MALET Georges, Gustave

Par Nicolas Simonpoli

Né le 23 juin 1952 à Montpellier (Hérault) ; cheminot, ouvrier chez Simca-Chrysler à Poissy puis chef de secteur mouvement à la SNCF ; syndicaliste CGT, secrétaire du syndicat CGT de Simca-Chrysler de Poissy (1973-1976), membre du secrétariat de l’UD-CGT des Yvelines et délégué confédéral à la Vie Ouvrière pour le département (1976-1979), secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Paris Banlieue et de la région de Paris Saint-Lazare (1983-1988), membre du secrétariat (1989-2007) et secrétaire général (2002-2005) du syndicat CGT de Rognac, membre du secrétariat du secteur CGT des cheminots de PACA (1993-2000) ; militant communiste.

Georges Malet (à gauche) aux côtés de Robert Deixonne, 2002
Georges Malet (à gauche) aux côtés de Robert Deixonne, 2002
[DR Archives personnelles de Georges Malet]

Georges Malet était le fils de Francis Malet, agent chef du personnel dans l’Éducation nationale, et d’Andrée Tarrius, coiffeuse puis mère au foyer. La famille comptait trois enfants : Georges et ses deux sœurs. Elle vécut à Montpellier (Hérault) jusqu’en 1969, puis à Perpignan (Pyrénées-Orientales). La fratrie fut élevée dans un esprit militant en rapport avec l’engagement des parents. Francis Malet fut résistant FTP, militant du syndicat général des personnels de l’Éducation nationale (SGPEN-CGT) et du Parti communiste français. Andrée Tarrius fut, elle-aussi, militante communiste.

Georges fut profondément marqué par les valeurs militantes inculquées par ses parents. Celles-ci prenaient place dans un environnement plus large où se côtoyaient les militants communistes. Georges fut notamment très proche de la famille de Jean et Germaine Gispert et de leurs enfants Roselyne, Richard et Roland. Richard Gispert, astrophysicien et dirigeant national du Parti communiste, fut le meilleur ami d’enfance de Georges. Il eut une grande influence sur la formation intellectuelle et politique de ce dernier.

Georges Malet effectua sa scolarité à Montpellier (Hérault) puis à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Les années 1960 furent celles des mobilisations en faveur de la paix au Vietnam, lutte qui inspira l’engagement de Georges. En 1967, sur la sollicitation de Richard Gispert, il adhéra à l’Union des jeunes communistes de France. Ils participèrent à la grande manifestation de la jeunesse communiste à Paris pour la Paix au Vietnam qui se tint la même année. Durant ses années lycéennes, Georges vécut le mouvement social de Mai-Juin 1968. Alors scolarisé au lycée Joffre de Montpellier, il participa activement à l’occupation de l’établissement pendant près d’un mois. Cette première expérience de la lutte sociale fut enrichissante mais éprouvante, rythmée par quelques affrontements avec les groupes fascistes et les menaces d’attentats à la bombe de l’OAS.

En 1968, avec Richard Gispert, ils adhérent au Parti communiste français et rejoignirent la section de Montpellier (Hérault). Georges continua de militer à l’UJCF dont il fut, de 1969 à 1972, le secrétaire pour le département des Pyrénées-Orientales. De 1971 à 1972, il siégea au comité fédéral du PCF des Pyrénées-Orientales au titre de ses responsabilités à l’UJCF.

En 1971, il termina sa scolarité par l’obtention d’un baccalauréat F1 spécialisé dans la « fabrication mécanique ». Au terme de ses études, Georges Malet exerça plusieurs « petits boulots » à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Pendant deux ans, il fut manutentionnaire aux halles, agent de service dans une station essence, bonnetier, saisonnier agricole, etc.

En 1973, il quitta l’Occitanie pour rejoindre la région parisienne. En février de la même année, il fut embauché comme contrôleur mécanique (OP2) dans l’usine Simca-Chrysler de Poissy (Yvelines) qui comptait alors près de 20 000 ouvriers. Dans cet établissement, il fut affecté au contrôle mécanique. Il y fit la connaissance de Jean-Louis Sayn, délégué syndical CGT de l’usine. Il croisa également la route de Robert Deixonne, originaire du même quartier de Perpignan (Pyrénées-Orientales), militant cheminot de la CGT, en poste en gare de Poissy, qui fut souvent chargé de distribuer des tracts du PCF et de la CGT dans les trains réservés aux personnels de Simca-Chrysler.

Ce fut en 1973 que Georges Malet sollicita Jean-Louis Sayn pour adhérer à la CGT. Georges résidant au foyer des jeunes travailleurs d’Achères-sur-Seine (Yvelines), Jean-Louis Sayn l’informa que plusieurs camarades de la CGT vivaient aussi dans ce foyer, notamment Jean-Claude Taillandier, Léon Gapihan, Jean-Pierre Hérin. Salarié de Simca-Chrysler, il fut au départ un militant clandestin tant la direction de l’entreprise réprimait l’engagement cégétiste avec la complicité des militants d’extrême-droite de la CFT. Lorsque Jean-Louis Sayn démissionna de l’entreprise, il lui proposa de prendre sa succession en tant que délégué syndical. Georges accepta. Il occupa la fonction jusqu’en 1976, année de son licenciement. En parallèle, il participa au secrétariat du syndicat de l’établissement de Poissy (Yvelines) et, aux côtés, de Bernard Goudron, secrétaire général, il s’engagea dans l’action interprofessionnelle au sein de l’UL-CGT de Poissy (Yvelines) dont il fut membre de la commission exécutive de 1973 à 1976.

Une nuit de janvier 1976, pour les besoins de la production, Georges Malet consulta des plans techniques de contrôle de pièces dans le bureau du responsable. Celui-ci ne travaillant qu’en journée, les clés de son bureau se trouvaient à la disposition de l’équipe de nuit. Néanmoins, le lendemain, Georges fut mis à pied pour avoir pénétré dans le bureau sans l’autorisation de son supérieur. Bien que fallacieux, ce motif suffit à la direction pour entamer une procédure de licenciement. En réunion du Comité d’entreprise, la direction de Simca-Chrysler obtint le licenciement de Georges grâce au vote favorable de tous les élus CFT et d’élus « autonomes ». Le ministre du travail de l’époque, Michel Durafour, se retranchant derrière le vote du Comité d’entreprise, ne s’opposa pas au licenciement bien qu’il releva, de toute évidence, d’une volonté d’attaquer la CGT dans l’entreprise.

Peu de temps après, Henri Rollin demanda à Georges Malet d’accepter de remplacer le camarade Jean Dupont, cheminot, militant CGT et communiste d’Achères-sur-Seine (Yvelines), à la direction de l’UD-CGT des Yvelines. Georges intégra donc le secrétariat de l’UD aux côtés de militants comme Henri Rollin, Louis Racaud, Alain Duron, Jean-Yves Gendron, Jacques Saint-Amaux, Kader Merzougui, Claude Guy, Serge Davoust, Gilbert Lauriac et Chantal Degraeve. Entre 1976 et 1979, il fut désigné délégué confédéral à la Vie Ouvrière pour ce département. Ce poste de permanent lui permit de s’investir plus intensément dans l’action militante et de renforcer l’implantation de l’organisation sur le département. En mars 1976, en raison de ses responsabilités politiques et syndicales, il participa à l’école centrale du PCF d’un mois à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne).

En 1980, sur sollicitation de la fédération du PCF des Yvelines, il accepta d’occuper la responsabilité de l’activité du PCF dans les entreprises du département. Il fut embauché par la Société d’édition des Yvelines (SEY), ce poste lui permit de continuer à militer. Dans son activité politique, il côtoya entre autres François Hilsum, Joseph Tréhel et Claude Pondemer. En octobre 1980, souhaitant se consacrer plus à ses deux enfants en bas âge, il quitta ses responsabilités à la fédération du PCF et son poste à la SEY. Sans emploi, bénéficiant du financement des ASSEDIC, il s’inscrivit en formation continue à la faculté de Sceaux (Hauts-de-Seine). En 1981, il y obtint le probatoire au diplôme d’expertise comptable supérieure.

Fin 1981 participant à une action de l’Union Locale CGT de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour obtenir des embauches aux ateliers SNCF du Landy, les camarades du syndicat CGT cheminots de Paris Nord incitèrent Georges à déposer sa demande d’embauche aux ateliers SNCF. En 1982, Georges Malet fut embauché à la SNCF en qualité d’Attaché 6B puis d’agent mouvement principal. Il fut affecté à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Il travailla en Ile-de-France jusqu’en 1989. Cette même année, pour des raisons familiales, il demanda à être muté pour la région de Marseille (Bouches-du-Rhône). Quelques mois plus tard, il fut muté comme chef de service en gare de l’Estaque à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il y demeura un an puis, de 1990 à 2007, il devint chef de secteur mouvement en gare de Rognac (Bouches-du-Rhône). En juillet 2007, Georges Malet fit valoir ses droits à la retraite.

À partir de 1983, Georges Malet milita à la fédération CGT des Cheminots. Cette même année, il fut sollicité pour intégrer le collectif Organisation de la fédération CGT des Cheminots dirigé par Robert Dardevet avec à ses côtés Jean-Paul Lahouse, Jeannette Levart, Thierry Roy. De 1983 à 1988, il fut membre du syndicat CGT des cheminots de Bécon-les-Bruyères qui devient ensuite le syndicat CGT « Paris-Banlieue » de la Région SNCF de Paris Saint-Lazare, né de la fusion des syndicats CGT de Bécon-lès-Bruyères avec celui de Puteaux (Hauts-de-Seine). Pendant cette période, il intégra aussi le secrétariat du secteur CGT de Paris Saint-Lazare. Après son départ pour la région marseillaise, il devint membre du secrétariat du syndicat CGT de Rognac de 1989 à 2007. À ce poste, il eut la bonne surprise de retrouver son camarade Robert Deixonne, secrétaire général, cheminot à l’Étang de Berre, qu’il avait connu à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et croisé à Poissy (Yvelines). A la suite du départ en retraite de Robert Deixonne, Georges assura la fonction de secrétaire général du syndicat CGT des cheminots de Rognac de 2002 à 2005. Par ailleurs, de 1993 à 2000, il siégea au secteur CGT de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) où il fut chargé des questions d’Organisation puis de l’activité revendicative. Il y côtoya, entre autres, Jean-Marc Coppola, Jacques Kupélian, Pierre Vallorani, Henri Bascunana, Joseph Grammatico et Lucienne Gay. Ce fut une période où il fut chargé de traiter deux dossiers. D’abord, le projet d’accord sur la généralisation des 35 heures qui nécessita l’organisation d’un vote à bulletin secret de tous les cheminots de la région PACA. Ensuite, un projet d’accord sur l’emploi des travailleurs handicapés. Il fut également élu délégué du personnel et membre du CHSCT à l’établissement Exploitation de Miramas (Bouches-du-Rhône), ainsi qu’élu du comité d’établissement régional de PACA.

Afin d’assurer au mieux l’ensemble de ses mandats, Georges suivit plusieurs formations syndicales : celle de 1er niveau en 1973, de 2e niveau, la formation spécialisée dans l’Organisation et celle dans les Salaires et la protection sociale. Il fut lui-même directeur de stages pour les questions d’Organisation et de CHSCT.

Venu le temps de la retraite, il continua à s’investir syndicalement. De 2007 à 2012, il fut secrétaire de la section CGT des cheminots retraités de Villefranche-Vernet-les-Bains, située sur la commune Fuilla (Pyrénées-Orientales). Puis, de 2013 à 2016, il fut secrétaire de la section CGT des cheminots retraités de Perpignan (Pyrénées-Orientales).

Début 1973, dès son arrivée en région parisienne, Georges fit la connaissance de Ghislaine Courayer dont le père travaillait aussi chez Simca-Chrysler. Le 4 juin 1976, Ghislaine et Georges se marièrent à Perpignan (Pyrénées-Orientales). L’organisation de cet évènement illustra le degré de surveillance et de peur que faisait régner la direction de l’usine Simca-Chrysler sur les syndicalistes. Afin de ne subir aucune représailles en présentant le certificat de mariage sur lequel figurerait le nom de Georges, le père de Gislaine Courayer, renonça à demander à l’entreprise les jours d’absence autorisés pour assister au mariage de sa fille. Il prit un congé sans solde de trois jours afin d’assister à l’évènement. Ghislaine Courayer travailla comme secrétaire administrative à l’Université Paris 7. Elle fut militante du PCF et trésorière de la section communiste de Berre-l’Étang (1992-2016). Le couple eut un fils, qui devint militant de la CGT et du PCF, et deux filles dont l’une devint cheminote, militante de la CGT et du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article252783, notice MALET Georges, Gustave par Nicolas Simonpoli, version mise en ligne le 15 mai 2023, dernière modification le 30 septembre 2023.

Par Nicolas Simonpoli

Georges Malet (à gauche) aux côtés de Robert Deixonne, 2002
Georges Malet (à gauche) aux côtés de Robert Deixonne, 2002
[DR Archives personnelles de Georges Malet]
Georges Malet, 2022
Georges Malet, 2022
[DR Archives personnelles de Georges Malet]

SOURCES : Arch. IHS CGT des Cheminots. — Notes de l’intéressé, 2022.

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