Né en 1812. Ouvrier tailleur à Nantes en 1836. Il fut condamné le 8 octobre par le tribunal correctionnel à la plus forte peine prononcée, deux mois de prison, dans l’affaire des troubles du 15 septembre 1836.
Ce jour-là, sept maçons sur onze prévenus de coalition avaient été frappés de quinze jours de prison. Lorsque les condamnés furent transportés en voiture cellulaire du palais de justice à la Prison Neuve, très près du palais de justice, la foule, composée d’ouvriers, de femmes et d’enfants, attaqua le cortège de gendarmes à coups de pierre. Un début de barricade fut abandonné, à l’arrivée d’une compagnie du 40e régiment de ligne, dont le capitaine, bien qu’il eût été touché par un projectile des manifestants, n’ordonna pas qu’on lui donnât l’assaut, ce qui semble avoir provoqué un effet de surprise heureux. Il y eut d’autres maçons à juger pour la même coalition, et les autorités nantaises mirent en service toute la garde nationale. Deux maçons, dans la journée du 22 septembre, furent condamnés à un mois, quatre à dix jours de prison, et il y eut sept acquittements. Tout d’ailleurs se passa tranquillement le 22.
La bourgeoisie nantaise avait été très surprise par les événements du 15 septembre. L’explication qu’elle admit et que l’on trouve dans la Gazette des Tribunaux du 22 est la suivante : « On est généralement d’accord pour attribuer les troubles du 15, dont l’affaire des maçons n’a été que le prétexte, à de misérables instigateurs avides de désordre, et que la police découvrira sans doute, puisque déjà elle a dans ses mains un de leurs agents. La politique est totalement étrangère à ces désordres... » Explication, qui pour être une explication passe-partout, n’en est pas moins intéressante, car elle revient à chercher dans la classe ouvrière des « meneurs » mal intentionnés.
Le 15 septembre, la police avait arrêté surtout des jeunes gens de quatorze à seize ans. Ils niaient, et la plupart furent relâchés rapidement. Un seul comparut devant la correctionnelle, le 8 octobre, et il fut acquitté faute de preuves.
Bousigue fut reconnu par des gardes nationaux sur lesquels il avait jeté des pierres, en dehors de la bagarre la plus confuse. C’est ce qui lui valut, malgré ses dénégations, sa relativement forte condamnation.
Soulignons que les prévenus du 8 octobre appartiennent à tous les corps de métier. La manifestation du 15 septembre avait été une manifestation de solidarité envers les maçons ; elle avait mis en mouvement des éléments de toute la classe ouvrière nantaise. Voir Barbe Julien*, Bathais Auguste*, Chaban Adolphe*, Dupas Louis*, Hortain Jean-Marie*, Leber René*
SOURCE : Gazette des Tribunaux, du 19 septembre au 14 octobre 1836.