Par Nicolas Simonpoli
Né le 29 juillet 1949 à Marsolan (Gers) ; cheminot, chef de bord ; syndicaliste CGT, membre de la commission exécutive du syndicat de Paris Austerlitz (1978-1988), secrétaire du secteur CGT de Paris Sud-Ouest (1989-2000), membre de la commission exécutive de la Fédération CGT des Cheminots (1990-2000), permanent du secteur Organisation de la Fédération CGT des Cheminots (2000-2003) ; militant communiste.
Les parents de Mario Nascimbene, Guy Nascimbene et Adèle Bergamo, étaient italiens. Ils s’installèrent en France après que leurs familles aient fui le fascisme mussolinien. Le grand-père paternel de Mario fut sympathisant du Parti communiste italien, jeune instituteur, maire de Robecco Pavese (Lombardie, Italie), il subit les persécutions et la torture des fascistes italiens. Avec sa famille, il émigra en France en 1924.
Les parents de Mario étaient agriculteurs sur la commune de Marsolan (Gers). Exploitant une ferme en métayage, ils produisaient des céréales, des betteraves sucrières et élevaient un cheptel bovin. La famille comptait deux fils. Après le décès du père, en 1957, elle s’installa à Blaziert (Gers) où elle poursuivit son activité agricole. En 1963, Mario obtint le Certificat d’études primaires à Condom (Gers) puis, pendant deux ans, il travailla dans l’exploitation familiale aux côtés de sa mère.
À partir de 1965, Mario travailla comme maçon dans le Gers. Il conserva ce métier jusqu’à son départ pour le service national en avril 1970. À son retour, un an plus tard, il fut embauché à la SNCF en qualité de manœuvre au triage de Saint-Jory (Haute-Garonne). En 1972, il changea de filière pour devenir agent de train (ADT). Affecté à Paris Austerlitz, il devint contrôleur de route puis, à compter d’octobre 1989, chef de bord. Cette année coïncida avec sa mise en service libre au titre de ses fonctions syndicales. Il conserva le statut de permanent jusqu’en juillet 2003. L’année suivante, Mario fit valoir ses droits à la retraite.
Mario Nascimbene adhéra à la CGT en avril 1972. Très vite, il prit des responsabilités au niveau du syndicat et des instances représentatives du personnel. Entre 1973 et 1986, il devint délégué à la sécurité puis, de 1975 à 1986, élu du comité mixte et enfin, de 1975 à 1988, délégué du personnel. Il s’investit également dans l’organisation syndicale. Secrétaire de la section technique des agents de trains, il devint membre de la commission exécutive du syndicat CGT d’Austerlitz de 1978 à 1988. Sur la même période, il fut secrétaire du comité technique ADT du secteur CGT de Paris Sud-Ouest et, à compter de 1984, secrétaire à l’Organisation dudit secteur.
Les années 1980 furent marquées par plusieurs mouvements revendicatifs à Paris Sud-Ouest. En 1981, lors d’une grève des roulants, Mario Nascimbene fut l’un des mandatés des contrôleurs pour négocier avec la direction régionale. Forts d’un mouvement très suivi, qui réunit près de 90% de roulants, les cheminots parvinrent à obtenir soixante embauches et la suppression des roulements dits « en repiquage ». Le repiquage consistait à enchainer une nuit de travail après un jour de repos hors résidence. Afin d’assurer au mieux cette négociation, Mario Nascimbene fut initié par ses camarades roulants à la construction de roulements à grille. Ce qui lui permis de justifier dans le cahier revendicatif l’embauche de nouveaux agents. La grève fut donc à la fois formatrice et victorieuse. Elle permit également à la CGT d’accroitre son audience puisque l’organisation put compter 29 nouvelles adhésions et connut une hausse de dix-sept points aux élections professionnelles suivantes. En 1982, Mario proposa également une réforme des congés protocolaires roulement afin que ceux-ci ne soient plus uniquement attribués en fonction de la situation familiale de l’agent, mais qu’ils puissent faire l’objet d’une rotation et de négociations. Soutenue par la CGT, la proposition fut retenue par la direction en 1983. En 1986, Mario Nascimbene participa à la grève de l’hiver au sein de son établissement d’Austerlitz, notamment aux côtés de Jean-Michel Sgorlon. Cette grève avec occupation des locaux de la direction dura plus de trois semaines.
De 1989 à 2000, Mario Nascimbene fut secrétaire du secteur CGT de Paris Sud-Ouest. À ce titre, il fut élu à la commission exécutive de la Fédération CGT des Cheminots de 1990 à 2000. En tant que dirigeant de secteur, il participa à plusieurs mouvements sociaux. Ce fut le cas de la grève de l’hiver 1995 au terme de laquelle il fut mandaté par les syndiqués et les grévistes pour mener les négociations avec le directeur de la région de Paris Rive-Gauche. Ces dernières aboutirent notamment à la titularisation de plus de soixante-dix agents sur l’ensemble des établissements de Paris Sud-Ouest. En 1998, il fut aussi l’un des protagonistes de la grève des agents de conduite qui démarra à Paris Sud-Ouest avant de s’étendre au plan national. Il eut alors à négocier avec la présidence de la SNCF et le ministère des Transports. Tout au long de ses années au secteur de Paris Sud-Ouest, il se mobilisa aussi contre la disparition du triage de Tolbiac (Paris), à la fois avec les cheminots et les usagers.
En 2000, Mario Nascimbene intégra le secteur Organisation de la Fédération CGT des Cheminots. En tant que permanent fédéral, il travailla aux côtés de Bernard Guidou au renforcement de la CGT. À compter de juin 2000, et jusqu’en mars 2003, il fut le représentant de l’Union régionale CGT Ile-de-France (URIF) au Conseil économique et social régional de l’Ile-de-France.
Afin d’assurer au mieux l’ensemble de ses mandats, Mario suivit plusieurs formations syndicales. Celles de Base en 1975, de niveau Moyen en 1980 et de niveau Supérieur en 1989. Il fut également formateur syndical en matière d’Organisation et de direction de syndicat.
Arrivé à l’âge de la retraite, Mario Nascimbene continua de militer. Il fut secrétaire de la section CGT des retraités de Brétigny-sur-Orge (Essonne).
En parallèle de son engagement syndical, Mario fut également militant politique. En octobre 1980, il adhéra au Parti communiste français. Il fut membre du comité de la section PCF du XIIIe arrondissement de Paris. Il milita également dans le monde associatif puisqu’il fut délégué d’immeuble pour la CNL entre mars 1980 et février 1985.
En 1975, il se maria avec Jacqueline Zampierri qui travailla comme agent de service en milieu hospitalier et scolaire puis comme nourrice agréée. Ils partagèrent la passion du cyclisme. Mario en qualité de dirigeant d’un club à Marcoussis (Essonne), Jacqueline en qualité de compétitrice aux performances remarquées dans le championnat FSGT avec, en particulier, un titre de championne de France en 1990. Le couple eut deux enfants qui travaillèrent, tous deux, dans le monde ferroviaire et militèrent à la CGT.
Par Nicolas Simonpoli
SOURCES : Arch. IHS-CGT Cheminots. — La tribune des cheminots, n°752, 1998. — Renseignements fournis par l’intéressé, juin 2022.