CUVIER Gustave [CUVIER Jules, Gustave]

Par Pierre Schill

Né le 24 septembre 1891 à Pont-de-Roide (Doubs), mort le 14 août 1944 à Paris ; secrétaire du syndicat confédéré des cheminots de Montigny-lès-Metz (Moselle) ; militant socialiste SFIO.

Fils d’un ouvrier et d’une cuisinière, Gustave Cuvier était le benjamin d’une famille du Doubs dont le père fut d’abord ouvrier aux forges des usines Peugeot puis contremaître et la mère cuisinière au « château » de la famille Peugeot. Après l’école primaire, Gustave Cuvier fréquenta l’école pratique de Montbéliard (Doubs) où il apprit le métier de dessinateur qu’il exerça aux usines Peugeot de la ville.
Lors de la Première Guerre mondiale, il fut mobilisé pendant toute la durée du conflit dans un régiment du génie en tant que mitrailleur et tireur d’élite. Il obtint le grade de sergent. Participant à la libération de Metz, capitale de la Lorraine annexée à l’Allemagne depuis 1871, il fit la rencontre d’une jeune Lorraine ne parlant pas un mot de français, Albertine Weinman. Malgré l’obstacle linguistique, le jeune couple se maria le 23 août 1919 à Montigny-lès-Metz et alla s’installer à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine) où Gustave Cuvier avait trouvé du travail aux usines du constructeur automobile De Dion Bouton. C’est probablement à cette période qu’il commença à militer à la CGT. Abonné à l’Humanité, il resta un lecteur fidèle du journal même après la scission de la CGT.
La vie parisienne ne convenant pas à Albertine Cuvier qui ne parlait pas français, le couple décida de regagner la Moselle et vint s’installer à Montigny-lès-Metz. Gustave Cuvier y trouva un emploi aux ateliers de la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine. Il devait à son tour être touché par l’handicap linguistique car il ne parlait pas l’allemand, langue encore largement usitée en Moselle (même dans la partie francophone du département) dans les années vingt. Ajouté à son engagement syndical chez les cheminots CGT, cela explique l’absence de promotion professionnelle qu’il aurait pu attendre au regard de sa formation.
En janvier 1927, Gustave Cuvier fut élu secrétaire du syndicat confédéré des cheminots de Montigny-lès-Metz qui comptait environ 440 membres. Gustave Cuvier était toujours en janvier 1933 secrétaire de ce syndicat qui comptait alors 750 adhérents. Le 31 janvier 1930 il assista à une réunion au ministère des Travaux publics à Paris où il discuta de la rationalisation du travail introduite dans les ateliers des chemins de fer du réseau Alsace-Lorraine. En novembre et en décembre 1931 il participa à plusieurs réunions de cheminots unitaires et confédérés avec l’objectif de réussir l’unité d’action. Une initiative des unitaires que les dirigeants du syndicat confédéré repoussèrent. Lors de l’assemblée générale du syndicat CGT des cheminots de Montigny-lès-Metz du 15 janvier 1933 il déclara ne plus vouloir être candidat au renouvellement de son poste de secrétaire pour des raisons de santé.
Il militait aussi au Parti socialiste SFIO et se présenta à de nombreuses reprises aux élections municipales à Montigny-lès-Metz. Candidat aux élections municipales des 3 et 10 mai 1925, il obtint au premier tour 233 voix sur 1 955 suffrages exprimés. Au second tour la liste communiste fusionna avec la liste socialiste et il obtint 915 voix et fut élu. Il se représenta aux élections municipales complémentaires du 20 février 1927 et obtint 777 voix sur 1 892 suffrages exprimés et ne fut pas élu. Il anima cette campagne électorale en tenant meeting commun avec les communistes et en défendant des positions « nettement anticléricales ». À nouveau candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929, il obtint au premier tour 365 voix sur 2 062 suffrages exprimés et ne fut pas élu.
Licencié par les Allemands après l’annexion de la Moselle au Reich nazi à l’été 1940, il fut expulsé vers Paris. Sa femme ne fut pas immédiatement avertie de cette mesure prise à l’encontre des Mosellans, que les Allemands jugeaient inaptes à être intégrés au peuple allemand. Elle put malgré tout quitter la Moselle pour le rejoindre. Gustave Cuvier trouva un emploi au dépôt des chemins de fer de la SNCF à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis). Malade à partir de 1941, il décéda en août 1944 d’un cancer. Son épouse fut grièvement blessée, la jambe coupée par un éclat d’obus, lors des bombardements alliés sur les installations ferroviaires proches de leur domicile.
D’après son fils unique, l’engagement syndical de Gustave Cuvier « pesait » sur les finances familiales au point d’obliger son épouse à être porteuse de lait à domicile. Son engagement militant entraîna plusieurs rappels à l’ordre par sa direction qui multipliait blâmes et avertissements à son encontre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article2717, notice CUVIER Gustave [CUVIER Jules, Gustave] par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 12 mars 2012.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 303 M 137 ; 310 M 116 ; 24 Z 15 et 16. — Volkstribüne, 5 et 12 mai 1925. — Renseignements fournis par Gustave et Michel Cuvier, ses fils et petit-fils.

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