BIGOT DE MOROGUES, Pierre, Marie, Sébastien (baron)

Né le 5 avril 1776 à Orléans, mort le 15 juin 1840 à Orléans. Minéralogiste, agronome, économiste et enquêteur social.

Il se destinait à la marine, ainsi que plusieurs de ses proches l’avaient fait avant lui, quand la Révolution lui rendit cette carrière impossible comme noble. Il entra donc à l’École des Mines en 1794, et y acquit une solide formation scientifique.
Sous l’Empire, il vécut dans la Sologne orléanaise, au chÎteau de la Source, en grand propriétaire éclairé, à l’affût des nouvelles méthodes anglaises et des informations qui parvenaient sur elles en France. Il y ajouta des études géologiques, hydrologiques, climatiques tout à fait personnelles. Il résumera en 1822 ses travaux, ses méditations et les expériences qu’il avait fait pratiquer par ses fermiers et ses métayers dans un ouvrage qui fera époque : Essai sur les moyens d’améliorer l’Agriculture en France... notamment en Sologne. Les travaux d’assainissement et de fertilisation de la Sologne entrepris à partir de 1850 sont en effet tous prévus par Bigot de Morogues, en avance de trente ans sur les événements.
Bigot de Morogues s’intéressa aussi au niveau de vie des travailleurs des champs qu’il se proposait d’élever, préoccupation exceptionnelle même chez les philanthropes les plus en renom. De la condition des ouvriers de l’agriculture il passa à celle des ouvriers de l’industrie sous la monarchie de Juillet. Il publia d’abord une étude purement économique Du luxe considéré comme une conséquence nécessaire des progrès de la civilisation et de l’industrie, en 1832. Dans une autre brochure, plus ample, de la même année 1832, De la misère des ouvriers et de la marche à suivre pour y remédier, il aborda le problème du paupérisme dans la classe ouvrière, pour ne lui trouver que des solutions morales et religieuses.
Il y a beaucoup plus d’originalité à espérer, sinon dans les solutions qui restent les mêmes, du moins dans les descriptions aiguës du mal, dans Recherche des causes de la richesse et de la misère des peuples civilisés. Correspondant de deux classes de l’Institut de France, Bigot de Morogues devint pair de France le 11 septembre 1835. En 1842, l’Académie des Sciences morales et politiques créa en 1842 le prix Bigot de Morogues pour récompenser le meilleur ouvrage traitant du paupérisme et des moyens d’y remédier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article26597, notice BIGOT DE MOROGUES, Pierre, Marie, Sébastien (baron), version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 28 juillet 2022.

ŒUVRE : Essai sur les moyens d’améliorer l’Agriculture en France... notamment en Sologne, Paris, 1822, deux vol. in-8°. — Du luxe considéré comme une conséquence nécessaire des progrès de la civilisation et de l’industrie, Paris, 1832. —De la misère des ouvriers et de la marche à suivre pour y remédier, Paris, Mme Huzard, 1832, 134 p. in-8°. — Recherche des causes de la richesse et de la misère des peuples civilisés, Paris, s. d. (1834), 649 p. in-4° lithographiées. — Du paupérisme, de la mendicité et des moyens d’en prévenir les funestes effets, Paris, Dondey Dupré, 1834.

SOURCES : Brainne, Les Hommes illustres de l’Orléanais, t. I, pp. 321-325. — L.-R. Villermé, Tableau physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, Paris, Jules Renouard, 1840, 2 vol., réédition avec préfaces de Jean-Pierre Chaline et Francis Démier, Paris, EDI, 1990, 670 p..

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