BLANC Étienne

Prêtre socialiste.

En 1847, Étienne était vicaire de la cathédrale de Nancy. Disciple de Buchez, il écrivait dans L’Impartial de la Meurthe, journal incolore, des articles sur la question sociale qui faisaient scandale. Le 12 février 1847, il avait affirmé par exemple : « Si le riche ne fournit pas abri, pain et vêtement au travailleur honnête qui en manque, toutes les lois, tous les pouvoirs civils et politiques tombent. Chacun rentre dans le libre exercice du droit naturel, chacun peut s’approprier ce qui est nécessaire à sa subsistance : le droit de vivre est le premier de tous les droits. » Le 31 août 1851, devant la Société de prévoyance et de secours mutuel de Nancy, en qualité de membre du conseil d’administration, il prononça un discours important sur l’association : « Après la religion, je ne sais rien de plus propre à moraliser l’ouvrier que l’association. » D’autres phrases de ce discours prouvent que l’abbé Blanc était un fidèle buchézien « ...Si Dieu a fait à l’homme une loi du travail matériel, n’est-ce pas pour qu’il se procure le bien-être matériel ? Est-ce que le christianisme a jamais enseigné le mépris des biens de la terre ? Il enseigne qu’il ne faut pas en abuser, ce qui est bien différent. » Ce discours fit scandale.
Le Journal de la Meurthe, du 4 septembre 1851, accusa Étienne Blanc de confondre le Christ avec les démagogues socialistes. Blanc répliqua dans L’Impartial en reprenant l’exposé des idées buchéziennes : « On ne peut refuser aux travailleurs le droit de s’affranchir de l’usure en se créant, à force de privations, de tempérance et de secours fraternel, un capital social... »
En décembre, on lui reprocha d’avoir dirigé un club, et d’avoir aidé Christian Meyer* à fonder son Association fraternelle des Ouvriers tailleurs, en 1849. Une sanction administrative fut prise contre lui, bénigne sans doute, et dont il fut relevé par mesure de grÎce, mais la police de Nancy, en 1855, le qualifiait quand même de « chef de club, aujourd’hui gracié politique ».
Cela ne l’avait cependant pas empêché au début de l’empire de devenir aumônier du « Patronage des apprentis », professeur d’instruction religieuse à l’École professionnelle Loritz et bibliothécaire de la « Société de prévoyance et de secours mutuel ». Mais il ne reniait pas ses convictions buchéziennes, comme l’atteste le discours qu’il prononça, en 1858, à la distribution des prix de l’École professionnelle Loritz. Il y parlait de l’industrie, « puissant auxiliaire du christianisme », qui « tend, avec le concours de la vapeur et de l’électricité, à hÎter un résultat que les amis de l’humanité appellent de tous leurs vœux : le bien-être des masses, la fraternité des peuples, la paix universelle ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article26712, notice BLANC Étienne, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 octobre 2021.

ŒUVRE : Articles dans L’Impartial, notamment 12 février 1847, 9 mars 1847. — Discours prononcé à la fête de la Société de Prévoyance et de Secours mutuel de Nancy, le 31 août 1851. Nancy, s. d. [1851], 15 p. (Bibl. Nat., Pp. 9794). — Discours prononcé à la distribution des prix de l’École professionnelle Loritz, le 16 août 1858. Nancy, 1858, in-8, 7 p. (Bibl. Nat., Rp. 3056).

SOURCES : Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, série 5 M, Sûreté générale, 1855. — Pierre Braun, « Le département de la Meurthe à la fin de la monarchie de Juillet " (La Révolution de 1848, 1919-1920, t. XVI, p. 142-174). — J.-B. Duroselle, Les débuts du Catholicisme social en France (1822-1870).

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