BALLON Arthur ou BALLON Félix, Arthur

Fils d’un officier payeur à l’armée d’Italie devenu receveur municipal à Epinal, Arthur Ballon fit ses études à Paris au collège Henri IV, puis à l’école de Droit, et fut reçu avocat. À l’âge de 18 ans, il entra en relations avec le jeune avocat Mathieu, d’Épinal, qui lui fit partager ses idées babouvistes et son admiration pour le vieux révolutionnaire Buonarroti*. Dès 1833, il était membre de la Vente de la « Charbonnerie démocratique universelle », fondée par Mathieu à Epinal, et, le 5 avril 1834, il signait, comme secrétaire, la protestation de la Société des Droits de l’Homme d’Epinal contre la loi sur les associations, manifeste dans lequel la société déclarait qu’elle ne se soumettrait pas. Il semble cependant qu’il se trouvait à Paris à cette époque, car d’après les dossiers de la Cour des Pairs celui de l’étudiant en droit Félix Arthur Ballon qui fut inquiété à la suite des journées d’avril et bénéficia d’un non-lieu est un dossier parisien.
C’est dans un esprit identique à celui qu’il manifesta en 1834 qu’il collabora, en 1840, au journal communiste parisien, La Fraternité, avec Charassin* et Pierre Martin*. Il publia, également, un abrégé du livre de Buonarroti : Système politique et social des Égaux, ainsi qu’une notice biographique « ornée d’un portrait du vieux révolutionnaire qu’il n’a pas voulu laisser aux profanes le soin de lithographier ». Dans les Vosges, en 1845, il signa l’appel aux souscripteurs pour la fondation d’un journal démocratique : Le Courrier des Vosges. Il fut aussi un des organisateurs du banquet réformiste du 11 novembre 1847, à Epinal.
Sa notoriété et les services rendus par lui à la cause républicaine expliquent qu’il fut nommé, avec Quillot*, commissaire de la République dans le département, du 20 mars au 20 juin 1848. Il échoua aux élections d’avril à la Constituante. Le 23 novembre 1848, il participa, avec Mathieu, à l’occupation par la force de l’Hôtel de Ville d’Epinal, à l’issue de laquelle une réunion de partisans de Cavaignac fut dispersée aux cris de : « Nous ne voulons pas de Cavaignac ! Vive Raspail* et le drapeau rouge ! » Un Comité central démocratique et social fut alors formé dont Ballon fut nommé vice-président par acclamations. Voir Legros*.
L’année suivante, Ballon était membre de la Commission provisoire de la « Solidarité électorale des travailleurs », chargée, en août 1849, de la fondation d’un journal. Il rentra dans l’ombre après le coup d’État et vécut de ses rentes dans sa maison de la place Saint-Goéry. La police le surveillait et, en 1855, le considérait encore comme un homme dangereux.
Sur ses vieux jours, vers 1875, Ballon fut nommé conservateur de la bibliothèque de Nancy. Il s’était marié en 1847.
Le révolutionnaire qui, en 1840, avait aussi un peu concouru à la rédaction du National, était devenu un aimable érudit, « lettré et patriote » ainsi que le qualifie Charton dans ses Souvenirs de 1848. Il publia, en particulier, des Éphémérides vosgiennes, très appréciées. Voir Aubry*, Jean-Baptiste Chevalier*, Mathieu d’Épinal*.