BONNIN Jean, dit le Cordonnier ou BONIN

Par Notice revue et complétée par Thomas Bouchet

Né vers 1796 à Poitiers (Vienne). Cordonnier. Militant des sociétés secrètes et des clubs, mêlé à plusieurs insurrections.

Combattant des Trois Glorieuses, Jean Bonnin était décoré de Juillet ; marié, il était père de trois enfants. Le 6 juin 1832, il fut arrêté rue de Charenton (VIIIe arr., maintenant XIIe), en même temps que le charpentier Claude-François Breuillot. Une perquisition à son domicile permit aux autorités de découvrir plusieurs pièces établissant sa participation active à l’Association gauloise, un groupe à dominante carliste engagé du côté des insurgés lors de l’insurrection des 5 et 6 juin : prospectus, cartes de membres, mais aussi une médaille à l’effigie de Henri V et les « cancans flétrissants ». Il fut condamné le 23 août 1832 à deux ans de détention pour vol et attentat contre le gouvernement, et il fut emprisonné à Poissy.
Au début de 1834, il correspondait avec la rédaction du journal d’opposition républicaine La Tribune. Il fut inquiété après l’attentat du 28 juillet 1835 (affaire Fieschi*), mais il bénéficia d’un non-lieu avant même l’ouverture du procès.
Il reprit des activités militantes au lendemain de la révolution de février 1848. Il entra au club de l’Union fraternelle, à la barrière des Deux-Moulins (XIIe arr., maintenant XIIIe), à proximité de son domicile. Il donna, le 23 juin au matin, le signal de l’insurrection à cet endroit en tentant de désarmer le poste ; mais les soldats s’emparèrent de lui et ne le relâchèrent que sous la pression d’un attroupement. Bonin distribua des cartouches et dirigea la construction d’une barricade, rue Saint-Victor, au droit de la rue Cuvier (XIIe arr., maintenant au coin de la rue Linné, Ve), y arrêta un mouchard, puis alla combattre au Petit-Pont de l’Hôtel-Dieu. Rentré à son domicile, rue Nationale (XIIe, maintenant XIIIe), il était à Gentilly lors du meurtre de Bréa et dut se réfugier à Ivry.
Après l’échec de l’insurrection, arrêté dès son retour, il fut jugé et condamné à la transportation. Son fils, qu’il avait renié parce qu’il s’était engagé dans la Garde mobile, avait été blessé dans les rangs des forces de l’ordre. Lors d’un interrogatoire qu’il subit le 16 juillet 1848, il admit ses « opinions bien connues de communiste » mais affirma qu’il n’avait pas conspiré depuis 1832. Il obtint sa grâce en octobre 1849.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27048, notice BONNIN Jean, dit le Cordonnier ou BONIN par Notice revue et complétée par Thomas Bouchet, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 30 septembre 2016.

Par Notice revue et complétée par Thomas Bouchet

SOURCE : Arch. Nat., CC/617 ; CC/681. — Arch. Min. Guerre, justice militaire, juin 1848 (non classé, anciennement, A 10569). — Bibl. Hist. de la ville de Paris, manuscrit, 1213.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable