BORDIER

Instigateur d’une émeute populaire à Rouen en juillet 1789 ; exécuté après l’écrasement des émeutiers ; élevé au rang de martyr local en l’an II.

Acteur parisien. Installé à Rouen (Seine-Inférieure), Bordier devint officier de la garde nationale lors de sa constitution, en juillet 1789. Auteur, avec Jourdain*, de placards apposés dans la nuit du 24 au 25 juillet, dénonçant l’intendant de Maussin comme responsable de la disette qui régnait en ville, il fut considéré comme l’instigateur de la manifestation populaire du 3 août et des jours suivants où, au cri de « Mort aux accapareurs ! », la foule brûla les registres des bureaux d’octroi et d’aides à Rouen, à Darnétal et à Saint-Pierre-de-Franqueville. Il y eut également des incendies de manufactures visant particulièrement les cardes, les métiers à tisser, à retordre et à dévider, probablement par haine de la mécanique créatrice de chômage. Au début, les soldats du régiment de Navarre et même des bourgeois faisaient cause commune avec les émeutiers. Puis les officiers de Navarre reprirent en main leur troupe et ce fut la défaite en bataille rangée, rue Saint-Hilaire, à Rouen. Deux pendus pour l’exemple le furent à l’entrée d’un pont. Puis d’autres en divers endroits. Bordier et Jourdain, qui n’avaient pas abandonné le menu peuple de Rouen dans ses épreuves, furent condamnés à mort et exécutés le 21 août.
Le souvenir de leur martyre resta vif dans la sans-culotterie de Rouen. Bordier et Jourdain furent réhabilités le 3 frimaire an II (23 novembre 1793). On les nomma « vrais défenseurs de la cause du peuple ». On organisa une fête civique en leur honneur, avec hymnes, défilés de jeunes enfants et de jeunes filles. La commune prit à sa charge l’éducation des orphelins Bordier et Jourdain. La veuve Bordier reçut une pension. Il y eut un quai Jourdain et un quai Bordier le long de la Seine. Mais, le 5 ventôse an III (23 février 1795), le bref intermède des sans-culottes au pouvoir étant achevé, les quais reprirent leurs anciens noms. Les noms de Bordier et de Jourdain commencèrent à tomber dans l’oubli.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27092, notice BORDIER , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 22 novembre 2021.

SOURCE : Rouen sous la Révolution par un Groupe de professeurs de Rouen, Maison de la Culture de Rouen, 1939, in-8°, 39 p.

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