ARAGO Étienne [ARAGO Vincent, Étienne]

Né le 9 février 1802 à Estagel (Pyrénées Orientales), mort le 6 mars 1892. Journaliste, écrivain. Républicain démocrate, membre de diverses sociétés secrètes ou républicaines, représentant du Peuple à la Constituante et à l’assemblée de 1871, maire de Paris en 1870.

Frère de François Arago et dernier des huit enfants du « clan Arago ». Après avoir fait ses études au collège de Sorèze (Tarn), il fut d’abord préparateur à Polytechnique, mais quitta bientôt la chimie pour la littérature dramatique. Collaborateur des premiers romans de Balzac, L’Héritière de Birague et Jean-Louis ou la fille trouvée, de 1824 à 1847 il fit représenter plusieurs comédies et vaudevilles qui eurent du succès, comme la dernière, en vers et en cinq actes, Les Aristocrates, jouée au Théâtre français et empreinte des idées démocratiques chères à l’auteur. Il fut, de 1829 à 1839, directeur du théâtre du Vaudeville et très en vue dans le monde des arts. Il écrivit également maint article politique et littéraire dans le Siècle et, plus tard à la Réforme, qu’il contribua à fonder et dont la rédaction était dirigée par Godefroy Cavaignac* dont il était l’ami intime. A la suite d’une promesse faite à celui-ci sur son lit de mort, il y fit paraître en feuilleton un roman sur les guerres de Vendée, mettant aux prises républicains et royalistes : Les Blancs et les Bleus. En janvier 1826, il fonda avec Maurice Alhoy Le Figaro.
Carbonaro, il fonda une vente à l’École polytechnique et assista en 1822 à l’exécution des quatre sergents de La Rochelle. Membre de la société « Aide toi, le ciel t’aidera », Étienne Arago participa aux journées de Juillet, distribuant des armes qui se trouvaient dans son théâtre, et à la délégation républicaine que Thiers emmena rencontrer le duc d’Orléans le 31 juillet 1830. Membre de la Société des Amis du Peuple, il participa aux journées de juin 1832. C’est son discours aux obsèques du général Lamarque, le 5 juin, qui aurait tout déclenché. Cosecrétaire avec Marchais* de l’Association centrale pour la liberté de la presse (19 septembre 1832) et membre de deux de ses comités, le comité de la presse et le comité central, il se vit confier, en janvier 1833, la gestion et la rédaction de La Tribune. Il fit aussi partie de la commission qui examina l’orientation du Bon sens et de son directeur, Cauchois-Lemaire (début 1833) et représenta Perpignan à l’Assemblée générale des représentants de province de l’Association en faveur de la presse patriote du 7 avril 1833. Collaborateur de la Revue Républicaine, fin août 1833, il fut, toujours à Perpignan, membre de l’Association républicaine pour la liberté individuelle et de la presse. Étienne Arago fut également compromis au cours des journées d’avril 1834, à la suite de perquisitions et chez beaucoup d’autres suspects ayant donné lieu à la saisie de très nombreux documents. Absent, caché à Puteaux, il bénéficia d’un non-lieu. Défenseur des accusés d’avril, il participa à l’évasion, le 12 juillet 1835 des vingt-huit accusés, enfermés à Sainte-Pélagie.
En février 1848, il s’empara de l’Hôtel des Postes à Paris qu’il dirigea jusqu’à l’élection de Bonaparte en décembre. En cette qualité, il consentit à retarder, le 25 novembre, le départ du courrier pour permettre d’y joindre la nouvelle de l’ordre du jour fameux déclarant que le général Cavaignac avait bien mérité de la patrie. Ce geste fut diversement apprécié et suscita de vives polémiques dans les milieux républicains. En tant que Directeur des Postes, il est à l’origine de la création du timbre-poste en France (août 1848)
Étienne Arago avait été élu le 23 avril 1848 représentant du peuple à l’Assemblée constituante par le département des Pyrénées-Orientales. Il siégea à la Montagne et, sauf l’exception citée plus haut, vota avec les républicains les plus avancés. Adversaire déclaré de l’expédition de Rome et de toutes les mesures proposées par le gouvernement, il ne se représenta pas à l’élection pour la législative et se joignit comme chef de bataillon aux députés et aux gardes nationaux qui protestèrent aux Arts et Métiers le 13 juin 1849. Poursuivi, il se réfugia d’abord en Angleterre, puis, peu de temps après, en Belgique, et fut condamné par contumace à la déportation. Il passa en Hollande, puis à Genève, puis à Turin, à Gênes, à Nice... et publia plusieurs ouvrages. Rentré après l’amnistie de 1859 à Paris, dont il fut nommé maire le 4 septembre 1870 par acclamation, il prit part à ce titre, à la défense de Paris. Le gouvernement ayant annulé les élections promises par Arago après le 31 octobre, il donna sa démission. Élu représentant des Pyrénées-Orientales à l’Assemblée Nationale le 8 février 1871, il démissionna également dix jours après et abandonna la vie politique. En février 1871, il est chargé d’une mission diplomatique en Italie. En 1878-1879, il était archiviste à l’École des Beaux-Arts de Paris, puis de 1879 à sa mort, il occupa les fonctions de conservateur du musée des artistes contemporains du Luxembourg.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article25236, notice ARAGO Étienne [ARAGO Vincent, Étienne] , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 10 octobre 2022.

SOURCES : Pascal Rhaye, Les Condamnés de Versailles, Paris, 1850, p.161. — Robert, Bourloton, Cougny, Dictionnaire des Parlementaires, Paris, 1891. — Notice de la Grande Encyclopédie. — J. Dautry, 1848 et la Seconde République, Paris, 1957. — Cour des Pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983. CC 554, 575, 602 et 614. — L.-A. Blanqui, Œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993. — Muriel Toulotte, Étienne Arago, 1802-1892, Une vie, un siècle, Perpignan, Publications de l’Olivier, 1994 (et corrections de l’auteur). — Notes de J. Risacher.

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