Par Nicolas Simonpoli
Né le 20 août 1948 à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis) ; cheminot, facteur puis cadre commercial ; syndicaliste CGT, secrétaire du secteur CGT des Centraux (1989-1993), secrétaire de l’UFCM-CGT (1987-1996), membre de la commission exécutive de l’UGICT-CGT (1983-1989), membre du bureau de la Fédération CGT des Cheminots (1990-2003), secrétaire de l’Union interfédérale des transports (1994-2003), représentant CGT au Conseil économique et social (1994-2001) ; militant communiste ; élu local à Villepinte (2001-2007).
Daniel Junker était le fils de Marcel Junker, ajusteur dans la métallurgie, et de Pauline Graux, vendeuse dans le commerce alimentaire. Ses parents étaient tous deux délégués de la CGT dans leur entreprise. Son père était également adhérent du Parti communiste français. La famille qui comptait trois fils vécut à Pantin (Seine-Saint-Denis) puis à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Daniel Junker effectua ses études primaires et secondaires en Seine-Saint-Denis. En 1963, il obtint son Brevet d’études du premier cycle au collège Auguste Crétier de Sevran puis il suivit une formation d’électro-technique au lycée Jean Zay d’Aulnay-sous-Bois.
En 1967, il fut embauché à la SNCF en tant que facteur à la gare de l’Est à Paris. Engagé dans la filière Exploitation, il connut un déroulement de carrière dans la direction commerciale de l’entreprise. En 1969, après avoir suivi la formation interne de taxateur, il accéda au grade d’employé qu’il conserva jusqu’en 1971. La même année, il fut nommé chef de groupe puis sous-chef de bureau en 1974. En 1979, il fut reçu à l’examen d’inspecteur commercial. Affecté aux directions centrales, il se chargea du contrôle des recettes et des taxes. En 1984, il devint vendeur national « charbon ». Ce poste consistait à négocier avec les fournisseurs et les clients, élaborer les contrats et organiser l’acheminement du charbon. Le marché représentait alors 27 millions de tonnes par an. Il occupa ce poste jusqu’en 1986, année où il fut détaché à la Fédération CGT des cheminots. Il conserva le statut de permanent jusqu’en 2003, année de son départ en retraite.
Au moment de son embauche à la SNCF, bien qu’il fut sensible aux orientations de la CGT, Daniel Junker eut quelques contacts difficiles avec un militant de son établissement ce qui ne l’incita guère à s’engager. Il franchit néanmoins le pas en 1978. Très vite, il prit des responsabilités. De 1978 à 1986, il fut secrétaire du syndicat de la direction commerciale marchandise où il assuma notamment la charge de la Propagande. À compter de 1982, il siégea au conseil national de l’UFCM-CGT puis, à partir de 1989, au secrétariat de l’organisation. La même année, il prit la tête du secteur CGT des Centraux, secteur dont il demeura secrétaire général jusqu’en 1993. Il fut remplacé dans cette responsabilité par Bernadette Catalogne. En parallèle de ses responsabilités dans sa corporation, il s’investit aussi dans l’action interprofessionnelle. De 1978 à 1986, il fut membre du bureau de l’Union locale CGT du IXe arrondissement de Paris et, de 1989 à 1992, du bureau de l’UD-CGT de la capitale. De 1994 à 2003, il participa au comité de l’URIF. En tant qu’élu de l’UFCM-CGT, Daniel Junker siégea également à la commission exécutive de l’UGICT-CGT de 1983 à 1989.
À la fin des années 1980, Daniel Junker accéda à des responsabilités nationales au sein de la Fédération CGT des cheminots. En 1987, il fut mis en service libre afin de prendre en charge l’activité syndicale dans l’entreprise au sein de l’UFCM. Son arrivée au siège de la CGT ne fut pas de tout repos, plusieurs militants d’extrême-droite s’étaient massés devant l’entrée pour protester contre le mouvement de grève de l’hiver. Trois ans plus tard, élu à la Commission exécutive et au Bureau de la Fédération CGT des cheminots, il prit en charge la coordination de l’activité syndicale cheminote en région parisienne et, à partir de 1994, la direction de l’Union interfédérale des Transports. Crée en 1980, cette structure regroupait les fédérations des cheminots, des transports puis de l’équipement et des marins. Elle avait pour ambition de coordonner leur action afin de faciliter l’émergence de revendications et de mobilisations communes. Cet objectif ne fut pas facile à réaliser, entendu que les modes de fonctionnement de chaque fédération demeurèrent largement cloisonnés. Néanmoins, l’organisation permit de nourrir des réflexions communes sur les enjeux du service public des transports, de l’organisation territoriale des mobilités ou encore de l’application des directives européennes. Autant d’enjeux où elle tenta de combiner les préoccupations des salariés et des usagers. Daniel Junker fut secrétaire général de l’UIT de 1994 à 2003, à ce titre il assura la fonction de directeur de la publication du Bulletin de liaison de l’UIT. Au terme de son mandat, Daniel Geneste lui succéda.
De 2000 à 2003, succédant à Louis Arraez, il prit en charge la question des réseaux et régies secondaires au sein de la direction fédérale. Cette mission s’ajouta à celle de représentant de la CGT au Conseil économique et social où il intégra la section des économies régionales et de l’aménagement du territoire puis, en 1998, sur proposition de Gérard Alezard, celle des relations extérieures. Au cours de ses mandats, il travailla sur les questions de la décentralisation, des délocalisations, des structures territoriales, des PME et TPE, des transports combinés, mais aussi sur l’aide aux pays en voie de développement, la construction européenne ou les relations entre pays du bassin méditerranéen.
Afin d’assurer au mieux l’ensemble de ses mandats, Daniel Junker suivit plusieurs stages de formation syndicale : élémentaire en 1978, UIT en 1993 et supérieur en 1998. Par ailleurs, il fut lui-même formateur sur les enjeux des transports, de l’action syndicale en direction des cadres et des questions économiques.
En parallèle de son engagement syndical, Daniel Junker fut aussi militant politique. En 1978, il adhéra au Parti communiste français. De 1981 à 1986, il fut secrétaire de cellule puis, de 1988 à 1997, secrétaire d’arrondissement à Paris et, enfin, de 1997 à 2014, secrétaire de la section de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Cet engagement le conduisit à siéger comme conseiller municipal à Villepinte de 2001 à 2007.
Daniel Junker fut également militant associatif. Adhérent de l’ARAC, il occupa le mandat de vice-président de la section de Villepinte et, à partir de 2015, il fut membre du Conseil national de l’organisation. Par ailleurs, grand sportif, il fut membre de l’Union sportive des cheminots de France et membre de l’équipe de France cheminote de rugby.
En 1975, il se maria avec Annie Courty, comptable à la Comédie française, déléguée CGT. Le couple eut deux enfants.
Par Nicolas Simonpoli
SOURCES : Arch. IHS-CGT des cheminots. — La Tribune des cheminots, numéros : 644, 681, 687, 711,745,748, 755, 760, 771, 781, 793. 1987-2002. — Renseignements fournis par l’intéressé, 2022.