Par Christian Mahieux
Née le 30 septembre 1958 à Chartres (Eure-et-Loir) ; cheminote, employée administrative puis surveillante de travaux ; syndicaliste CFDT puis SUD-Rail, déléguée du personnel (1984-2014), élue du Comité d’établissement de Paris Lyon (1984-1988), élue du CHSCT (2007-2014).
La mère de Brigitte Sourrouille, Jeannine, était sans profession. Son père, Roger, était cheminot et fut délégué de la CFDT. Le couple eut trois enfants. En plus de Brigitte, la fratrie comptait une fille, qui fut militante de la CGT et un fils, cheminot et militant Sud-Rail.
Brigitte Sourrouille effectua ses études primaires et secondaires en Île-de-France. En 1974, elle obtint le BEPC au collège Romain Rolland d’Ivry-sur-Seine, puis en 1976, un BEP mention Micromécanique, contrôle et régulation au collège enseignement technique Emile Boutroux à Paris. Elle poursuivit ensuite ses études par une Brevet en Micromécanique contrôle et régulation qu’elle obtint, en 1978, au lycée Jules Haag de Besançon (Doubs).
En 1979, Brigitte Sourrouille fut embauchée à la SNCF en qualité d’employée. D’abord affectée à la division du budget de la région Paris Sud-Est, elle rejoignit la section Équipement de Paris Lyon 2 en 1985. En 1989, elle devint surveillante de travaux, chargée des bâtiments jusqu’en 2007, puis des ouvrages d’art jusqu’à sa retraite en janvier 2015. En 2001, elle connut une mobilité géographique puisqu’elle fut mutée à l’établissement Équipement de Besançon (Doubs).
En 1980, Brigitte Sourrouille adhéra à la CFDT. Aux côtés de Sylvie Devant-Dianoux et Francis Dianoux, elle fit partie de la jeune équipe qui, par un intense travail de terrain, développa fortement le syndicat dans la fonction Équipement de Paris Sud-Est. Brigitte Sourrouille fut notamment très active lors des deux grèves nationales dites « de l’astreinte », qui eurent lieu en 1985 et en 1990-1991. En 1985, elle fut à l’origine du détournement de la chanson de Renaud, Miss Maggie, qu’elle dédicaça à une directrice du personnel de la SNCF. L’air fut chanté maintes fois dans les bureaux de la direction. De manière générale, dans les instances comme lors des mobilisations, elle n’hésita pas à interpeller la direction de manière très directe.
Le 10 décembre 1986, lors de la manifestation organisée suite à la mort de Malik Oussekine, tué par les voltigeurs de la police, alors qu’elle grimpait sur un abribus pour prendre des photos, elle aperçut Edmond Maire en tête de la manifestation. La présence du secrétaire général fut une surprise dans la mesure où la confédération CFDT avait initialement décidé de ne pas appeler à cette manifestation, contrairement à une partie de ses organisations confédérées, plus contestataires, telle l’Union fédérale des cheminots, la FGTE, l’UD-CFDT du Val-de-Marne. Brigitte apostropha donc Edmond Maire : « Qu’est-ce que vous faites là ? ». Le soir, sur la radio France-Inter, Arlette Chabot dont le secrétaire général de la CFDT était l’invité, l’interrogea sur cette anecdote. Il évacua la question en répondant que l’invective venait d’une « gauchiste ». Le lendemain, Brigitte Sourrouille envoya sa carte d’adhérent à Edmond Maire, en lui indiquant qu’elle n’était pas une « gauchiste » mais un membre de son organisation syndicale. Le secrétaire général lui retourna sa carte d’adhérente avec un mot d’excuse.
En décembre 1995, Brigitte Sourrouille participa au grand mouvement social contre le plan Juppé. Elle fut photographiée par un journaliste et sa photographie apparut dans les journaux Libération et L’Humanité Dimanche.
En janvier 1996, elle participa à la création du syndicat SUD-Rail sur la région Paris Sud-Est. Elle contribua au développement de celui-ci, et à son accès au statut d’organisation majoritaire dans les établissements Équipement de la région. Mutée sur la région SNCF de Dijon (Côte-d’Or), elle fit partie de l’équipe animatrice du syndicat et développa SUD-Rail sur son établissement de Besançon (Doubs). Tout au long de sa carrière, elle exerça également divers mandats représentatifs dans les instances SNCF. De 1984 à 2014, elle fut élue déléguée du personnel, de 1984 à 1988, elle siégea au comité d’établissement de la gare de Lyon puis, de 2007 à 2014, elle fut élue du CHSCT. Par ailleurs, au sein de l’organisation syndicale, elle participa à la liaison nationale Équipement de la fédération des syndicats SUD-Rail. Après son départ en retraite, elle fut membre du conseil d’administration de l’Union national des retraité.es Solidaires de 2016 à 2018.
Elle participa activement au mouvement des Gilets jaunes à Besançon.
Brigitte Sourrouille fut une grande sportive, elle pratiqua notamment la course à pieds et le ski avec le club de l’Est de l’Union Sportive des Cheminots de France (USCF). À ce titre, elle remporta plusieurs compétitions du championnat de Paris et du championnat national cheminot. Elle courait, parfois sponsorisée par la SNCF, au début des années 1990. Elle fit aussi partie du club-photo de l’Union artistique et intellectuelle des cheminots français (UAICF) de Paris Sud-Est. Elle était membre de l’Association sportive éducation populaire de Besançon (Doubs) et siégeait à son conseil d’administration.
Par Christian Mahieux
SOURCES : Archives personnelles de Christian Mahieux. — Brigitte Sourrouille, « Besançon : retraité∙es syndiqué∙es et Gilets jaunes »,Les utopiques, Syllepse, n°11, 2019. — Entretiens avec Brigitte Sourrouille, 2022.