GRASON Daniel

Né le 2 décembre 1943 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), mort le 22 novembre 2022 à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ; ouvrier de la métallurgie ; journaliste ; historien du mouvement ouvrier.

Réunion des auteurs du Maitron le 18 octobre 2022, Daniel Grason à droite, puis Robert Kosman, David Aguilar et Jean-Paul Richez.
Cliché Annie Pennetier

Cet ancien ouvrier métallo puis journaliste et enfin historien du Maitron, était un des plus gros producteurs de biographies pour les années 1930-1940. Il avait écumé avec passion les archives de la préfecture de Police de Paris, noté, cliché, rédigé pendant vingt ans, sans se lasser, toujours soucieux de la justesse de ses informations. Il a signé 3588 biographies dans le Maitron dont 1485 pour le Dictionnaire des fusillés et exécutés. Il était encore présent à la réunion des auteurs de la région parisienne le 18 octobre 2022 à la Maison des associations du IIIe arrondissement, avec son éternel sourire de titi parisien. De petite taille, trapu, c’était un formidable copain, fraternel, attentif aux autres, l’œil toujours amusé de celui auquel on ne le fait pas.

Fils de Marcel Henri Grason (mécanicien de bus à la RATP, sensibilité de droite) et de Lucie Biet épouse Grason (couturière à domicile, sensibilité de gauche), Daniel Grason était né le 2 décembre 1943 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et avait été élevé à Saint-Ouen. Il avait un sœur plus jeune, Nicole. Titulaire du CEP et du CAP de tourneur sur métaux, il avait travaillé à la Saviem à Saint-Ouen, puis comme animateur dans un foyer de jeunes dans la même ville. Daniel Grason fit 18 mois d’armée dont une partie en Forêt noire.
De nouveau ouvrier, cette fois, dans une usine de Gennevilliers, tourneur sur un tour vertical chez Delachaux, il y vécut mai-juin 1968 dont il fit, en 2018, un récit remarquable dans l’ouvrage Mai 68 par celles et ceux qui l’ont vécu. Licencié en septembre 1968, après avoir fait l’école communiste de quatre mois, permanent de la section communiste de Gennevilliers jusqu’en 1978. Il fut ensuite rédacteur en chef, journaliste-photographe pendant quinze ans du journal local La Voix Populaire, puis Agora, publication de l’OPHLM jusqu’en 2002. Il portait depuis de nombreuses années un regard critique sur le communisme qu’il qualifiait volontiers de « stalinien » et cherchait dans l’histoire les raisons de ce qu’il voyait comme un dévoiement du mouvement ouvrier. Son panel de lecture s’était ouvert à toutes les oppositions et dissidences. Il avait fait un entretien avec Jean Maitron, à Courbevoie, pour son journal local au milieu des années 1980, et s’était pris de passion pour l’homme et pour cette œuvre hors norme qu’était déjà le Maitron.
Depuis sa cessation d’activité professionnelle, il consacra son temps avec intensité à des recherches en histoire sociale dans différents services d’archives locales : Gennevilliers, Saint-Denis, Saint-Ouen, Boulogne, Levallois-Perret, à la BDIC à Nanterre, à la Bibliothèque nationale de France à Paris, aux Archives de la Préfecture de Police à Paris puis au Pré-Saint-Gervais, aux Archives nationales à Saint-Denis-Pierrefitte.
Ses thèmes de recherche étaient les volontaires en Espagne républicaine, les fusillés et exécutés, les internés et déportés de la Seconde Guerre mondiale. Il suivait avec régularité et intérêt les réunions du Maitron et les séminaires sur « Les communismes » organisés par Bernard Pudal et Claude Pennetier, rue Malher, toujours en quête d’informations et de réflexions sur l’histoire et les évolutions du mouvement ouvrier, toujours en attente de plus savoir et de mieux comprendre. Et toujours content de partager le repas « Chez Momo » après le séminaire du samedi matin.
Il était marié avec Aïcha et avait trois enfants :
Karim : 10 décembre 1969
Wilfrid : 22 septembre 1973
Cédric : 31 octobre 1976
Son inhumation a eu lieu le vendredi 25 novembre 2022 à 11 heures au cimetière de Gennevilliers (24, rue Villebois Mareuil) en présence plus de cent personnes. Le Maitron était représenté par Annie Pennetier et David Aguilar qui ont pris la parole.
Nous lui rendrons hommage lors de la journée du Maitron du 7 décembre 2022.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article252446, notice GRASON Daniel, version mise en ligne le 22 novembre 2022, dernière modification le 4 décembre 2022.
Archives municipales de Gennevilliers.
Réunion des auteurs du Maitron le 18 octobre 2022, Daniel Grason à droite, puis Robert Kosman, David Aguilar et Jean-Paul Richez.
Cliché Annie Pennetier

Bibliographie
Chausson : une dignité ouvrière, Bernard Massera, Daniel Grason, préface de Michel Verret. Éd. Syllepse, 2004 ; Éclats du Front populaire, Daniel Grason, René Mouriaux, Patrick Pochet, Éd. Syllepse, 2006 ; cinq contributions dans La France des années 1968. Une encyclopédie de la contestation, Antoine Artous, Didier Epztajn, Patrick Silberstein, Éd. Syllepse, 2008 ; Notices pour Les fusillés (1940-1944). Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otages ou guillotinés en France pendant l’Occupation, sous la direction de : Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty et Delphine Leneveu, Éd. L’Atelier, 2015 ; Contribution à l’ouvrage Mai 68 par celles et ceux qui l’ont vécu, « On ne disait pas « je pars au travail », mais « je vais au chagrin », coordonné par Christelle Dormoy-Rajramanan, Boris Gobille et Erik Neveu, Éd. L’Atelier, 2018.

SOURCES : Renseignements et photos communiqués par la famille.

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