BECKER Pierre, Félix

Né le 26 thermidor an VIII (14 août 1800) à Reims (Marne), mort le 14 juillet 1854 en déportation à Batna (Algérie) ; ouvrier menuisier, chansonnier ; combattant révolutionnaire de juillet 1830 à Paris, d’août-septembre 1830 en Belgique, de 1831 à Varsovie, de février et de juin 1848 à Paris.

Il fut mis en apprentissage à onze ans, puis travailla dans plusieurs régions de France : sous la Restauration, on le trouve menuisier à Méru (Oise), puis, en 1827, dans la région de Blois, enfin participant à la construction d’une féculerie à Fief-Corbin (?).
Il semble avoir eu ses premiers démêlés avec la police pour avoir chanté, sur le théÎtre de Neuilly-en-Thelle (Oise), des chansons tirées d’un recueil qu’il venait de publier, Le Siège du Paradis, « macédoine infernalico-diabolico-comique », où il tournait les saints en ridicule. Pour cela, il fut arrêté le 23 novembre 1819, condamné à trois mois de prison et à 300 F d’amende.
Il accourut de Méru (Oise) pour participer aux Trois Glorieuses. Il fut le principal organisateur à Paris d’une légion belge qui prit une part active au mouvement révolutionnaire de libération de la Belgique. Chef de l’état-major du général Mellinet, il assista à l’affaire de Berghem contre les Hollandais. Ses connaissances techniques lui permirent de diriger la construction d’un pont volant pour l’attaque de la citadelle d’Anvers. Mais un conseil de guerre belge le condamna pour faux ordres et pour faits politiques. Il aurait été gracié par le Régent sur intervention de Béranger.
De retour en France, il fut arrêté « à maintes reprises pour ses manifestations socialistes ». En mai 1831, le chansonnier Béranger intervint de nouveau pour le défendre. Il partit alors combattre aux côtés des insurgés polonais, se battit à Varsovie, dut s’enfuir en août 1831, passa l’Oder à la nage, mais fut arrêté pour vagabondage par les autorités prussiennes de Silésie, le 13 septembre.
RelÎché le 26 novembre, il regagna la France et adhéra à la Charbonnerie. Il fut arrêté à Fismes, le 24 novembre 1832, pour complicité dans l’attentat du Pont-Royal contre Louis-Philippe du 19 novembre, dit du « coup de pistolet ». Il resta incarcéré durant sept semaines dans la prison de ChÎteauThierry (Aisne), pendant lesquelles il adressa la lettre La Liberté individuelle sous le régime de la Charte-Vérité à ses amis qui la firent publier, et se vit, au bout du compte, condamné à 16 F d’amende pour port illégal de décorations. « Victime cosmopolite du despotisme », comme il se définissait, il fut condamné en 1835 à un an de prison pour offense au roi, et en 1844 à un an pour association illicite dans l’affaire de la rue Pastourelle (VIIe arr., maintenant IIIe). Ingénieur mécanicien breveté pour un nouveau système de pont en fer suspendu à grande portée (1845), il vivait à Paris comme homme de lettres.
En 1848, il n’obtint aucun secours de la Commission des récompenses nationales qui lui tint grief de s’être séparé de ses coaccusés lors du procès de 1844, en s’élevant contre leurs opinions communistes. Il présida le Comité des patriotes belges et invita dans divers journaux les Belges à s’enrôler dans la légion dont s’occupent également Blervacq et Graux. Après l’échec de « l’invasion » de la Belgique à « Risquons-tout ", il organisa avec Barnabo, président du Comité central démocratique italien, la légion italienne dite Légion Pie IX qui l’acclama comme lieutenant-colonel. Le 24 juin, Barnabo l’envoya offrir à Cavaignac le concours de la légion italienne et il fut reçu en présence de Charras, Victor Hugo, Flocon*, Sénart dans le cabinet de la présidence de l’Assemblée nationale, au moment où Cavaignac donnait au général de Bréa l’ordre de marcher contre les insurgés.
Cavaignac engagea Becker à réunir la légion et à l’amener auprès de l’Assemblée nationale, sans lui délivrer d’ordre écrit, et les officiers de la légion durent se contenter d’assurer un service d’ordonnance à la mairie du Ier arrdt (ancien). Le 26, Becker fut arrêté rue de Richelieu, à cheval, dans son uniforme étranger, faute de permis de circuler, et dénoncé par Félix Vernhes comme membre du Club des Intérêts populaires. L’intervention de Victor Hugo et de Victor Foucher, ses relations avec Théophile Gautier, Noël Parfait*, Armand Durantin et Paul de Faulquemont ne lui évitèrent pas la transportation en Algérie. Dispensé du régime pénitentiaire, il fut interné à Batna en août 1853 et y mourut. Voir Barnabo*, Gabriel J.*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article26097, notice BECKER Pierre, Félix , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 9 janvier 2018.

ŒUVRE : Les chansons et les Mémoires politiques de Félix Becker sont conservés à la Bibliothèque municipale de Reims (C.R.T. II, numéros 423 à 425). — La Liberté individuelle sous le régime de la Charte-Vérité. Lettre adressée par Félix Becker, de la maison d’arrêt de Chateau-Thierry, à ses amis de l’Union, et publiée par eux à son profit, Paris, Imp. de A. Mie, 1832, in-8°, 16 p.

SOURCES : Arch. Nat., F 7/2586. — Arch. Min. Guerre, A/1136. — Arch. P.Po., A a/428. — Dictionnaire de Biographie française, tome V, p. 1243. — Boussinesq et Laurent, Histoire de Reims depuis les origines jusqu’à nos jours, tome II, 2e partie, Reims, 1933.

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