BATBIE Anselme, Polycarpe

Né le 31 mai 1828 à Seissan (Gers), mort le 12 juin 1887 à Paris ; professeur de droit et d’économie politique aux facultés de Dijon, de Toulouse, puis de Paris ; démocrate de 1848, magistrat de l’Empire, député et ministre orléaniste de la Troisième République, sénateur du Gers.

Anselme Batbie était un ardent républicain en 1849 quand il devint auditeur au Conseil d’État. Il demeura peu de temps auditeur et républicain. La suite de ses palinodies politiques avec, pour les couronner, son appartenance au ministère de l’Ordre moral ne nous intéresserait pas s’il n’avait pas aussi joué un rôle dans l’histoire de la coopération.

Pour lutter contre le socialisme, les sociétés coopératives étaient tenues après 1860 pour « le plus sûr et le plus généreux des remèdes » dans de nombreux cercles conservateurs et notamment dans celui qui se réunissait à Paris autour de Casimir Perier. En Allemagne, Schultze-Delitzsch semblait obtenir en particulier par la coopération des résultats importants contre la social-démocratie en cours d’organisation. Batbie fut envoyé comme chargé de mission pour étudier « l’expérience » Schultze-Delitzsch, non par le cercle Casimir-Perier, mais aux frais du ministère de l’Instruction publique et de l’Institut. Il en revint en 1864 avec un mémoire : Le Crédit populaire, in-18, LIV + 300 p. Diviser le crédit, le rendre bon marché, encourager toutes les formes pratiques d’activité économique et sociale chez les ouvriers, favoriser l’aisance et l’enrichissement des plus aptes, autant de moyens de contenir les turbulents et les médiocres. Opposer les ouvriers les uns aux autres, c’était à cela que revenait en fin de compte, si l’on prend la peine de parcourir ses écrits, l’apport « théorique » de Batbie, adaptation banale du « Zucker-sozialismus » allemand.

Anselme Batbie multiplia les conférences en France sur ces thèmes, à la Sorbonne, devant l’Association polytechnique de Paris, devant l’Association polytechnique et philotechnique de Lyon. À Lyon, en 1865 et 1866, il eut à deux reprises pour auditeurs les militants des coopératives. Il participa en 1865 à des travaux préparatoires de réforme du Code de commerce. Le projet de loi qui fut élaboré et qui aurait donné aux sociétés coopératives un statut juridique, dans le cadre général de la libre concurrence, n’aboutit pas à une loi. Batbie rédigea en 1868, avec Michel Chevalier, les statuts des Caisses syndicales qui visaient à rendre le crédit accessible, dans des conditions facilement praticables, aux artisans, aux petits commerçants et aux petits industriels. Batbie niait l’importance des crises de surproduction pour anéantir les effets de mesures d’encouragement à une « promotion » économique et sociale des plus chanceuses. Il s’en tenait d’ailleurs en matière économique au pur et simple libre-échangisme de Bastiat, qu’il citait fréquemment dans son Économie politique, Paris, 1866, in-8°, 2 vol. Lorsqu’il revint à Lyon devant l’auditoire ouvrier de la Société d’enseignement professionnel créée en 1864 par l’ancien saint-simonien Arlès-Dufour, il ne convainquit pas celui-ci qu’on pouvait ne pas toucher au capitalisme et toucher à la condition ouvrière. On le lui fit sentir poliment.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article25927, notice BATBIE Anselme, Polycarpe , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 10 octobre 2021.

SOURCES : Casimir Perier, Les Sociétés de coopération, Paris, 1864, in-8°. — Syndicat du Crédit. Exposé général, Paris, au Syndicat du Crédit, 1, rue Grange-Batelière, 1868. — Société d’enseignement professionnel, brochure in-8° de 24 p., Lyon, s. d. — A. Robert, E. Bourleton, G. Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, 1789-1889, Paris, Borl, 1891.

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