Par Paul-Emmanuel Babin
Né à Beni-Merai (aujourd’hui wilaya de Bejaïa) le 16 novembre 1927 , mort à Lausanne (canton de Vaud) le 6 novembre 2009 ; Militant du PPA-MTLD, responsable de la kasma de Lyon, collaborateur de Messali Hadj puis cadre national de l’organisation politique de la Fédération de France du FLN et de sa branche syndicale : l’AGTA ; Coordinateur politique du collectif des avocats de la FF FLN ; Responsable du comité de détention de la prison de Fresnes ; Après l’indépendance il est député puis nommé plusieurs fois ministre dans les gouvernements de Ben Bella et de Boumédiène ainsi que membre du Comité Central du FLN ; Figure de l’opposition en tant que responsable du RUR, ainsi que militant pro-palestinien et éditeur propagandiste du Baas irakien. Dirigeant de la Fondation du 8 mai 1945 et enfin Président du Conseil de la Nation (Sénat).
Bachir Boumaza est perçu tantôt comme un militant courageux tantôt comme un homme politique machiavélique. Son parcours tortueux traduit celui d’un militant expérimenté du mouvement national algérien, mais aussi d’un politicien aux ralliements successifs. Homme de réseau, sa position d’opposant politique est aussi équivoque que son positionnement politique vis-à-vis des régimes autoritaires. Affirmant des valeurs humanistes inspirées de Victor Hugo, il est aussi un homme à la recherche constante de placer son action dans les arcanes du pouvoir.
Bachir Boumaza est issu d’une famille de petits commerçants. Son père Mansour Boumaza tenait une droguerie-quincaillerie à Kerrata (aujourd’hui wilaya de Bejaïa) et sa mère Laldja Khaled décède précocement. Il a deux frères et cinq sœurs. Lui-même tient par alternance le commerce familial qui revient surtout à son frère Ali, alors que son second frère Noureddine vit à Paris.
Il mène ses études à Bougie (aujourd’hui Bejaïa) où il obtient son certificat d’études primaires et son brevet au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il étudie jusqu’à la classe de seconde, au lycée de Sétif puis à l’Ecole Pratique de Commerce et d’Industrie de Constantine. Son milieu social paraît relativement favorisé dans le cadre de l’avant-guerre dans l’espace colonial algérien.
Par le biais de son ami Boudjemline, il adhère au PPA (Parti du Peuple Algérien) clandestin au cours de ses études, en 1943. Boumaza est profondément marqué par le massacre colonial du 8 mai 1945 de Sétif, Kerrata et Guelma, à la suite duquel son village est bombardé par des tirs d’obus. Le village est rasé et les victimes auraient été entassées, sous ses yeux, dans des « fours à chaux ». Le 10 mai, il assiste au supplice sur la place publique de la famille Arab Hanouz, dont le chef de famille était le responsable local de l’Association de Culture et de Bienfaisance, dont il est membre.
Se sentant menacé par la répression, Boumaza se rend à Alger où il rencontre des militants comme Bennaï Ouali, Amar Aït Hamouda, Omar Oussedik, avec lesquels il sillonne l’Algérie. Il n’est pas anodin de relever que ces trois personnalités sont concernées par la « crise berbériste » au sein du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD), alors même que Boumaza aurait contribué, en tant que responsable politique de la région lyonnaise, à freiner la propagation de ce courant.
Entre 1947 et 1948, il s’installe en métropole à Montargis puis dans la région lyonnaise où il occupe divers emplois d’ouvrier d’usine de produits chimiques. Il monte à Paris où il devient rédacteur de la rubrique régionale du journal L’Algérie Libre, organe du MTLD.
Pour une raison inconnue il démissionne du MTLD et retourne en Algérie en 1952, où il a un commerce de bonneterie et se marie avec Fifi Aouchiche. Le couple a une fille en 1954. Toutefois, il semble que la tournée organisée pour Ahmed Messali, dit Messali Hadj , dans le sud-ouest de la France soit la raison de son départ. Identifié comme propagandiste attitré de Messali Hadj par la police, il fait partie des familiers du leader algérien, au point de se présenter comme son secrétaire particulier. Cette fonction est néanmoins contestée par Djenina Messali Benkelfat, la fille de Messali Hadj. En 1954, Boumaza est arrêté et détenu à la caserne de la Légion étrangère de Sétif en raison de son activité politique. Relâché, il est rapidement interné à Aflou (aujourd’hui wilaya de Laghouat) jusqu’en 1956 et passe donc les premières années de la guerre d’Algérie dans un camp.
Libéré, il retourne en métropole au printemps 1957, où il était cependant interdit. Il espère bénéficier de l’appui du docteur Lamine Debaghine qui avait été l’un de ses responsables dans la région de Sétif, caressant l’espoir de rejoindre le maquis. Pour y parvenir il se rend à Rome, où il prend attache avec Saïd Mouzarine, émissaire de Belkacem Krim et ancien pionnier dans l’installation de la FF FLN (Fédération de France du Front de Libération Nationale).
A Paris, il est détaché par le FLN à l’AGTA (Amicale Générale des Travailleurs Algériens), sous le nom d’Ali Nelili. Cette fonction lui permet de contacter un grand nombre d’ouvriers algériens travaillant en région parisienne. Boumaza semble avoir fait son entrée au FLN grâce au syndicaliste Embarek Djilani, qui avait été instituteur dans son village. Ce dernier aurait chargé Boumaza d’installer l’UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens) en France, sous le nom de l’AGTA, pour prendre langue avec les syndicalistes français et de réduire ainsi l’influence du syndicat messaliste l’USTA (Union Syndicale des Travailleurs Algériens). Boudissa Safi et Embarek Djilani étaient les principaux dirigeants de l’AGTA. Boumaza étant moins chargé du journal L’Ouvrier Algérien que de la rédaction de synthèses et de tracts sous la houlette d’Ahmed Oudjedi-Damerdji. Jusqu’à la dissolution de l’AGTA en 1958, Boumaza se présentait en tant que menuisier et syndicaliste.
Rallié au FLN, Boumaza donne un gage de ce ralliement, en revenant à Lyon où il échappe de justesse au lynchage par les messalistes pour leur avoir présenté leur leader sous un jour de débauche. Il aurait conservé par devers lui des factures correspondantes au train de vie dispendieux et aux mœurs dissolues du zaïm (guide). Cette version, démontrant la fourberie prétendue de Boumaza, était celle d’Ammar Ladlani, également cadre du PPA-MTLD dans la région lyonnaise et qui deviendra ensuite l’un des membres des comités fédéraux de la Fédération de France du FLN.
A partir du service social du syndicat, Bachir Boumaza prend en 1957, la charge du CSD (Comité de Soutien au Détenus) qu’il prétend avoir mis en projet, en lien avec le docteur Djilani Bentami, président du Croissant Rouge algérien. Cette branche sociale du FLN s’occupe des détenus politiques algériens et de leurs familles. Ce qui lui donne une grande connaissance de l’immigration. En 1958, il devient coordinateur du collectif des avocats de la FF FLN récemment formé. Il reprend alors cette fonction à Smail Mena évincé par Amar Ladlani. Bachir Boumaza travaille principalement avec l’avocat algérien Mourad Oussedik . Mais il se rapproche de Jacques Vergès qu’il a contribué à faire entrer dans le collectif malgré son passé de militant communiste. Dès cette époque, les deux hommes nourrissent une estime réciproque. Vergès évoque une amitié durable pour Boumaza, qu’il nomme encore sous son nom de guerre : Pascal.
En tant que coordinateur du collectif des avocats, Boumaza tient un rôle d’interface entre la tête du FLN et les avocats. Il rend compte de l’activité des juristes et se charge de transmettre les finances. Pour mener son action à bien, il a notamment pour agent de liaison Jeanine Mante, dite Anne Petit, membre du groupe du prêtre-ouvrier Robert Davezies . Pour assurer continuellement les liaisons, elle est alors logée dans une chambre mansardée du logement de l’avocat Oussedik. Néanmoins, cette proche collaboratrice de Boumaza considère ce dernier comme un « faux-jeton ». Quant au principal dirigeant de la FF FLN, Omar Boudaoud, il le tient pour un « intriguant ». Il n’en demeure pas moins que Boumaza est au cœur de réunions capitales pour le FLN. Par exemple, celle du 25 juillet 1958, au cours de laquelle il est décidé de porter le terrorisme sur le sol de la métropole. Boumaza met personnellement la main à l’entreprise de sabotage en recrutant l’ingénieur Belkacem Nabi, ingénieur pétrolier, afin qu’il échafaude les plans de l’attentat sur les réserves de pétrole de Mourepiane (département des Bouches-du-Rhône), ou de l’attentat contre un oléoduc entre le Havre et Paris. Il est possible qu’il puisse s’agir de l’attentat de Notre-Dame de Gravenchon (département de Seine-Maritime) qui avait reçu un commencement d’exécution.
Bachir Boumaza est écroué le 12 décembre 1958, soit dix jours après son arrestation réalisée par application d’un mandat d’arrêt du tribunal militaire d’Alger et est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour Atteinte à la Sûreté de l’Etat et reconstitution de ligue dissoute, deux ans plus tard. Il fait également l’objet de l’ouverture d’une information judiciaire sur commission rogatoire devant le juge civil Jacques Batigne. Une information est également ouverte par ce juge d’instruction à la suite des sévices infligés à Boumaza au cours de son arrestation par la Direction de Surveillance du Territoire (DST). Il est notable de constater que ce juge le tient en estime dans ses mémoires, en voyant en lui le futur ministre. En revanche, Boumaza le considère comme le représentant d’une justice aux ordres du pouvoir colonial. L’ordonnance de non-lieu rendue dans cette affaire fait l’objet d’une critique acerbe de l’historien Pierre Vidal-Naquet.
Lors de son arrestation, ses interrogatoires sont menés avec violence. Avec plusieurs autres militants algériens, pour la plupart étudiants, mais sous la coordination de Jacques Vergès, ils mettent en cause nommément le directeur de la DST, Roger Wybot. Celui-ci aurait assisté à des séances de tortures par le courant électrique, la noyade et les coups. Mais d’autres documents évoquent aussi Max Peyre comme officier menant les interrogatoires, assistés de Jean Potel et Jean Bonety ou le commissaire de la DST Robert Bigorre. A cette occasion, Boumaza est confondu sous les identités de David Lorine et de Chergui Hassen. Cette vague d’arrestations fait suite à l’affaire du démantèlement de la wilaya du Nord de la France, à l’été 1958. Les informations livrées par Boumaza dans un contexte violent sont de nature à mettre en cause le collectif des avocats de la FF FLN. Ces informations seront réutilisées pour constater l’atteinte à la sûreté de l’Etat contre plusieurs avocats, au cours du procès dit des avocats, en novembre 1961. Selon Vergès, face à ses tortionnaires, Boumaza aurait réussi à ne pas trop en dire sur l’avocat, ce qui aurait pu signifier pour celui-ci le risque d’une radiation.
Le récit des tortures dont sont victimes Bachir Boumaza, Moussa Kebaïli, Mustapha Francis, Ahmed Benattig (Benaïssa Souami) et Abdelkader Belhadj est publié aux éditions de Minuit. Sorti en 1959, cet ouvrage doit aussi être regardé en tenant compte du contexte de l’assassinat de l’avocat Amokrane Ould Aoudia, qui était l’avocat des étudiants algériens et qui s’apprêtait à faire le procès de la torture. Bien que cet ouvrage soit saisi, il circule grâce au journal Témoignages et documents qui en republie de larges extraits. De plus, l’éditeur engagé Nils Andersson le republie en Suisse, aux éditions de La Cité-Editeur, avec le sous-titre Appel au CICR (Comité International de la Croix-Rouge). Dès sa publication l’ouvrage fait surtout l’objet d’une polémique sur la question du mensonge allégué par le pouvoir exécutif. Les sources sont concordantes pour établir la réalité de la torture pratiquée contre les auteurs de ce livre. En revanche le livre passe sous silence l’arrestation de Denis Berger. En outre, les historiens interrogent aussi la question de l’exploitation du droit au mensonge et de son éventuel usage dans un cadre militant. La rédaction de La Gangrène soulève une nouvelle réinterprétation pour les historiens, car Boumaza insiste surtout sur l’affirmation de la virilisation préservée du combattant algérien face à la figure du policier français, qui se délecterait dans diverses atteintes de nature sexuelle, soit à l’aide d’objets ou du courant électrique. Moins de dix ans après, Boumaza maintient, avec aplomb, ses accusations contre la police, dans un documentaire diffusé à la télévision française. Il répond alors à la publication des mémoires du juge Batigne. Ce n’est que bien plus tard que Moussa Kebaïli se livre à une pénible controverse mémorielle posthume… Il tente de revigorer l’accusation de mensonge à l’encontre de Boumaza, en affirmant que celui-ci n’a pas été torturé. Cependant, l’accusation ne résiste pas au témoignage de Mustapha Francis, une autre victime. Néanmoins ce dernier propose, en creux de son témoignage, une analyse de la dimension psychologique de l’interrogatoire sous la torture, où chacun prétendrait a posteriori avoir éprouvé davantage de sévices que son compagnon d’infortune. Cette posture peut servir d’autojustification au fait d’avoir donné davantage d’informations au cours des interrogatoires.
Dès son incarcération Boumaza tente d’organiser les détenus de Fresnes dont il prend la tête en tant que principal responsable. Il est la cheville ouvrière de la première grande grève de la faim de l’été 1959. Celle-ci s’étend pendant près d’un mois, avec une interruption, mais elle conduit l’administration pénitentiaire à suspendre la distribution d’eau. Brièvement transféré, Boumaza retrouve la prison de Fresnes, où il connait un régime semi-politique (régime A) étendu à la Deuxième division. Cela amène la constitution d’un comité de détention dont il prend assez logiquement la direction avec Moussa Kebaïli. Il met en place des cours d’alphabétisation pour les détenus. L’influence de ce comité dépasse le cadre de la prison de Fresnes. Grâce aux transferts des détenus, un condamné comme Mohand Zeggagh revendique son affiliation au comité de Fresnes et à Boumaza pour réorganiser un comité de détention à Loos (département du Nord). Boumaza devient un interlocuteur privilégié pour les avocats, comme pour les représentants du Ministère de la Justice, tel qu’Hervé Bourges ou encore des visiteurs de marque comme Simone De Beauvoir qui exprime sa honte d’être Française, face aux stigmates des tortures sur le visage de Boumaza. En tant que représentants des détenus, Boumaza et Kebaïli sont cités comme témoins au procès intenté contre l’écrivain engagé Georges Arnaud. Néanmoins, à la prison de Fresnes, le comité de détention est contesté pour son autoritarisme. Boumaza est remplacé par Khouadjia Youssef, dit Hamada Haddad, directement nommé par le Comité Fédéral de la FF FLN. Mais contrairement aux affirmations d’Hamon et de Rotman, Boumaza reste bien dans une autre division de Fresnes et ne rejoint pas, à l’inverse de Kebaïli, les « huiles du FLN ». Lesquelles étaient à « l’infirmerie annexe » de Fresnes, avec un régime encore plus favorable.
Boumaza échafaude un plan d’évasion dont il ne se serait ouvert qu’à Mohamed Boudiaf qui aurait failli le faire échouer au profit d’une autre tentative. Le 24 octobre 1961, Boumaza met son plan à exécution. La ruse dont il fait preuve avec Laurent Bossi (un détenu de droit commun) pour s’évader est soulignée dans la presse. Bénéficiant de la complicité d’une avocate, il s’évade en accompagnant son codétenu grimé en gardien, alors que lui faisait mine d’effectuer de menus travaux. Toutefois lors de sa sortie, il ne peut compter sur aucune aide du FLN et se rend donc au siège de l’AEMNA (Association des Etudiants Musulmans Nord-Africains), au 115 boulevard Saint-Michel, où d’après lui, il ne peut que compter sur son ami Aouisset. Par la suite, il quitte Paris en utilisant une soutane de l’abbé Laloy, un prêtre belge, familier de l’anticolonialiste Jean Van Lierde, auprès duquel Joyce Blau s’est faite émissaire. La surprise de son évasion amène ses codétenus à le considérer dorénavant comme un « renard », en raison de la ruse dont il aurait fait preuve. Bien plus tard, Boumaza doit même rétablir son honneur en raison des accusations diffamatoires de Ferhat Abbas qui avait sous-entendu que l’administration pénitentiaire lui aurait donné des facilités pour cette évasion, afin de s’en débarrasser. Boumaza obtient la condamnation d’Abbas en justice. Ce dernier doit modifier les insinuations contenues dans son livre l’Indépendance confisquée. De surcroît, selon Ali Haroun, les accusations formulées par Abbas, en 1992, sont dépourvues de fondement au regard des archives.
Alors que les manifestations algériennes à Paris renforcent la présence policière dans les rues, Boumaza se rend en Belgique par le biais du réseau belge. Il est alors hébergé par le groupe de soutien du Belge Maurice Beerblock. Froidement accueilli par Ali Haroun et Amar Ladlani, Boumaza n’obtient pas satisfaction à sa demande de réintégrer un poste en France, alors même que la tête de sa structure parisienne vient d’être entièrement démantelée. Marri de l’hostilité manifestée par Ladlani, Boumaza doit se contenter de se cacher en RFA, jusqu’à l’indépendance.
Au lendemain du congrès de Tripoli marquant la fin de l’union sacrée entre les chefs du FLN, Boumaza rejoint secrètement le groupe de Tlemcen. Il souhaite rallier Ahmed Ben Bella dans sa marche vers le pouvoir, menée tambour battant, mais empreinte d’illégalité. Les membres du Comité Fédéral de la FF FLN apprennent par voie de presse son ralliement. Dans les mois qui suivent l’indépendance Boumaza aurait envisagé d’amener, par la force des armes, les membres du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et le groupe de Tizi-Ouzou, devant Ben Bella. En ce sens, il aurait entrepris des démarches avec Mohamed Boudia , ancien membre de l’Organisation Spéciale, qui l’en dissuade. Son plan était de tenir en joue le GPRA, grâce à une mitrailleuse dans un camion bâché, à la sortie d’un cinéma (sans doute le Majestic à Alger) alors lieu de réunion du GPRA. Mohammed Harbi confirme également cette conspiration tramée par Boumaza, avec l’aide d’Omar Haraigue, et dans laquelle Harbi s’était senti piégé. Le ralliement de Boumaza au groupe de Ben Bella lui permet de devenir, dès le mois de juillet 1962, commissaire national à l’Information et à la Propagande. En août, il devient l’un des adjoints du colonel Bou Bnider, chargé de maintenir, sans succès, la cohésion de la wilaya de Constantine, dans l’intérêt de Ben Bella. Le 20 septembre 1962, Boumaza est élu député de Bône (aujourd’hui Annaba) à l’Assemblée Constituante. Au cours du même mois, il rejoint le premier gouvernement algérien en tant que ministre du Travail et des Affaires sociales et ministre de l’Économie nationale. Son ministère se charge notamment de l’autogestion. En janvier 1963, il s’implique personnellement pour phagocyter l’UGTA (Union générale des Travailleurs algériens) au cours de son premier congrès. Manifestement peu soucieux de son passé de syndicaliste, il contribue même à écarter des syndicalistes comme Boualem Bourouiba.
En 1964, Boumaza conduit la Délégation algérienne pour les négociations avec la France. Il s’occupe notamment de l’épineux problème de la vente du vin algérien que la France refuse. Il s’agit alors de l’un des deux principaux produits agricoles exportés par l’économie algérienne balbutiante. En avril 1965, Boumaza dirige les débats du premier congrès du FLN et est élu aussitôt membre du Comité Central et du Bureau Politique. A ce titre, il joue un rôle important dans la rédaction de la Charte d’Alger d’avril 1964. Boumaza s’attribue une villa luxueuse et mène un train de vie dispendieux avec sa nouvelle épouse. Ce qui sera confirmé par Ben Bella, des décennies plus tard, au détour d’une interview. Après avoir vécu en RFA une relation amoureuse avec l’une de ses avocates, il ignore totalement celle-ci lorsqu’elle décide de le rejoindre en Algérie, abandonnant alors son cabinet pour un poste d’enseignante. Elle se déclare révulsée par le mépris qu’il manifeste désormais envers elle-même et vis-à-vis des femmes.
Homme lige de Ben Bella, il se retourne immédiatement contre ce dernier lors du coup d’Etat du colonel Houari Boumédiène. Il vilipende alors Ben Bella, et Boumédiène l’en récompense en le nommant ministre de l’Information et membre du Conseil National de la Révolution. Pour réussir dans cette mission, Boumaza sollicite le journaliste Hervé Bourges pour qu’il devienne son directeur de cabinet. Son action correspond aussi à la fin de l’aventure des journalistes engagés de Révolution Africaine. Un périodique que Boumaza connaît tout particulièrement pour avoir fait partie de la toute première équipe de rédaction liée à Jacques Vergès. Dans le premier numéro de Révolution Africaine, Boumaza a signé sa première collaboration aux côtés d’artistes comme Kateb Yacine ou Nazim Hikmet ou d’avocats tels qu’Amar Bentoumi ou Marcel Manville . Tous sont imprégnés à des degrés divers d’idéal communiste. Quant à Boumaza, il peut s’enorgueillir de ses contacts suivis avec la CGT pour coller à cette ligne éditoriale de Révolution Africaine. Dans le sillage d’un tiers-mondisme triomphant sous Ben Bella, Boumaza réactive des contacts amicaux avec des leaders de l’opposition marocaine. En l’occurrence, il est proche de Mohamed Basri qu’il a pu appuyer au besoin. A la fin de cet âge d’or de Révolution Africaine, Boumaza propose de nouveaux titres de presse consensuels comme Alger ce soir et Algérie Actualité mais qui feront long feu. En revanche, il met en chantier un projet audacieux en proposant la mise en place d’un « Festival National de Folklore ». Projet que son successeur Mohamed Benyahia réussit ensuite à transformer en « Festival Panafricain ». Ministre de l’Information de Boumédiène, Boumaza n’hésite pas à pratiquer la langue de bois, lors de la publication du brûlot de Bachir Hadj Ali dénonçant la torture pratiquée par le nouveau régime (L’Arbitraire).
En septembre 1966, Boumaza quitte précipitamment l’Algérie via la Tunisie. L’organe officiel du parti unique, El Moudjahid, fait apparaître sur la manchette de l’une de ses éditions, l’accusation de détournement de deniers publics, sous le titre « l’Enfer Boumaza ». Bachir Boumaza dément cette accusation dans la presse française (Le Monde), en demandant habilement un « arbitrage neutre » qu’il ne peut de toute façon pas obtenir du régime algérien. Il s’ensuit que l’ancien ministre fait dorénavant figure d’opposant politique à ce qu’il considère désormais comme la dictature de Boumédiène. On ignore cependant si la rupture est totale avec Boumédiène dans les années qui suivent. Toujours est-il que Boumaza rejoint Mohamed Bejaoui, dans l’OCRA (Organisation Clandestine de la Révolution Algérienne). Avec Mohamed Lebjaoui et Hocine Aït Ahmed, Boumaza proteste contre l’assassinat de Mohamed Khider. Il démissionne de l’OCRA en mai 1967. Il appartient ensuite au RUR (Rassemblement Unitaire des Révolutionnaires), dont il fait figure de principal chef de file. En réalité cette organisation également dénommée « Nouveau FLN » est dirigée politiquement par Saad Abssi . Une branche armée est confiée à Mohamed Boudia. Installé en Suisse, Boumaza semble avoir été l’argentier de cette organisation qui, au départ, avait pour objectif de supplanter l’influence du gouvernement algérien sur l’immigration. Nous ignorons tout d’éventuels financements par la banque du pronazi François Genoud. En revanche, il est possible d’affirmer que Bachir Boumaza se rend régulièrement de Zurich à Paris, pour des soins dans les années qui suivent, laissant entendre que sa présence est clandestine vis-à-vis des autres membres du RUR. Mais il bénéficie en fait d’une légère protection policière française. Sous l’impulsion de Boumaza, le RUR redéfinit ses actions en privilégiant les liens avec les indépendantistes palestiniens. Boumaza aurait exploité ses anciens contacts en tant que ministre algérien et recueille l’estime de Georges Habache et de Yasser Arafat qui voient dans le RUR un allié. Le Mossad ne s’y trompe pas en assassinant, en 1973, Mohamed Boudia par un attentat à la voiture piégée à Paris. Néanmoins, en ce qui concerne Boumaza les années suivantes démontrent que son véritable soutien est le parti Baas irakien de Saddam Hussein. La menace planant sur Boumaza, associée à sa nouvelle stature internationale, conduit le président Boumédiène à lui offrir un logement en Algérie. Un bien que Boumaza accepte pour mettre sa famille à l’abri, mais qu’il conserve ensuite durablement. Le diplomate Hafid Kerramane aurait servi d’intermédiaire entre Boumaza et Boumédiène. Quant à la Palestine, Bachir Boumaza s’enorgueillit de ses contacts multiples tant avec l’activiste Wadie Haddad qu’avec le Fatah de Yasser Arafat. En 1992, lors des funérailles du président Boudiaf, Arafat aurait demandé à rencontrer Boumaza, se désintéressant alors peu ou prou du reste de la classe politique algérienne.
Au début des années 1970, Bachir Boumaza ouvre, à Lausanne, une « société d’études et de réalisation éditoriales » dénommée : la SARTEC. Si l’on se penche sur le catalogue de cette maison d’édition l’on constate que tous les ouvrages portent sur l’Irak et qu’ils sont parfois coédités par le ministère de l’Information de ce pays. De plus, il s’agit non seulement d’ouvrages sur la culture de l’Irak mais également d’ouvrages de propagande en faveur de l’idéologie du régime irakien. Bien que certains s’inscrivent dans une orientation progressiste, par exemple sur les femmes irakiennes, d’autres sont de vulgaires ouvrages au service du culte de la personnalité du dirigeant irakien. L’entreprise de Boumaza fonctionne jusqu’à la guerre du Golfe. Lorsque celle-ci menace, Boumaza se rend à Bagdad pour rencontrer Saddam Hussein et potentiellement proposer les bons offices de l’Algérie pour envisager un retrait des troupes irakiennes du Koweït. Il en revient en tant que véritable thuriféraire, en affirmant par exemple qu’Hussein n’est pas un dictateur ou un tyran, car il laisserait même son peuple s’armer sans crainte pour sa vie. Pour Pierre Vidal-Naquet, Boumaza futur « numéro 2 du régime des généraux en Algérie » est alors le principal « lobbyiste de Saddam Hussein » en Europe. En 2003, Boumaza fait feu de tout bois pour encourager la diplomatie française à se désolidariser de l’entreprise anglo-américaine belliqueuse en Irak. Il ne serait d’ailleurs pas resté inactif, à l’approche de la visite du président Jacques Chirac à Alger, en mars 2003.
Dans le prolongement de ses activités irakiennes, Boumaza développe, comme Saad Abssi, des contacts avec les milieux chrétiens. Il avait naguère noué des contacts avec le MIR (Mouvement International de Réconciliation) qui réunissait notamment des pacifistes chrétiens. En mai 1970, il est d’ailleurs l’un des orateurs du Congrès du MIR, à Mulhouse. Il partage la tribune avec le professeur au Collège de France, François Perroux. Dès cette époque, Bachir Boumaza se pose en ennemi de l’islamisme dans un ouvrage intitulé Ni Emir, ni ayatollah. Son livre est diffusé en pleine guerre Iran-Irak. Il y défend une forme de laïcité. L’ouvrage est publié en français par les éditions catholiques Cana, ainsi qu’en espagnol et en italien.
Dans les années 1980, la timide ouverture démocratique de Bendjedid Chadli permet à Boumaza de réinvestir la scène politique algérienne. Dans un premier temps, il se contente de suivre la formation de l’Association des moudjahidines la FF FLN. Mais il entretient des rapports conflictuels avec certains dirigeants tels que Ladlani ou Haroun. Toutefois, il s’associe immédiatement à la création de la Fondation du 8 mai 1945. Cette fondation a vocation à faire connaître le massacre de Sétif-Guelma-Kerrata, sa région natale. En Algérie, cette journée ne devient une journée de la mémoire qu’en 2021. Ce jour est l’aboutissement du projet de Boumaza, mais son nom est néanmoins effacé de toutes les commémorations officielles. Pour certains historiens français la création de cette fondation poursuit aussi un objectif politique, celui de la repentance de la France pour ses crimes coloniaux. A cet égard, il est permis de considérer que cette fondation s’inscrit dans la droite ligne de la défense de criminalisation du colonialisme par Jacques Vergès. L’argumentation d’une telle défense vient tout juste d’être médiatisée par le procès du nazi Klaus Barbie, en 1987. Boumaza ne tolère cependant pas l’équivoque sur ce criminel nazi. En privé, il n’hésite pas rudoyer les tenants d’un discours antisémite ou pronazi dans les rangs de partisans, plus ou moins surfaits, de la cause palestinienne. Par son passé de militant, plus que celui d’homme d’État, Bachir Boumaza incarne réellement la Fondation du 8 mai 1945. Parmi les membres fondateurs, l’on relève aussi Saïd Mouzarine, le recteur Brahim Ghafa, Youssef Ferhi et Makhlouf Aouli. L’objectif affiché par la Fondation est d’obtenir la reconnaissance des crimes coloniaux comme crimes contre l’Humanité, indépendamment de la loi d’amnistie française. En Algérie, l’activité de cette fondation, également appelée Institut d’étude du génocide de mai 1945, reçoit un écho favorable en organisant de nombreuses conférences avec la jeunesse et les universitaires.
Toutefois, la Fondation du 8 mai 1945, lui sert aussi de marchepied pour revenir aux affaires publiques. La révolte de la jeunesse en 1988 lui avait certes déjà permis de revenir dans la coulisse de la vie politique comme membre du Comité Central du FLN postindépendance. Il s’était même présenté aux législatives, avant que les élections ne soient interrompues en 1992. Après l’assassinat de Mohammed Boudiaf et l’achèvement de la mission du HCE (Haut Comité d’État), les élections portent le militaire Liamine Zéroual au pouvoir. L’action de ce dernier est soutenue par Boumaza. En retour, il lui propose la présidence du Conseil National de Transition. Boumaza décline cette proposition mais accepte en 1997 la fonction de président du Conseil de la Nation (Sénat). Il devient le deuxième personnage de l’Etat, au moment de la fin de la traversée du désert de son rival Abdelaziz Bouteflika. Bachir Boumaza est la cheville ouvrière du premier voyage de Bouteflika en France. Particulièrement à l’aise dans les sphères du pouvoir Boumaza se fait davantage apprécié que son rival, au militantisme surfait et sans doute moins cultivé. Peu soucieux du respect des institutions, le président de la République Bouteflika empiète régulièrement sur les prérogatives du Sénat. Il s’ensuit que le mandat de Boumaza est écourté à trois ans au lieu des six ans prévus. Dans un journal intitulé L’Opinion, Bachir Boumaza évoque de manière vipérine la piètre estime dans laquelle il tient Bouteflika, estimant que son « ambition était inversement proportionnelle à sa taille ». La nature rancunière de Bouteflika entraîne l’ostracisme de Boumaza. Ses dernières interventions politiques répondent à la loi française du 23 février 2005 qui évoque les bienfaits de la colonisation. Selon l’analyse de Bachir Boumaza cette loi relèverait d’un « révisionnisme » colonial propre à une entreprise négationniste.
Boumaza passe ensuite les dernières années de sa vie entre l’Europe et la résidence d’Etat du Club des Pins dans la grande banlieue d’Alger. Au cours de cette période, il participe à des projets culturels sur la vie de Victor Hugo. En 2002, il est notamment invité à s’exprimer sur cette question par le Sénat en France et n’hésite pas à donner la réplique radiophonique au journaliste et biographe d’Hugo, Jean-François Kahn. Dans le même temps, il participe aussi à des films documentaires tels que ceux, en 2003, de son ami Hervé Bourges, devenu entretemps l’un des grands patrons de l’audiovisuel en France (Un parcours algérien) ou de Barbet Schroeder, sur Jacques Vergès (L’avocat de la terreur) présenté au festival de Cannes en 2007.
Il meurt entouré de sa femme, sa fille et son fils, sans jamais avoir pu achever le manuscrit de ses mémoires. De son vivant, Boumaza est devenu persona non grata en Algérie. L’image même de son homonyme, le cheikh Boumaza, figure de la résistance du XIXe siècle, semble en pâtir sous le régime de Bouteflika. A sa mort, Boumaza bénéficie des honneurs officiels et est inhumé dans le carré très officiel de la nécropole algéroise d’El Alia. Sa mémoire est cependant peu à peu effacée. L’organe officiel du régime, le journal El Moudjahid, a bien organisé une réunion publique autour de son nom, mais en faisant intervenir principalement des personnalités ne l’appréciant guère ou des seconds couteaux de la FF FLN. Enfin, en 2017, la soutane utilisée pour son évasion est révélée au public à la Bibliothèque Nationale d’Algérie, en présence de l’archevêque d’Alger Henri Tessier, ami de Boumaza. Cependant, seule la presse belge s’intéresse à cet objet et le Musée national du Moudjahid à Alger, ne montre aucun empressement à recueillir dans ses collections un objet du culte catholique, qui plus est porté par Boumaza. Il est permis de dire que le musée abandonne opportunément l’objet dans les mains de l’ambassadeur de Belgique de l’époque. Ainsi le pouvoir finissant de Bouteflika inaugure l’effacement du souvenir de Boumaza et de son livre La Gangrène qui, à la suite de La Question, avait pourtant été au cœur de la dénonciation de la pratique systématique de la torture.
Par Paul-Emmanuel Babin
OEUVRE : Boumaza, Bachir, Belhadj, Abd el Kader, Francis, Mustapha, Souami Benaïssa, Kebaïli, Moussa, La Gangrène, Paris, Minuit, 1959 (réédité à Lausanne par La Cité-Editeur en 1959). — Boumaza, Bachir, Ni émir, ni ayatollah, Paris, Cana, 1984. — Boumaza, Bachir, Mémoires, s.l, s.n, s.d.
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