Par Michel Thébault
Né le 2 octobre 1851 à La Celle-Barmontoise aujourd’hui La Villetelle (Creuse) ; maçon de la Creuse ; garde national de Paris ; communard.
Eugène (c’était son prénom usuel) Maingonnat était le fils de Pierre Maingonnat cultivateur et d’Anne Laurent cultivatrice, domiciliés au lieu-dit Murzeix, commune de La Celle-Barmontoise (rattachée en 1912 à la commune de La Villetelle). Il devint maçon de la Creuse, migrant saisonnier partant travailler sur les chantiers parisiens (de mars à novembre en général). Au printemps 1871, maçon, célibataire âgé de 19 ans, il résidait pour la saison des chantiers 86 rue Saint-Victor dans le quartier Saint-Victor (Ve arr.). La plupart des chantiers étant arrêtés en 1871 à Paris, beaucoup de migrants, en particulier des maçons de la Creuse s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Eugène Maingonnat s’engagea dans le 160e bataillon de la Garde nationale appartenant à la Ve Légion du Ve arrondissement. Fin avril, il était avec son bataillon au fort de Vanves. L’assaut des troupes versaillaises débuta le 25 avril 1871 par des tirs d’artillerie sur les forts d’Issy et de Vanves. Les Versaillais pratiquèrent des attaques nocturnes sur les troupes fédérées non remplacées depuis plusieurs jours. Le 29 avril, vers 20 heures, les tranchées fédérées furent de nouveau surprises. Eugène Maingonnat fut alors fait prisonnier.
Il fut emprisonné dans le secteur de Rochefort (Charente-Maritime), au fort des Saumonards, commune de Saint-Georges-d’Oléron, dans l’attente de son jugement par un conseil de guerre. Il fut jugé par le 15e conseil de guerre, siégeant à Chartres à partir du 3 novembre 1871 et acquitté, libéré après plusieurs mois d’emprisonnement. Lors du recensement de 1872 de la Celle-Barmontoise, il résidait à nouveau avec son frère Félix, maçon âgé de 26 ans, au lieu-dit Murzeix. La loi Cissey de juillet 1872 instaurant le service national obligatoire eut pour conséquence sa conscription par un conseil de révision le 25 octobre 1872. Le tirage au sort lui imposa le service long ; incorporé dans le 86e régiment d’infanterie le 30 décembre 1872, il ne fut “renvoyé dans ses foyers” que le 10 novembre 1876. Exerçant toujours la profession de maçon, il semble avoir ensuite migré définitivement à Paris où il est domicilié en 1893.
Par Michel Thébault
SOURCES : Arch. Dép. Creuse (état civil, recensements, registre matricule). — Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880), base des communards, site internet. — Stéphane Trayaud, Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris, Mon Petit Éditeur, 2012. — Site internet Annuaire des migrants Maçons de la Creuse.