Par Gauthier Langlois
Né peut-être à la Rochelle, proscrit du 2 décembre réfugié à Londres puis à Jersey.
Bourillon, prénommé Charles ou Constant suivant les sources, ne figure pas sur les listes des personnes poursuivies suite au coup d’État du 2 décembre 1851. Cela nous empêche de connaître son identité exacte. Il serait né à La Rochelle. Hugo l’ayant qualifié de faiseurs de tours en plein vent, des auteurs ont supposé qu’il était saltimbanque. Condamné ou proscrit pour son opposition au coup d’État du 2 décembre 1851, il se réfugia d’abord à Londres. Il y vécut là dans une extrême misère, avec un autre proscrit, Julien Hubert. Décrivant la vie de ce dernier, Victor Hugo notait :
« Il avait habité cinq mois, cinq mois d’hiver, dans ce qu’on appelait une Sociale, espèce de grande salle délabrée, dont les portes et les fenêtres laissaient passer le vent et dont le plafond laissait passer la pluie. Il avait couché, les deux premiers mois de son arrivée, côte à côte avec un autre proscrit, Bourillon, sur la dalle de pierre devant la cheminée. Ces hommes couchaient sur cette dalle, sans matelas, sans couverture, sans une poignée de paille, avec leurs haillons mouillés sur le corps. Il n’y avait pas de feu dans la cheminée. Ce n’était qu’au bout de deux mois que Louis Blanc et Ledru-Rollin avaient donné quelque argent pour acheter du charbon. Quand ces hommes avaient des pommes de terre, ils les faisaient cuire dans l’eau et ils dînaient ; quand ils n’en avaient pas, ils ne mangeaient pas. »
Il quitta ensuite Londres pour l’île de Jersey qui lui semblait plus accueillante et fut rejoint plus tard pour les mêmes raisons par son compagnon d’infortune, Julien Hubert. Il s’intégra à la société des proscrits où il eut l’occasion d’être reçu chez Victor Hugo. C’est là qu’il découvrit que son compagnon était un espion. Il participa, le 21 octobre 1853, à l’assemblée générale des proscrits républicains résidant à Jersey, qui déclara Julien Hubert comme espion et agent provocateur de la police de Napoléon III.
En 1854 il sollicita du Gouvernement britannique un passage gratuit pour l’Amérique mais ne l’obtint pas. Il demanda ensuite sa grâce.
Par Gauthier Langlois
SOURCES : Arch. privées de la famille Alavoine-Baudains, Liste établie par Eugène Alavoine après 1870. — À la France. L’agent provocateur Hubert, Jersey : imp. universelle, [1853]. — Victor Hugo, « 1853-L’espion Hubert », Œuvres inédites de Victor Hugo. Choses vues, 1888, p. 291-330. — Robert Sinsoilliez, Marie-Louise Sinsoilliez, Victor Hugo et les proscrits de Jersey, Ancre de marine, 2008, p. 162. — Note de Rémi Gossez.