Par Jean-Pierre Besse
Né le 15 février 1820 à Crépy-en-Valois (Oise), mort le 23 décembre 1875 dans le comté de Mansfield Tioga (Pennsylvanie, États-Unis) ; ouvrier menuisier et cabaretier, proscrit du 2 décembre 1851 réfugié à Jersey migrant aux États-Unis.
Fils d’un manouvrier, Joseph Victor Bellard, ouvrier menuisier, épousa le 10 mai 1841 dans sa commune natale Louise, Eugénie Idelot, née à Feigneux (Oise) le 21 mars 1822 qui avait perdu sa mère en 1829 et son père en 1838 et était domiciliée chez sa grand mère. Louise Eugénie exerçait la profession de « couturière en robes ».
Le couple s’installa par la suite à Paris, 26 rue de la Fidélité et leur premier enfant naquit, le 15 octobre 1843 à Crépy-en-Valois où l’épouse se trouvait de passage.
Bellard fut candidat aux élections à la Constituante mais ne figurait pas sur la liste du comité des travailleurs. En mai 1849, il fut candidat aux élections législatives et cette fois figurait sur la liste d’extrême gauche à côté de Pierre Joigneaux et du docteur Germain Bellanger. Il obtint 13 840 voix.
Peu après, il publia une brochure intitulée Réflexions sur les réformes sociales. En 1850, il fut condamné à Senlis à 100 francs d’amende pour coups et blessures et s’installa à Creil, faubourg de Senlis, il avait une fille de six ans, Florence, ce qui laisse supposer que son fils né en 1843 était mort.
Il se déclarait alors ébéniste et cabaretier. Il ouvrit un cabaret qui selon les rapports devient « le rendez vous des ouvriers les plus avancés des communes du canton de Creil qui recevaient là les mots d’ordre que sans doute Bellard recevait lors de ses fréquents voyages à Paris ». Il fit l’objet d’une surveillance policière étroite comme le prouvent les nombreux rapports à son sujet. Il était présenté comme « l’un des chefs les plus actifs de la propagande socialiste dans le département de l’Oise dans le but de renverser le gouvernement ».
Il fut arrêté le 12 décembre 1851 pour son opposition au coup d’état et conduit à la maison d’arrêt de Senlis. Condamné à être « transporté en Algérie », il fut gracié le 10 avril 1852 et reçut un secours de 30 francs pour se rendre à Calais.
Joseph Victor Bellard vécut en exil dans l’île de Jersey pendant un certain temps.
Malade, il revint à Crépy-en-Valois en 1860 puis émigra aux États-Unis.
Bellard fut élu président de l’éphémère section de l’Union républicaine de langue française fondée en 1869 à Paducah (Kentucky). Cette section fut apparemment peu active, si ce n’est qu’en décembre 1870, le Bulletin de l’Union républicaine servait 15 abonnements dans cette localité.
Victor Bellard décéda le 23 décembre 1875 dans le comté de Mansfield Tioga (Pennsylvanie). Sa veuve, née Louise Idelot, obtint une pension au titre de la loi de réparation nationale de 1881.
Par Jean-Pierre Besse
SOURCES : Arch. nat., F15 4065, dossier 4. — Arch. Dép. Oise, Mp 1427 et Mp 1579.— Arch. Mun. Creil— Etat civil de Crépy-en-Valois. — Arch. privées de la famille Alavoine-Baudains, Liste établie par Eugène Alavoine après 1870. — Bulletin de l’Union républicaine, 15 novembre 1869, 15 décembre 1870. — Denise Devos, La Troisième République et la mémoire du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, Paris, Arch. nat., 1992. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Bellard - Joseph Victor », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Notes de Rémi Gossez et Gauthier Langlois.