AVRIL Joseph, Louis, Jean

Né le 7 juin 1807 à Steinach (Tyrol), mort le 27 février 1878 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) ; instituteur socialiste, représentant de l’Isère à l’Assemblée législative de 1849.

Joseph Avril était le fils d’un officier français, ce qui explique sa naissance en pays occupé. Peu avant la révolution de 1848, il devint instituteur dans l’Isère et se dévoua aux idées démocratiques et socialistes. Aux élections législatives de 1849, il fut élu représentant de ce département, sur la liste démocrate socialiste par 60 129 voix (inscrits : 160 450, votants : 105 869). Il s’installa alors à Paris, 97 rue de Grenelle-Saint-Germain. Le 11 juin, il appuya, de son vote, l’interpellation de Ledru-Rollin sur les affaires de Rome. Le 13 juin 1849, il signa l’appel de la Montagne : « Au peuple français, à la garde nationale et à l’armée. La Constitution est violée, le peuple se lève pour la défendre. La Montagne est à son poste. Vive la République ! Vive la Constitution ! » Parallèlement, il adressa une lettre aux Grenoblois les informant de la rébellion parisienne, et ce fut la pièce maîtresse de l’accusation. Le 15, il fut décrété d’accusation par l’Assemblée. Il s’échappa. Une perquisition infructueuse fut effectuée à son domicile. Il se cacha d’abord en Belgique, puis en Suisse.
Avec Boichot, Cœurderoy, Pyat, Rolland, etc., il fut l’un des partisans de venir au procès du 10 octobre 1849 pour « redire à la face de la France ce qu’ils avaient dit le 13 juin : que ce pouvoir a violé la Constitution », mais qui s’abstinrent pour « nous soumettre, nous minorité, à l’avis de la majorité » (cf. La Gazette des Tribunaux, 14 octobre 1849). Il partageait près de Lausanne la vie de ses camarades, Boichot, Cœurderoy, etc., auxquels s’en joignirent d’autres comme Raspail. Avec Ernest Cœurderoy, il avait entrepris une série d’Études sociales sur les diverses institutions du canton de Vaud qui parurent dans la Voix du Peuple, en avril et mai 1850, dans le Peuple en octobre 1850 et dans le Vote universel en janvier 1851.
En février 1851, le procureur général de Besançon le signalait comme un des réfugiés les plus actifs de Suisse, avec Boichot*, Félix Pyat*, Thoré* etc., en relations avec Arney, secrétaire général de l’association chartiste anglaise. Ivan Golovine, réfugié russe, Cottet, un des chefs des sociétés secrètes de Paris. De leur collaboration commune sortit L’Almanach de l’Exilé, imprimé à Paris, et répandu dans l’Est.
À Lausanne, il avait signé le 17 mars 1851 avec seize autres proscrits une protestation contre l’expulsion de Suisse du patriote vénitien Varé. Une semaine plus tard, avec ses amis, il fut à son tour expulsé.
Il publia les Mémoires d’un enfant du peuple. « C’est un roman social et un roman d’aventures où l’on voit affleurer toute l’idéologie laïque et républicaine avancée de la première partie du siècle. La fin de l’histoire a pour cadre un des villages créés par les colons européens recrutés pour la mise en valeur des forêts du Venezuela et dénonce l’exploitation de ces colons par les entrepreneurs. » (M. Vuilleumier.)
Avril vécut aussi à Londres, où il prit part à la fondation, avec Félix Pyat* et Caussidière*, d’une société de proscrits : « La Commune révolutionnaire », qui publia toute une série d’écrits politiques et notamment, d’Avril, des Lettres au peuple français, à l’armée, au peuple américain, au peuple russe, à la bourgeoisie. En 1853, Louis Avril, qualifié homme de lettres, fut inscrit sur la liste des accusés dans l’affaire du complot de « La Commune révolutionnaire ». Le 22 juillet 1853, par contumace, il fut condamné à 10 ans de prison, 6 000 F d’amende, 10 ans de surveillance.
Il gagna, plus tard, le Venezuela et la Guadeloupe. Peu avant de mourir, il avait fondé une école libre à Pointe-à-Pitre.
Voir Jean-Baptiste Boichot*, Marc Caussidière*, Felix Pyat*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article25504, notice AVRIL Joseph, Louis, Jean , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

ŒUVRE : Collaboration à L’Almanach de l’Exilé. 1850. — Lettres au peuple français, à l’armée, au peuple américain, au peuple russe, à la bourgeoisie. — Mémoires d’un enfant du peuple, par Louis Avril, proscrit, ex-représentant du peuple, avec une préface de Félix Pyat, Genève, impr. de P.A. Bonnant, 1852, in-12, 367 p.

SOURCES : Arch. P.Po. À a/434 et fichier alphabétique. — Pascal Rhaye, Les Condamnés de Versailles, Paris, 1850 (52). — I. Tchernoff, Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français. — M. Vuilleumier, « Trois lettres inédites d’Ernest Cœurderoy », International Review of Social History, vol. XI (1966), Part 2. — Thèse de Hans Bessler, La Suisse et la France de 1848 à 1852. — Notes de N. Richter, R. Skoutelsky et M. Vuilleumier.

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