JUMEAU François Alexis (fils). [Belgique]

Par Jean Puissant

Né à Wihéries, (aujourd’hui commune de Dour, pr. Hainaut, arr. Mons) le 12 décembre 1901. Ouvrier mineur, cheminot, journaliste, militant socialiste, membre de la Jeune garde socialiste, fils de François Jumeau, frère de Joseph Jumeau, alias Pierre Hubermont.

Fils aîné de François Jumeau et de Marie-Bernardine Abrassart, François Jumeau (fils) travaille certainement comme ouvrier mineur dès l’âge de quatorze ans. Il devient ensuite piocheur aux chemins de fer de l’État, puis journaliste à L’Avenir du Borinage, organe régional du Parti ouvrier belge (POB).

Dans les années 1920, François Jumeau relance, avec l’aide de son frère cadet, Joseph, la Jeune garde socialiste (JGS), créée en 1906, à Wihéries. Il contribue au développement de l’organisation de jeunesse qui compte 2 749 affiliés cotisants en 1923, 4 000 membres en 1931. La JGS est à la base de l’action d’une pléiade de militants de qualité qui pèseront sur la fédération boraine du POB. Après Émile Cornez, Denise Durant, ce sont Léo Collard*, Walter Dauge*, Roger Toubeau* … et donc Jumeau qui animent le mouvement. L’organisation de jeunesse participe massivement à la création des Gardes rouges en 1926 pour faire face à une éventuelle menace fasciste. Les cortèges de centaines de jeunes en uniforme impressionnent et encouragent les adhésions. François Jumeau est responsable de l’organe de la JGS, L’Avenir. Il est président national de la JGS. La politisation de la JGS est relative, les activités sportives, culturelles, de loisirs dominent. Cependant, elle attache une attention récurrente portée aux questions de défense nationale et surtout à la durée du service militaire qu’elle veut faire diminuer. En revanche, les dirigeants de la JGS ne se privent pas d’intervenir dans les organes fédéraux du POB. Les tensions entre la JGS et la direction du parti s’accroissent avec la crise économique des années 1930 et surtout la longue grève des mineurs de l’été 1932.

François Jumeau collabore activement à L’Action socialiste, journal (mais aussi un groupe) dirigé par Paul-Henri Spaak* et Albert Marteaux, mais dont le centre de gravité se trouve au Borinage (1933-1935). L’hebdomadaire mène la lutte politique contre le fascisme, pour l’union des partis ouvriers, contre « le gouvernement des banquiers », mais aussi contre la politique menée par le POB et surtout les syndicats réformistes.

En 1927, François Jumeau (fils), marié depuis le 13 septembre 1924 à Gilbert Hermance Ruelle, née à Wihéries le 10 juin 1901, remplace provisoirement son frère, Joseph, à la rédaction de L’Avenir, avant de devenir rédacteur de la page régionale « Borinage » dans l’édition du quotidien socialiste national, Le Peuple en septembre 1929, et à L’Avenir du Borinage devenu hebdomadaire.

Lors du Congrès national de la JGS de décembre 1933 à Gand (Gent, pr. Flandre orientale, arr. Gand)), François Jumeau présente un rapport « sur la lutte contre la guerre… » où il préconise l’hypothèse révolutionnaire pour s’opposer à toute nouvelle guerre : « Il faut donc préparer journellement la révolution de façon que la masse, au cas où elle serait mobilisée, soit prête à tourner les armes contre ceux qui veulent la lancer dans cette tuerie, ce qui préparerait en même temps cette masse pour le triomphe du socialisme ». Il publie, dans L’Avenir du Borinage des 15, 22, 29 avril et 6 mai 1933, un long article, « Réformisme et révolution. Essai de mise au point sur la position des jeunesses socialistes » dans lequel il prend ses distances avec la politique, menée par le POB, qui pouvait se justifier au lendemain de la guerre, mais qui ne répond pas à la crise des années 1930. « Or nous voulons être la génération qui réalisera le socialisme. » Ceci explique le ralliement enthousiaste au Plan du travail d’Henri De Man en décembre 1933, mais il est tenu à distance par les JGS de Flénu et Jemappes (aujourd’hui commune de Mons), dirigés par Walter Dauge*. François Jumeau est sur la même ligne que Dauge jusqu’à ce moment mais il ne le suit pas lors de la création de l’Action socialiste révolutionnaire après l’entrée de Paul-Henri Spaak* au gouvernement Van Zeeland en mars 1935 et la rupture avec Albert Marteaux en juillet 1935.

François Jumeau, avec beaucoup d’autres, reste fidèle au POB. Il est accusé par les daugistes d’avoir préféré la « tartine » à « la révolution ». Après la Seconde Guerre mondiale, accusé de trafic de timbres de ravitaillement, François Jumeau (fils) est interné quelques semaines au camp militaire de Casteau (aujourd’hui commune de Mons), puis libéré faute de preuves.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article252282, notice JUMEAU François Alexis (fils). [Belgique] par Jean Puissant, version mise en ligne le 14 novembre 2022, dernière modification le 17 octobre 2023.

Par Jean Puissant

SOURCES : DELATTRE N., « Fiche généalogique de François Alexis Jumeau », dans geneanet.org, page consultée le 13 novembre 2022 − JUMEAU A., Bon sang ne peut mentir, s.l., 1949 − PUISSANT J., L’évolution du mouvement ouvrier socialiste dans le Borinage, réédition, Bruxelles, 1993 − CHARNEUX D., DURAY C., FOURMANOIT L., Pierre Hubermont. Écrivain prolétarien. De l’ascension à la chute, Bruxelles, MEO, 2021.

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