BESSEYRE Antoine, dit l’Orange

Aubergiste à Vieille-Brioude (Haute-Loire). Antoine Besseyre avait été condamné le 30 septembre 1849 à huit jours de prison pour outrages envers le maire de Vieille-Brioude lors d’une séance du conseil municipal. Il fut arrêté le 6 janvier 1852 comme démocrate-socialiste particulièrement dangereux. Le sous-préfet de Brioude disait alors de lui : « Besseyre, propriétaire à Vieille-Brioude et aubergiste ruiné, dont l’action était d’autant plus saugrenue qu’elle s’exerçait sur les rouliers et voyageurs passant devant son auberge sur la route n° 102 du Puy à Brioude... »
Dans son réquisitoire, le procureur de la République dira que l’auberge de Besseyre avait été le rendez-vous de ses amis politiques, qui, tous les dimanches, venaient y faire la lecture des journaux démocrates socialistes, comme L’Ami du Peuple et La Feuille du Village, gratuitement adressés à l’inculpé. « Sa maison, ajoutait-il, était le refuge de tous les proscrits, et Félix Pyat* y trouva un asile et les moyens de passer à l’étranger. Me Crémieux* vint aussi fraterniser avec l’inculpé. Audacieux, violent, Besseyre se faisait redouter de tout le monde, affichait hautement ses espérances et ses haines, tenait toute la commune sous la pression de la terreur et bravait ouvertement les autorités locales. »
L’instruction aurait confirmé son attitude menaçante au moment du coup d’État : il se serait alors pourvu de fusils et de balles fondues. « C’est, disait en terminant le procureur de la République, un factieux incorrigible, à peu près ruiné et sous le coup d’une expropriation imminente. Depuis son arrestation, sa commune est tranquille et l’opinion se prononce de plus en plus contre lui. Je pense qu’il y a lieu d’ordonner sa transportation en Algérie. »
Besseyre dut sa déportation en Algérie sans doute à sa réelle activité politique démocratique, mais également à la malveillance de concitoyens heureux de se débarrasser de lui. Ce que constate ainsi une pièce du dossier : « Besseyre protesta, dans son interrogatoire du 14 janvier 1852, contre les imputations dirigées contre lui en partie par un témoin volontaire, Jeanne Boudon, femme d’Étienne Varenne, aubergiste à Vieille-Brioude, qui, par jalousie de métier sans doute, fut surtout la cause, par sa déposition, de la condamnation de Besseyre ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article26484, notice BESSEYRE Antoine, dit l'Orange, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 18 octobre 2017.

SOURCE : Arch. Dép. Haute-Loire, 6 M 106.

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