Allons (Lot-et-Garonne), 21 avril, 17, 25 et 30 juin 1944

Par Dominique Tantin

En avril et en juin 1944, à quatre reprises, des détachements allemands intervinrent dans la commune d’Allons (Lot-et-Garonne), à proximité d’une forêt où s’abritaient les maquisards du bataillon FTPF Arthur. Les Allemands tuèrent deux civils et au moins quatre résistants (peut-être huit) ; ils prirent et déportèrent des otages, pillèrent et incendièrent des bâtiments.

Monument commémoratif d’Houeillès (Lot-et-Garonne).
Monument commémoratif d’Houeillès (Lot-et-Garonne).
Crédit : MémorialGenWeb.

La commune d’Allons est située à l’ouest du département du Lot-et-Garonne, en limite des Landes et de la Gironde. La forêt landaise, qui occupe la majeure partie de son territoire, était un milieu propice à l’installation d’un maquis. Durant les premiers mois de 1944, c’est là que s’implantèrent les FTP du bataillon Arthur, pseudonyme d’André Delacourtie, fondateur des FTP du Lot-et-Garonne, responsable régional des FTPF, abattu par la police à l’église Saint-Hilaire d’Agen de 9 octobre 1943. Le bataillon fut placé sous les commandements successifs de Jean Richon (« le grand Jeannot »), Henri Lanusse (dit « Gros Jean » ou « commandant Georges Duval ») et, à partir du mois de juin, de Lucien Baron (commandant « Yves Menot »). En juin 1944, cette formation FTP réunissait de nombreux maquisards, divisés en quatre groupes – dont un groupe de guérilleros espagnols commandé par Matéo Blasquez Rodriguez dit Marta – groupes répartis dans les bois d’Artigues, d’Houeillès, de Sauméjan et d’Allons. Très actifs, les maquisards multiplièrent les embuscades et les sabotages. Les Allemands menèrent donc plusieurs opérations pour anéantir ce maquis, tout en exerçant des représailles sur la population civile.
Le 21 avril 1944, un convoi motorisé venant de Bordeaux (Gironde) investit le bourg d’Allons et un officier réquisitionna des locaux pour le cantonnement de 600 soldats. De nombreux otages furent arrêtés – 26 dans le bourg – afin d’obtenir des renseignements permettant de localiser le maquis. En vain. Une partie des otages fut transférée à Bazas (Gironde) puis au fort du Hâ à Bordeaux, d’où certains furent déportés. Des habitations furent pillées et incendiées et, près d’Allons, un jeune civil, Adrien Lataste, fut abattu dans son jardin.
Le 17 juin, une colonne de Waffen-SS disposant de blindés attaqua le bourg d’Allons où s’étaient retranchés une centaine de maquisards du bataillon Arthur. Selon la monographie consacrée à Allons dans le CD-Rom sur la Résistance en Lot-et-Garonne (cf. sources), quatre maquisards auraient trouvé la mort dans les combats du 17 juin, mais nous n’en avons pas trouvé confirmation dans les différentes bases de données en ligne. Pillages et incendies se renouvelèrent.
Le 25 juin 1944, Allons fut de nouveau attaqué par un détachement de 350 SS avec des blindés. Les Allemands mirent le feu à la forêt avec des lance-flammes pour tenter de déloger le maquis. Se succédèrent à nouveau pillages, incendies, prises d’otages. Quatre maquisards furent surpris dans la maison où ils s’étaient réfugiés et furent fusillés et défigurés. Il s’agissait de Pierre Cousi, Henri Marc Dumenieu, Marius Paul Lacoste et de Marcel Queille. Un civil, Raymond Bernardet, forgeron, fut abattu. Les Allemands s’emparèrent de huit otages. Trois furent relâchés mais les autres furent déportés (Paul Rodrigo, José Lopez, Augustin Rodrigo Calle, Narez Escourène, Adrien Bièze) ; Augustin Rodrigo Calle mourut au camp de concentration de Neuengamme le 27 mars 1945 à l’âge de 28 ans.
La dernière intervention allemande à Allons se produisit le 30 juin. Le maire, Daniel Bentejac, et l’instituteur, Areste, furent torturés. Le maire fut relâché, mais les SS tentèrent de brûler vif l’instituteur, lequel parvint à échapper à une mort atroce. La mairie, l’école et le presbytère furent incendiés. Les jours suivants, la Luftwaffe bombarda la commune et les alentours.
Les noms des victimes sont inscrits sur le monument aux Morts communal, et sur le monument commémoratif érigé à Houeillès, commune limitrophe d’Allons, en mémoire de victimes du Lot-et-Garonne et des Landes.


Liste des victimes identifiées
Résistants

COUSI Pierre
DUMENIEU Henri, Marc
LACOSTE Marius, Paul, Gabriel
QUEILLE Marcel
Civils
BERNARDET Raymond
LATASTE Adrien

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article252359, notice Allons (Lot-et-Garonne), 21 avril, 17, 25 et 30 juin 1944 par Dominique Tantin , version mise en ligne le 18 novembre 2022, dernière modification le 21 novembre 2022.

Par Dominique Tantin

Monument commémoratif d'Houeillès (Lot-et-Garonne).
Monument commémoratif d’Houeillès (Lot-et-Garonne).
Crédit : MémorialGenWeb.

SOURCES : Pierre Robin, monographies d’Allons et du bataillon Arthur, La Résistance en Lot-et-Garonne, CD-Rom AERI, 2011. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb.

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