BAC Théodore [BAC Jean-Baptiste, Théodore]

Né le 14 avril 1809 à Limoges (Haute-Vienne), mort le 30 mai 1865 à Paris ; avocat ; saint-simonien, représentant de la Haute-Vienne sous la Seconde République.

Fils d’un avoué, Théodore Bac fit ses études au collège royal de sa ville natale, puis son droit à Paris. Il entra alors en relation avec les milieux saint-simoniens et suivit assidûment les conférences de la rue Monsigny. Revenu à Limoges en 1830, il y fonda aussitôt une église saint-simonienne. Le Globe du 20 février 1832 reproduit une lettre où, en tant que « membre de la hiérarchie saint-simonienne », il proteste contre l’anti-saint-simonisme de la Gazette du Limousin. En 1833, il accueillit la mission ouvrière venant de Nantes, qui comprenait trois ouvriers : Rives*, Garnichou* et François Mathivet*. Quelques semaines plus tard, il comparut en correctionnelle, à l’occasion d’un « charivari », organisé contre le nouveau préfet, accusé d’être hostile aux insurgés polonais de 1831. Défendu par un jeune avocat saint-simonien, Moïse Retouret*, il fut condamné à 24 heures de prison (25 juillet 1833). Suzanne Voilquin* indique qu’il lui écrivit en août 1834 encore pour se déclarer en accord avec les positions de Prosper Enfantin* et celles de la Tribune des femmes.
Sa notoriété s’affirma dans de nombreux procès de presse qui lui fournirent l’occasion de plaidoiries brillantes où il attaquait la monarchie de Juillet et affirmait ses convictions républicaines, même quand il plaidait pour le journal légitimiste, La Gazette du Limousin, de son ami La Guéronnière (1836). Il défendit notamment : L’Émancipation de Toulouse, Le Radical de Cahors, L’Aspic de Toulouse, L’Union provinciale du Puy-de-Dôme. Il intervint, également, dans les grands procès criminels de l’époque : il défendit Mme Lafarge (1840), il plaida pour la partie civile dans l’affaire Marcellange : en première instance contre Rouher, en appel contre Lachaud.
Très populaire dans les milieux ouvriers de Limoges, il ne cessa de s’associer à toutes les campagnes de l’opposition, en particulier pour une réforme électorale. Il fut un des organisateurs du banquet réunissant un millier de souscripteurs autour de Pierre Leroux*, le 2 janvier 1848. Il devint membre du Comité administratif provisoire constitué à Limoges le 25 février, à la nouvelle de l’abdication de Louis-Philippe, et membre de la Société Populaire créée le lendemain ; il fit fonction de maire à la tête d’une Commission municipale remplaçant l’ancienne municipalité. Le 5 avril 1848, avec Pierre Talabot*, il développa, devant la Société Populaire, un plan d’organisation du travail. Le 8 avril, il fut nommé maire de Limoges, il le restera jusqu’en novembre 1848.
Candidat de la Société Populaire aux élections du 23 avril 1848, il fut élu à la Constituante, le troisième sur huit, par 38 778 suffrages (inscrits : 82 278 ; votants : 61 130). Lors du mouvement populaire provoqué le 27 avril par les ouvriers de Limoges, mécontents du résultat des élections tel qu’il apparaissait au cours des opérations de dépouillement, il réussit à faire désarmer un rassemblement de gardes nationaux bourgeois. À la demande du préfet, il entra au Comité administratif qui exerça, du 27 au 30 avril, le pouvoir à Limoges, au nom de la population ouvrière et démocratique. Après la démission du Comité, il réussit à empêcher la hausse du prix du pain. Il obtint du Gouvernement l’envoi de 300 000 F, pour soutenir l’industrie et les Ateliers nationaux de Limoges. Grâce à une intervention du ministère, il ne fut pas compris dans les poursuites intentées à l’occasion des événements du 27 avril, ce qui lui permettra de défendre trois inculpés : les frères Marcellin Dussoubs* et Denis Dussoubs-Gaston*, ainsi que François Villegoureix*, devant la cour d’assises de Poitiers.
À la Constituante, Théodore Bac siégea à l’extrême gauche. Lors des Journées de Juin, avec ses collègues représentants : Pascal d’Aix*, Eugène Baune*, Louis Bonjean*, Ducloux, Antony Thouret*, « il rivalisa d’efforts, pour sauver une centaine de prisonniers que la garde mobile venait de faire » (Arch. P.Po.). Il monta à la tribune pour attaquer le projet de loi intentant des poursuites contre Louis Blanc* et Marc Caussidière*, à la suite de l’affaire du 15 mai. Le 1er septembre, il vota contre le rétablissement de la contrainte par corps ; le 18 septembre pour l’abolition de la peine de mort ; le 2 novembre pour le droit au travail ; le 23 novembre contre les félicitations au général Cavaignac ; le 27 décembre pour la suppression complète de l’impôt sur le sel.
En novembre 1848, il plaida devant la cour d’assises du Calvados pour les ouvriers de Rouen inculpés à la suite des émeutes survenues dans cette ville à l’occasion des élections du 23 avril. Vingt-huit furent acquittés « grâce aux efforts et à l’éloquence de deux représentants de la Montagne. Théodore Bac et Hippolyte Détours* ». (Arch. P.Po.). Voir Durand-Neveu*.
En novembre 1848, également, il fonda à Paris la Solidarité républicaine, association destinée à éclairer les électeurs pour les élections de 1849 et remplacée, au début de 1849, par la Propagande démocratique et sociale, qui possédait une filiale à Limoges. Le 13 mai 1849, il fut élu à l’Assemblée législative par la Seine (112 259 voix) et par la Haute-Vienne (second de la liste, par 36 609 suffrages), il opta pour ce dernier département, et siégea toujours à la Montagne. Le 11 juin 1849, il appuya de son vote l’interpellation de Ledru-Rollin contre l’expédition de Rome, mais son nom ne figure pas au bas de l’appel lancé, le surlendemain, par ses collègues de l’extrême gauche.
Après, le 13 juin 1849, qui privait le parti montagnard de plusieurs députés, il fut, à l’Assemblée, un des hommes les plus en vue de ce parti. Le 19 février 1850, il intervint, à la tribune, pour justifier l’amendement de Jules Leroux à l’article 82 de la loi Falloux. Tant à Paris qu’en province, il mit son talent d’avocat au service des démocrates en lutte contre la politique réactionnaire de l’Assemblée et contre la politique tortueuse de l’Élysée : 13 mars 1850, plaidoirie à Paris pour Ducoux ; 1851, à Agen, pour de Lesseps accusé de complot, à Nevers pour Jules Miot* et deux autres représentants.
Il s’opposa au coup d’État aux côtés de Victor Hugo* et fut compris dans le décret du 11 janvier 1852 qui expulsait soixante-six députés du territoire français. L’amitié d’Edgar Ney, prince de la Moskowa, pour qui il avait plaidé peu de jours auparavant, lui permit de rester à Paris et de reprendre sa place au barreau.
En 1864, peu de temps avant sa mort, il se serait, d’après I. Tchernoff (ouvr. cité, p. 410) opposé à la candidature d’Henri Tolain*.
Voir Hugues Pouzi*. Pour la Propagande démocratique et sociale, voir Jules Ballard*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article25543, notice BAC Théodore [BAC Jean-Baptiste, Théodore] , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 3 avril 2020.

SOURCES : Arch. P.Po., A a/428. — S. Voilquin, Souvenirs d’une fille du peuple, ou la Saint-Simonienne en Égypte, éd. or. Paris, 1866, p. 183. — Paul Parrelon, le secrétaire de Bac, lui a consacré après sa mort une notice biographique rédigée et publiée à Paris (in-18, 45 pages, Paris, Retaux, 1867, 8° Ln27 23414.) L’exemplaire de la Bib. Mun. de Limoges porte cette mention manuscrite : « L’auteur de cet ouvrage, M. Paul Parrelon, a été pris, les armes à la main, par des soldats des troupes de Versailles et fusillé immédiatement ». — G. Duveau, La Pensée ouvrière sur l’éducation sous la Seconde République et sous le Second Empire, Paris, Domat, 1948, p. 37. — I. Tchernoff, Le parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire, Paris, Pedone, 1901. — A. Robert, E. Bourleton, G. Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, 1789-1889, Paris, Borl, 1891 — Notes de P. Régnier.

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