Par Daniel Grason
Né le 2 août 1897 à Chaville (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), mort le 12 mars 1990 à Paris (XVIe arr.) ; co-auteur avec André Breton de l’ouvrage Les Champs magnétiques ; poète, écrivain, journaliste à L’Excelsior, puis à radio Tunis pendant la guerre.
Fils de Maurice Soupault médecin des hôpitaux de Paris et de Cécile Dancongnée fille d’un avocat du Conseil d’État, la sœur de sa mère épousa Fernand Renault, frère ainé de Louis Renault. Il brocarda son oncle par alliance dans le Grand Homme ou Histoire d’un Blanc. Louis Renault furieux fit acheter l’ouvrage, succès de librairie assuré.
Dans Les Dernières Nuits de Paris, il écrivit : « Nous franchîmes bientôt les Portes de Paris pour entrer dans le pays des usines. Les rues étaient bordées de longs murs nus et sales et la nuit devenait toujours plus noire. Des affiches éclataient tout à coup au détour d’un boulevard. Dans le lointain, un café, lumineux chantait ».
« Entraînés par notre marche, nous n’avions plus conscience du temps qui passait, et ce chemin était si monotone que nous oubliions les heures vaincues ».
« Abandonnant Levallois-Perret, projection de Paris, et nous abordâmes la banlieue, qui, je m’en souviens, nous apparut après la traversée d’une quelconque rue Émile-Zola ».
« Je reconnus malgré la nuit cette lèpre huileuse et gigantesque qui semble vouloir attaquer la ville. Les maisons basses et inégales formaient comme des bulles sur un marais. Patrie des chiens errants, la banlieue étalait ses pustules, comme une prostituée sa vérole ».
De sa période surréaliste il resta en très bonnes relations avec André Breton et Louis Aragon. Mais récusa Francis Picabia, Jean Cocteau et Salvador Dali nommé Avida dollars. Il fit connaissance avec Ré Richter le 7 novembre 1933, lors de la « fête de la Révolution » à l’ambassade soviétique où se pressait de nombreux intellectuels. Ils se marièrent en 1937. Ré Soupault était une ancienne élève du Bauhaus et amie des dadaïstes berlinois. Elle faisait déjà partie du cercle d’artistes parisiens proches de Man Ray, Fernand Léger, Elsa Triolet, Max Ernst, Kiki de Montparnasse…
Philippe Soupault écrivit excusez du peu une quinzaine de romans et récits. Il sillonna les États-Unis pour l’Excelsior, fut journaliste à Radio-Tunis de 1938 à 1940. Il échappa de peu à l’arrestation par les autorités collaborationnistes.
Il poursuivit après la Seconde guerre mondiale une carrière littéraire, il écrivit notamment une quinzaine de préfaces.
Il rencontra en mai 1981 Louis Aragon à la librairie La Hune à Saint-Germain des Près, l’Humanité s’en fit l’écho. En 1989, il exposa à Montreuil, Jean-Pierre Léonardini consacra dans l’Humanité, deux pages à l’évènement. Les éditions Lachenal et Ritter rééditèrent progressivement l’oeuvre de Philippe Soupault.
L’Humanité du 10 janvier 1981 consacra deux pages à Philippe Soupault et à son oeuvre qui était retracé dans l’exposition « le Voyageur magnétique » présentée à Montreuil-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. Le commissaire de l’exposition était Serge Fauchereau, également auteur du catalogue de 176 pages.
En mai 1981, Philippe Soupault rencontra Louis Aragon à la librairie La Hune à Saint-Germain-des-Près. (...) « Les Champs magnétiques », d’après le témoignage de Philippe Soupault, fut rédigé en un temps qui n’a pu excéder un mois, quinze jours pour l’essentiel. Le livre, achevé au début de juillet subit cependant quelques remaniements tardifs, par l’introduction de poèmes écrits séparément »
Il mourut le 12 mars 1990 à Paris (XVIe arr.), fut inhumé au cimetière de Montmartre à Paris (XVIIIe arr.). L’Humanité du 13 mars annonça sa mort.
Par Daniel Grason
SOURCES : Philippe Soupault Vingt mille et un-jours, entretiens avec Serge Fauchereau, Éd. Belfond, 1980. – L’Excelsior, site de la BNF.
ŒUVRE : 1917 Aquarium, 1920 Rose des vents ; Les Champs magnétiques avec André Breton ; 1922 L’invitation au suicide ; Westwego ; 1926 Georgia ; 1936 Il y a un océan ; 1937 Poésies complètes ; 1944 Ode to the Bombed London ; 1946 Odes, Paris Seghers ; L’arme secrète, Bordas ; 1947 Message de l’ile déserte (1942-1944), La Haye Stols ; 1949 Chansons du jour et de la nuit, Le Caire La part du sable ; Chansons, Eynard ; 1953 Sans phrases, Osmose ; 1973 Poèmes et Poésies, Grasset ; 1979 Arc en ciel, Rome, Valori Plastici.
Romans – Récits
1923 Le Bon Apôtre, Le Sagittaire ; À la dérive, Ferenczi ; 1924 Les Frères Durandeau, Grasset ; 1925 Le Voyage d’Horace Pirouelle, Le Sagittaire ; Le Bar de l’amour, Émile-Paul ; En joue ! Grasset, Rééd. Lachenal et Ritter 1980 ; 1926 Corps perdu, Au sans Pareil ; 1927 Le Cœur d’or Grasset ; Le Nègre, Kra, Rééd. Seghers, 1975 ; 1928 Les Dernières Nuits de Paris, Calman-Lévy, Réed. Seghers, 1975 ; Le Roi de la vie, Cahiers Libres ; 1929 Le Grand Homme, Kra, Rééd. Charlot, 1947 ; 1934 Les Moribonds, Rieder ; 1945 Le temps des assassins, New York, Éd. de la Maison Française ; 1946 Journal d’un fantôme, Point du Jour ; 1977 Apprendre à vivre (1897-1914), Marseille, Rijois.
Il écrivit vingt-cinq essais ou études, signa une vingtaine de préfaces, traduisit trois ouvrages, signa six anthologies, écrivit vingt-quatre adaptations pour le théâtre et la radio, et sept textes pour le cinéma.