Par André Balent
Né le 1er juillet 1904 à Carcassonne (Aude), mort en action le 22 août 1944 à Lespinassière (Aude) ou Lacabarède (Tarn) ; employé de commerce à Béziers (Hérault) ; résistant ; combattant du maquis de l’Armée secrète (AS) du Minervois (Aude)
Julien Vignon était le fis de Jean garçon jardinier né à Tuchan (Aude) en 1878 et de Jeanne Fournier née à Carcassonne en 1884. La famille demeurait rue de la Barbacane, artère commerçante près de la Cité médiévale, sur la rive droite de l’Aude.
En 1927, Julien Vignon était employé de commerce à Béziers (Hérault). Il était domicilié 22, rue Saint-Jacques où habitaient désormais ses parents. Son père était alors « cultivateur ». Julien Vignon se maria le 25 avril 1927 à Cette (aujourd’hui Sète, Hérault) avec Marie, Louise, Antoinette, Baruteu née le 25 avril 1903 à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) et morte à Béziers le 19 septembre 1997, fille d’Émile Baruteu, mécanicien domicilié à Cette et de Marie, Thérèse, Agnès Puig (était décédée en 1927).
Nous ignorons pourquoi Julien Vignon s’établit à Caunes-Minervois (Aude), au moins à partir de 1943. Peut-être a-t-il dû quitter son domicile car, résistant, il était menacé à Béziers ? Le fait est qu’il est considéré, dans le tableau des effectifs figurant dans la synthèse (peu développée) des activités du maquis du maquis AS du Minervois établie par le SHD en 1952, comme étant un membre du maquis AS du Minervois à compter du 1er mai 1943. Il serait donc l’un des plus anciens membres de cette formation. Mais, de fait, les informations rapportées la Julien Allaux (1986) et Lucien Maury (1980) ainsi que les témoignages directs de divers témoins et acteurs retranscrits par le deuxième de ces auteurs indiquent que, dans un premier temps, il s’agissait plutôt d’un secteur (Minervois) de l’AS de l’Aude créé à l’initiative de Louis Raynaud et de René Piquemal, instituteur à Citou (Aude) rassemblant, autour de Villeneuve-Minervois, des groupes communaux sédentaires de l’AS. Julien Vignon devint, pour sa part, responsable de celui de Caunes-Minervois. Ces groupes oeuvrèrent à constitution de maquis situés dans la Montagne Noire, comme le « premier » maquis de Trassanel — Voir Edmond Agnel — ou celui de Citou dont Julien Vignon devint tardivement le chef en août 1944. Pourtant le dossier du maquis AS de Citou rassemblé pour sa validation comme unité combattante en 1952 est très laconique. S’il mentionne la mort au combat de Julien Vignon au col de Salètes, il ne le compte pas dans le tableau de ses membres (16, seulement) et n’indique jamais quels furent ses cadres. On sait, par ailleurs, que René Piquemal ne fut pas étranger, dès décembre 1943, au regroupement de réfractaires du STO, dans une baraque au milieu d’un bois de chênes verts. Il fut ensuite renforcé, à l’été de 1944, par des rescapés du maquis de Trassanel. À l’été de 1944, l’AS minervoise était enfin devenue une unité combattante rassemblant encore de nouveaux volontaires qui participèrent à des combats contre les colonnes allemandes en marche vers la vallée du Rhône, comme au col de Salètes ou Rieux-Minervois. Le maquis de Citou dont Julien Vignon prit tardivement le commandement dépendait de cette formation connue dès comme « maquis du Minervois » et placée sous le commandement d’Henri Bousquet.
Beaucoup d’articles de presse des années 2010-2020 qui relatent les cérémonies de commémoration du combat du col de Salètes situent le plus souvent cet évènement le 24 août, quelquefois le 23. Toutefois, aussi bien Julien Allaux que Lucien Maury dont la qualité documentaire des ouvrages reste à ce jour (2022) inégalée, le placent le 22 août. Cette date est corroborée par la mention marginale du décès de Julien Vignon à Caunes sur son acte de naissance à Carcassonne. Nous n’avons pas eu accès à son acte de décès dressé en mairie de Caunes-Minervois.
Le maquis de Citou apprit qu’une colonne allemande, après avoir traversé Villeneuve-Minervois, faisait route vers le col de Salètes (886 m), dans la Montagne Noire, en amont de Citou, à proximité du lieu où se rejoignent les limites de l’Aude, de l’Hérault et du Tarn. Il le poursuivit jusque dans la descente vers Lacabarède (Tarn). Le combat dura environ une heure. Julien Vignon fut le seul tué dans les rangs des maquisards. Les pertes allemandes ont été diversement comptabilisées : 4 tués et 15 prisonniers pour Allaux (op.cit, p. 208) ; 4 tués et 17 prisonniers (SHD, maquis du Minervois) ; 6 tués et 17 prisonniers (SHD, maquis de Citou).
Le décès de Julien Vignon fut enregistré à Caunes-Minervois à la date du 22 août 1944. Mais, selon les sources, il fut tué à proximité du col de Salètes à Lespinassière (Aude) ou à Lacabarède (Tarn). Cette dernière commune est sans doute le lieu exact de sa mort puisqu’une stèle commémorative a été érigée sur le bord de la RD 920. Elle indique que la date de sa mort est les 23 août 1944. Elle porte l’inscription suivante : « À la mémoire de Julien Vignon soldat de la Libération tué à l’ennemi le 23 août 1944 âgé de 40 ans. Le courage c’est d’aimer la vie et de regarder la mort en face Jean Jaurès ». Une autre stèle fut érigée à Caunes-Minervois en « Hommage à nos héros du maquis » morts au combat : Yves Arnaud, Antoine Pérez (morts à Trassanel le 8 août 1944), Jules Vignon (mort à Lespinassière le 22 août 1944). Le nom de Julien Vignon fut aussi gravé sur le monument aux morts de Caunes-Minervois. Julien Vignon reçut la mention « Mort pour la France » (avis du ministère des anciens combattants transcrit sur son acte de décès le 25 décembre 1957).
Par André Balent
SOURCES : Service historique de la Défense (SHD), Vincennes, 19 P 11/12, maquis du Minervois de l’AS, dossier établi en 1952 ; 19 P 11/14, maquis de Citou de l’AS, dossier établi en 1952. —SHD, Vincennes, GR 16 P 594366, n. c. — Arch. dép. Hérault, 3 E 312/304, état civil de Cette (Sète), mariages, 1927, acte de mariage entre Julien Vignon et Marie-Louise Baruteu ; 6 M 281, recensement de la population, Béziers, 1931. — Arch. com. Carcassonne, état civil, naissances, 1927, acte de naissance de Julien Vignon et mentions marginales. — Julien Allaux, La 2e guerre mondiale dans l’Aude, Épinal, Éditions du Sapin d’or, 1986, 254 p. [p. 157-158, 208]. — Lucien Maury (dir.), La Résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, Comité de l’histoire de la Résistance audoise, Carcassonne, 1980, 441 p. [p. 111, 114, 163-164]. — Sites Mémoire des hommes et MemorialGenWeb consultés le 3 décembre 2022. — Recherches infructueuses sur le site Geneaweb, 4 décembre 2022.