BERNARD Simon

Par Notice revue et complétée par M. Cordillot

Né vers 1817 à Carcassonne, mort en 1862. Chirurgien de la marine. Révolutionnaire. Quarante-huitard exilé à Londres en Angleterre. Franc-maçon. En rapport avec Marx et Blanqui. Impliqué dans l’attentat d’Orsini en 1858.

Simon Bernard participa à l’expédition de Vera Cruz. Rédacteur de L’Indépendant des Pyrénées, il se trouvait à Barcelone lorsqu’éclata la Révolution de 1848. Revenu en toute hâte en France, il monta à Paris où il fut un orateur populaire des clubs, ce qui lui valut le surnom de « Bernard le clubiste ». Fondateur du Club Bonne-Nouvelle, membre du Club de la Révolution démocratique, il pourrait avoir été le Bernard, homme de lettres, qui fut membre du conseil général de la Solidarité républicaine.
Condamné pour délit politique par la Cour d’assises de la Seine le 9 janvier 1849 à un mois de prison et 100 F d’amende, il fut de nouveau condamné le 22 du même mois pour le même motif à un an de prison et 500 F d’amende.
Il s’exila alors pour se soustraire à ces condamnations. Il passa d’abord en Belgique, puis séjourna à Cologne et à Dresde, avant de s’installer définitivement en Angleterre, à Londres. Il y gagna sa vie comme professeur de langues et précepteur, tout en étant très actif dans les milieux de la proscription.
Il ne fait guère de doute qu’il fut l’un des commanditaires de l’attentat d’Orsini* du 14 janvier 1858. Il fut en effet prouvé qu’il avait aidé ce dernier, qu’il voyait deux fois par semaine, à se procurer de l’argent et des explosifs. En avril 1858, il fut jugé à Londres sous l’inculpation de conspiration. Déniant à la cour la compétence de le juger, il refusa de se défendre. Au terme du procès, malgré des témoignages sans équivoques, il fut triomphalement acquitté par le jury populaire. La presse anglaise presque unanime salua ce verdict comme une victoire de la liberté contre la tyrannie, tandis que cette décision causait un vif mécontentement à Paris.
En 1861, suite à l’arrestation de Blanqui*, K. Marx se concerta avec Simon Bernard pour organiser un meeting de protestation (Lettre de Marx à Lassalle, 8 mai 1861). Blanqui était personnellement en contact avec Bernard, sans doute depuis son passage à Londres en 1860.
Franc-maçon, Bernard était par ailleurs membre de la loge des « Philadelphes » de Londres. En 1862, il parraina le libre penseur anglais et ami de Marx, Charles Bradlaugh lorsque ce dernier rejoignit cette même loge.
Durant les derniers mois de sa vie, Bernard fut victime d’hallucinations et semble avoir sombré dans la folie, au point qu’il fallut l’enfermer. Il mourut à Londres en décembre 1862. Le gotha mondial de la proscription révolutionnaire se rassembla à ses funérailles. Alfred Talandier*, Bradlaugh, Félix Pyat*, Holyoake et Scherzer y prononcèrent des discours ; Schapper, Herzen et Bakounine y assistèrent ; le fouriériste espagnol Fernando Garrido écrivit pour s’excuser de ne pouvoir y assister.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article26350, notice BERNARD Simon par Notice revue et complétée par M. Cordillot, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 12 mai 2015.

Par Notice revue et complétée par M. Cordillot

SOURCES : Cour d’assises de la Seine. Attentat du 14 janvier, Paris, 1858, in-8°, 44 pages, Bibl ; Nat., Lb 56/707. — Nécrologie, National Reformer, 6, 13 décembre 1862 — La Tribune des peuples, 7 janvier 1863 — Lucas, Les Clubs et les clubistes, Paris, Dentu, 1851, pp. 52-53. — Compte rendu du procès de Simon Bernard à Londres, in Charles De Bussy [Charles Marchal], Les Conspirateurs en Angleterre, 1848-1858, Paris, Lebigre-Duquesne 1858, pp. 219-297 — André Combes, « Des Origines du Rite de Memphis à la Grande Loge des Philadelphes, 1838-1870 », Chroniques d’histoire maçonnique, n°34, 1985 — Arthur Lehning, De Buonarroti à Bakounine. Études sur le socialisme international, Paris, 1977.

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