BÉCHET Joseph

Par Jean Risacher

Né vers 1808 à Rondefontaine (Doubs) ; compositeur d’imprimerie ; républicain révolutionnaire ; membre de la Société des droits de l’Homme et de sociétés secrètes.

En 1831, Joseph Béchet habitait 1 rue des Arcis (VIe arrond. ancien, maintenant rue Saint-Martin, IVe) et travaillait dans un journal. Il participa aux émeutes liées à l’anniversaire du 14 juillet, fut arrêté le 15 et, inculpé de coups, outrages et cris séditieux, fut transféré à Sainte-Pélagie le 11 août 1831. Demeurant 16 rue de Seine (Xe arr. ancien, maintenant Ve), il fut arrêté de nouveau et, inculpé de tentative de meurtre, menaces verbales, débit et port d’armes prohibées, séjourna à La Force du 1er au 18 mai 1833.

Joseph Béchet fut membre de la Société des droits de l’Homme. Demeurant 4 rue des Ciseaux (Xe arr. ancien, actuel VIe), arrêté le 14 avril 1834, il fut incarcéré à Sainte-Pélagie le 19 et inculpé le 2 mai de participation à un attentat contre l’État sur ordre de la Cour des pairs. Il fut libéré sur ordonnance de la Cour pour non-lieu, le 26 septembre 1835. Cependant, d’après l’Inventaire de la Cour des pairs, il ne semble pas avoir de dossier à la Cour des pairs, mais c’est probablement lui qui est cité dans celui de Charles Thomas. Il y a parfois confusion dans l’Inventaire et même les registres d’écrou avec le Dr Édouard Béchet*, inculpé et condamné de Lunéville, ainsi qu’avec le relieur Tell Bescher*, dans d’autres circonstances.

Joseph Béchet fut ensuite membre de la Société des Saisons puis des Phalanges démocratiques et, habitant 32, rue Saint-Sauveur à Paris (Ve arr., maintenant IIe), célibataire, il avait tenté avec Stanislas Vilcoq* de faire reparaître Le Moniteur républicain. Mais après la publication de deux numéros, il fut arrêté le 8 juillet 1839, comparut avec Vilcoq et Jules Allard* devant la cour d’assises de la Seine le 29 novembre 1839. Ils étaient accusés d’avoir attaqué les jugements de la Cour des pairs concernant les insurgés de mai 1839 dans des manuscrits qui devaient être insérés dans Le Moniteur républicain. Pierre Leroux témoigna en sa faveur à son procès de 1839. Leroux l’avait employé trois mois au journal Le Globe, lui avait confié des sommes considérables et n’avait eu qu’à se louer de sa probité.

Béchet fut condamné pour crimes politiques le 30 novembre à 5 ans de prison et autant de surveillance. Il entra au Mont-Saint-Michel le 19 décembre 1839 et connut tous les affres de la vie des détenus. Quoiqu’ayant pris le parti de Blanqui — c’est lui qui affubla Armand Barbès* de qualificatifs peu amènes comme « La marmite » ou « Le colon de la Guadeloupe » ou encore « le Nicolas d’outre-mer », faisant allusion à certaines tendances absolutistes, et Martin Bernard* « son digne préfet de police, le natif de Montbrison » ou « Roussel-Martin-Bernard », dénonçant les agissements d’un « gouvernement plus ignoble encore que celui de la rue de Jérusalem » —, il semble cependant qu’il ne se soit pas spécialement fait remarquer. Dans une lettre adressée à un certain Jacob — peut-être Sébastien Jacob* — il décrit la vie des détenus et les luttes intestines, reconnues d’ailleurs par Jeanjean, le biographe de Barbès. Dans cette lettre, il se réjouit de la création de La Réforme du 22 juillet 1843 dont il avait été averti par Vilcoq, sorti du Mont-Saint-Michel en octobre 1842. Bénéficiant de la remise de peine, il quitta le Mont le 10 octobre 1844.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article26091, notice BÉCHET Joseph par Jean Risacher, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 13 novembre 2020.

Par Jean Risacher

SOURCES : Arch. Dép. Paris (Seine), Registres d’écrou DY4/7-1876 (1831) ; DY4/16-277 (1833) ; DY8/8-1176 (1834). — Cour des Pairs, Affaire des 12 et 13 mai 1839. Rapport fait à la Cour par M. Mérilhou, Imprimerie royale, 1839-1840. — Cour des Pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 603 d 1 n° 159. — L. Nouguès, Une condamnation de mai 39, Paris, Dry aîné, 1850. — E. L’Hommedé, Le Mont-Saint-Michel, prison politique sous la monarchie de Juillet, Paris, Boivin, 1932. — M. Dommanget, Auguste Blanqui. Des origines à la Révolution de 1848. Premiers combats et premières prisons, Paris, Mouton, 1969. — C. Latta, Un républicain méconnu, Martin Bernard, 1808-1883, Saint-Étienne, Centre d’Études foréziennes, 1980. — J. Grandjonc, Communisme/Kommunismus/Communism. Origine et développement international de la terminologie communautaire prémarxiste des utopistes aux néo-babouvistes, Trier, 1989, p. 155. — L.-A. Blanqui, œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable