en quatrième position sur les neuf élus. Il est néanmoins nommé bourgmestre de Warquignies par arrêté royal du 8 mars 1933 (publication dans Le Moniteur belge du 11 mars 1933). Un scénario quasi identique se reproduit à la suite du scrutin du 16 octobre 1938 : les socialistes restent au pouvoir avec six élus grâce à l’obtention de 408 voix contre 234 votes et trois élus pour la liste « Intérêts communaux ». Remy Richard reste bourgmestre par arrêté royal du 3 février 1939 (publication dans Le Moniteur belge du 5 février 1939).
Dans le même temps, Remy Richard poursuit son ascension au sein du mouvement coopératif. En 1937, il est nommé directeur gérant de la coopérative locale de Warquignies, dépendant de l’Union des coopérateurs borains.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Remy Richard reste bourgmestre de Warquignies. C’est un patriote qui participe à la Résistance. De 1941 à avril 1942, son action consiste à distribuer la presse clandestine : L’Espoir, journal bruxellois, et Le Peuple, aux différentes sections de résistants borains. En avril 1942, il suspend cette activité en raison des soupçons de l’occupant allemand à son égard, et continue à assurer sa fonction de bourgmestre durant toute la guerre.
Lors des premières élections communales d’après-guerre, le 24 novembre 1946, la liste du Parti socialiste belge (nom changé à la suite à la refonte du POB après la Libération), garde la majorité au conseil communal de Warquignies avec 360 voix et six élus contre 235 voix et trois élus pour la liste communiste. Remy Richard est à la cinquième place sur la liste socialiste, il récolte 36 voix de préférence. Il ne brigue pas ou plus le mandat de bourgmestre mais est conseiller communal. Mais cette mandature s’avère difficile pour le bourgmestre nouvellement nommé, Gilbert Allard qui est touché par une affaire de faux et de concussion. Richard est appelé à suppléer le bourgmestre démissionnaire puis termine la mandature comme bourgmestre faisant fonction. Le scrutin communal du 12 octobre 1952 met en présence (toujours) deux listes, celle du PSB et la liste « Intérêts communaux ». Les socialistes restent au pouvoir avec 364 voix et six élus, l’autre liste n’obtenant que 199 voix et trois élus. Remy Richard, présent au sixième rang de la liste du PSB, est élu avec 31 voix de préférence, et devient ainsi le plus ancien conseiller communal de Warquignies. Il ne briguera plus le mandat de bourgmestre. Il est réélu le 12 octobre 1958 avec dix voix de préférence. Il siège au sein d’un conseil communal toujours majoritairement socialiste avec six élus (et 347 voix) contre trois (177 voix) pour la liste « Intérêts communaux). Il est à nouveau sollicité lors des élections du 11 octobre 1964 (à la sixième place) Cette fois, ce sont sept conseillers communaux qu’il faut élire et non plus neuf, en raison de la diminution du taux de population dans la commune. Le PSB conforte sa majorité avec six élus (365 voix) contre un (137 voix) pour la liste « Intérêts communaux ». Richard reste conseiller avec 12 voix de préférence.
Remy Richard meurt en janvier 1968 à son domicile, au numéro 151, rue Grande, à Warquignies. Il est inhumé dans le cimetière local (allée n° 23, n° 584).
Par Francis Drugman
SOURCES : Archives communales de Colfontaine, registres de l’état civil de Warquignies – La Louvière, site de Bois-du-Luc, Saicom ASBL – Papiers personnels de Francis Drugman – PUISSANT J., L’évolution du mouvement ouvrier socialiste dans le Borinage, Gembloux, réédition, p. 460 – MAERTEN F., « Du murmure au grondement. La Résistance politique et idéologique dans la province de Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940-septembre 1944) », dans Analectes d’histoire du Hainaut, t. 7, vol. I, Mons, 1999, p. 317.