BEAU Jacques [né BOST Jacques]

Par Louis Hincker

Né en 1823 à Saint-Marcel, près de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Typographe à l’Imprimerie nationale. Républicain, membre de sociétés secrètes et mutuelles. Militant très actif pendant la Révolution de 1848 et sous le Second Empire.

Fils de Claude Bost, scieur de long, et d’Henriette Girardot, Jacques Beau, ouvrier imprimeur-typographe à l’Imprimerie nationale depuis 1838, avait appartenu à des sociétés secrètes républicaines et à des sociétés de secours mutuel, sous la monarchie de Juillet. Condamné à la transportation pour avoir participé aux Journées de Juin, puis gracié, il reprit son poste à l’Imprimerie nationale. En 1849, il fut arrêté pour avoir pris part à la manifestation du 13 juin et libéré. Il perdit sa place en 1850 « à cause de ses opinions », selon un rapport de la préfecture de police de 1881. Au moment du coup d’État de décembre 1851, on saisit chez lui, à Paris, 3 rue de Thorigny, en même temps qu’une canne à épée, une grande quantité « d’emblèmes séditieux et d’écrits anarchiques », dont : « une statue en plâtre de 70 à 80 cm de hauteur représentant une déesse de la liberté coiffée d’un bonnet phrygien, un fusil devant elle, à ses pieds un tas de pavés et tenant dans la main gauche un livre ouvert sur lequel était gravé constitution française de 1848, et au dessus écrit à l’encre : suffrage universel 1852. Deux gros médaillons en plâtre représentant Robespierre et Saint-Just. Trois lithographies sous verre représentant les montagnards L. Blanc, Thoré, Ledru-Rollin, Blanqui Aug., Martin Bernard, Cl. Pelletier, Germain Sarrut. Un acte d’adhésion à l’ex Banque du Peuple et cinq billets hypothécaires sur les associations fraternelles et égalitaires réunies », « des chansons et des poésies politiques ». Il fut alors, en attendant d’être déporté à la Guyane, envoyé d’abord au bagne de Toulon. Il tenta de s’évader. Finalement transporté en Algérie à partir de février 1854, d’abord au fort Saint-Grégoire d’Oran, puis à la colonie de Sidi-Brahim, il bénéficia de l’indemnisation de 1859 au moment où il était employé chez un imprimeur à Alger ; il retrouva son emploi à l’Imprimerie nationale à partir de 1862, et y était encore en 1881.
Il bénéficia de l’indemnisation de l’indemnisation des victimes du 2 décembre en vertu de la loi du 30 juillet 1881
Selon son dossier de la commission militaire de juin 1848, Jacques Beau était devenu, après la révolution de Février, à laquelle il avait participé, sous-lieutenant de la VIe légion de la garde nationale parisienne. Il avait été également délégué par ses camarades de travail à la Commission du Luxembourg. Manifestant du 16 avril, du 15 mai, une partie de sa compagnie de la garde nationale lui manifesta alors de l’hostilité et il ne rejoignit pas son poste le 23 juin. Des témoins le désignèrent comme tirant avec un fusil sur la troupe le 25 sur les barricades de son quartier (rue de Crussol, rue d’Angoulême, rue du Grand-Prieuré quai Valmy) « vêtu d’une redingote et d’un képi d’officier ». Il donna en 1849 sa signature à une demande de mise en accusation du ministère Ferdinand Barrot. Sa condamnation de 1852 était due surtout à la propagande socialiste intense qu’il faisait en Saône-et-Loire, expédiant de Paris, brochures et pamphlets.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article26036, notice BEAU Jacques [né BOST Jacques] par Louis Hincker, version mise en ligne le 23 juin 2015, dernière modification le 21 janvier 2017.

Par Louis Hincker

SOURCES : Arch. Nat., F 7*/2587. — Arch. Nat., Demande de grâce BB30. —475. Arch. Min. Guerre, A 2703 et B 647. — CAOM, Service Pénitentiaire 10 G 1, et Archives du département d’Oran 3064. — Arch. Nat., loi du 30 juillet 1881, F15 4085. — État civil.

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