SÉGUY Marinette, Madeleine

Par André Balent

Née le 16 janvier 1916 à Maury (Pyrénées-Orientales), massacrée le 4 mai 1944 au Bousquet (Aude) ; victime civile.

Marinette Séguy (1916-1944)
Source : cliché publié par Julien Allaux, op. cit., 1986, p. 110. Recadrage et retouches André Balent

Marinette Séguy naquit à Maury, une commune des Pyrénées-Orientales, dans le Fenouillèdes. Son père était employé de la Compagnie des chemins de fer du Midi. La ligne de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) à Quillan (Aude) ouverte au trafic en 1904 (tronçon de Rivesaltes à Saint-Paul-de-Fenouillet, Pyrénées-Orientales) permit une relation entre Perpignan et Carcassonne via la vallée de l’Agly et la vallée de l’Aude, en amont du chef-lieu du département éponyme.

Son père, Baptiste Séguy, et sa mère, Cécile, Baptistine, Adeline Pons étaient nés au Bousquet, une commune des Pyrénées audoises, où se situe le point culminant de l’Aude, le pic de Madres (2469 m), à la limite avec les Pyrénées-Orientales. Baptiste Séguy né le 16 juillet 1884 était le fils de Julien, cultivateur au Bousquet et de Rose Noustens. Il était lui aussi cultivateur, en 1911, dans sa commune natale. L’année suivante, il était employé de la Compagnie des chemins de fer du Midi. Sa mère, Cécile, Baptistine, Adeline Pons, née le 1er août 1891 au Bousquet était la fille de Pierre, forgeron âgé de quarante ans et de Mélanie Bousquet, âgée de trente-neuf ans. Ses parents se marièrent au Bousquet le 4 mai 1911.

Marinette Séguy avait une sœur ainée, Ada, Lydie née au Bousquet le 25 février 1912 chez son grand-père maternel. À cette date, ses parents étaient domiciliés à Narbonne (Aude) où Baptiste Séguy avait été embauché à la Compagnie des Chemins de fer du Midi. Elle se maria le 23 août 1935 à Carcassonne avec Jean-François Salsignac et mourut dans cette ville le 11 septembre 2001.

En 1916, Baptiste Séguy était cheminot du Midi à Maury (Pyrénées-Orientales) où naquit sa seconde fille, Marinette. La famille Séguy fut recensée dans cette commune en 1921. Baptiste et Cécile y résidaient avec leurs deux filles Ada et Marinette, mais aussi avec deux neveux, Joseph, Baptiste, Julien Séguy né au Bousquet le 17 mars 1907, mort à Céret (Pyrénées-Orientales) le 31 janvier 1993 et Anna, Baptistine Bousquet, née au Bousquet le 14 octobre 1907, morte à Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales) le 17 février 1982. Au recensement de 1931, la famille ne résidait plus à Maury.

En 1944, Marinette Séguy habitait au Bousquet avec ses parents, son père ayant dû prendre sa retraite dans son village natal (161 habitants en 1936). Le 4 mai 1944, 45 hommes du régiment d’infanterie de la Lutwaffe « Lisieux » en garnison dans l’Aude (le 4e corps d’armée de la Luftwaffe, doté aussi d’unités d’infanterie avait, depuis août 1943, son poste de commandement à Capendu, (entre Carcassonne et Lézignan) commandés par le capitaine Nordsten et accompagnés de policiers de la Sipo-SD de Carcassonne, leur zélé traducteur (et tortionnaire) alsacien, René Bach, et des miliciens étaient à la recherche de FTPF du maquis audois « Gabriel-Péri », stationné initialement près de Mijanès (Ariège), dans le Donnezan. Cette formation armée se scinda en deux groupes dont l’un devint le maquis « Jean-Robert » — plus tard cantonné à Salvezines (Aude), Voir : Meyer Victor — qui s’installa pendant l’hiver dans des baraquements de la forêt de la commune du Bousquet. Les maquisards fréquentaient occasionnellement le village, ce que sut la Sipo-SD. Vers 5 heures et demie du matin, ce détachement investit Le Bousquet, boucla le village, rassembla et fouilla les hommes de plus de quatorze ans. Les soldats perquisitionnèrent les maisons tandis que les hommes et adolescents arrêtés étaient gardés par la Milice. Six jeunes hommes furent interrogés et torturés dans l’école. Les Allemands demandaient des renseignements sur les réfractaires au STO et les maquisards. René Bach se montra particulièrement violent. Deux d’entre eux furent contraints, vers 13 heures, d’accompagner les Allemands autour du village afin de poursuivre leurs recherches dont le résultat fut négatif. Aucun maquisard ne se trouvait plus dans le village alors que certains y avaient passé la nuit. Les villageois apprirent alors que, vers huit heures du matin, alors que les Allemands procédaient aux interrogatoires et aux perquisitions, Marinette Séguy avait été tuée. Elle avait quitté son domicile après avoir récupéré le fusil de chasse que son père avait caché dans le grenier. Ayant caché l’arme dans un sac, elle alla la jeter dans un ravin. Son manège fut remarqué par des soldats gardant les issues du village. À son retour, l’un d’eux l’abattit d’une balle dans la tête. Cette version donnée par Julien Allaux (op.cit., p. 109) semble très plausible. Mais Lucien Maury (op.cit., p. 149-150) reproduit le témoignage de l’un des acteurs du maquis, Eugène Sagui alias « Robespierre » qui, avec un camarade, n’avait pu quitter à temps la grange du village où ils dormaient. Ayant remarqué que les véhicules allemands empêchaient toute fuite, ils se cachèrent dans la grange sous un tas de foin. De là, ils entendirent la rafale de mitrailleuse installée au lieu-dit « la Poudrière » qui aurait tué Marinette Séguy.

Marinette Séguy fut inhumée dans la tombe familiale du cimetière communal de Villalbe à Carcassonne.
Elle reçut la mention « Morte pour la France ».
Son nom est inscrit sur le monument aux morts du Bousquet. Une stèle a été érigée à sa mémoire, rue de la Scierie. Elle porte l’inscription suivante : « À la mémoire de Marinette Séguy, tuée par les Allemands le 4 maié 1944 à l’âge de 28 ans. La commune de Le Bousquet reconnaissante. » Il y a un dossier à son nom au Service historique de la défense à Caen (cote AC 21 P 398269, non consultée). Ce dossier est établi au nom de Marie Madeleine Séguy. Or, son acte de naissance, à Maury, indique bien que les prénoms qu’elle reçut à sa naissance était bien ceux de Marinette et de Madeleine. Pour le site MemorialGenWeb, il s’agit de « Séguy Marinette [Marie-Madeleine dite] ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article252471, notice SÉGUY Marinette, Madeleine par André Balent, version mise en ligne le 24 novembre 2022, dernière modification le 24 novembre 2022.

Par André Balent

Marinette Séguy (1916-1944)
Source : cliché publié par Julien Allaux, op. cit., 1986, p. 110. Recadrage et retouches André Balent
Le Bousquet (Aude)
Stèle érigée à la mémoire de Marinette Séguy (1916-1944).
Source : site MemorialGenWeb, cliché Ludovic Petit.

SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 2 E 5037, état civil de Maury, registres 1908-1920, acte de naissance de Marinette Séguy ; 6 M 292/107, recensement de la population, Maury, 1921 ; 6 M 303/107, recensement de la population, Maury, 1931. — SHD, Caen, AC 21 P 398269, n. c. — Julien Allaux, La 2e guerre mondiale dans l’Aude, Épinal, Éditions du Sapin d’Or, 1986, 255 p. [p. 109, 110, 119, 158]. — Lucien Maury (dir.), La résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, comité d’Histoire de la Résistance du département de l’Aude, 1980, 439 p. [p. 149-150, 193]. — Sites Mémoire des Hommes, MemorialGenweb, Geneanet consultés le 22 novembre 2022.

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