échos d’histoire

Les sociétés africaines et le monde

L’Afrique a de longtemps été connectée au reste du monde et rien n’est plus faux que cette mythologie qui en a fait un continent à part, longtemps étranger à la globalisation. Une des questions au concours de l’agrégation en 2023 et 2024 est d’ailleurs ainsi formulée : « Les sociétés africaines et le monde une histoire connectée : 1900-1980 ». Or le « Maitron Afrique » est riche de notices d’Africains et Africaines qui ont voyagé, ont fait des études hors du continent, ont noué des contacts à travers le monde, se sont réunis en Europe ou en Amérique du Nord, ont visité la Chine, ont participé à des évènements mondiaux.

La série de notices mises en ligne en novembre 2023 en fournit, s’il en était besoin une preuve éclatante, et propose de possibles et utiles exemples aux agrégatif.ve.s . Qu’il s’agisse de celles sur les conférences et congrès panafricains, tenus en Angleterre ou en France, sur la section algérienne du PCF, qui bientôt s’autonomise ou de celles retraçant la vie de militant.e.s comme l’angolais Viriato da Cruz qui s’exile à Pékin, dans cette Chine qu’il admire, et y meurt ; du guinéen Fodéba Keita dont la troupe fait le tour du monde, et qui sera assassiné par Sékou Touré ; de Sékou Touré lui-même qui a été député au parlement français et mourra aux Etats-Unis. Et les femmes aussi sont connectées. Prenons l’exemple de la malienne Aïssata Coulibaly , membre du Mouvement mondial des partisans de la paix ; ou de la malgache Gisèle Rabesahala qui passe son enfance entre la France, la Tunisie et le Mali, participe à des congrès mondiaux à Lausanne ou à Helsinki. Pascale Barthélémy a bien mis en valeur les réseaux féminins auxquels participent les Africaines dans son livre Sororité et colonialisme : Françaises et Africaines au temps de la guerre froide (1944-1962)(Editions de la Sorbonne, 2022). Et bien sur les Africain.e.s circulent à travers le continent, ce à quoi avaient d’ailleurs contribué les politiques impériales peu soucieuses des frontières territoriales. Toujours est-il que le panafricanisme, très présent dans les notices dont il est ici question se nourrit aussi de la réalité des contacts et des voyages.

Même si la plupart des biographies ou événements qui font ici l’objet de notices s’inscrivent dans le XXeme siècle, et correspondent donc à la période de la question d’agrégation, l’insertion de l’Afrique, des Africain.e.s dans le monde est bien antérieur. C’est largement l’objet du livre de François-Xavier Fauvelle et Anne Lafont, L’Afrique et le monde : histoires renouées (La Découverte, 2022). Le champ chronologique couvert s’étend de la préhistoire (!) jusqu’au très contemporain.
Pour nourrir la réflexion sur l’Afrique connectée, il ne faut pas hésiter à consulter ces notices récemment insérées, ou d’ailleurs également de plus anciennes.

Par Françoise Blum, Sara Panata, Ophélie Rillon et Florence Wenzek

Les sociétés africaines et le monde
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