BOY A.-D., S

Chirurgien en chef de l’armée du Rhin au printemps de 1793. Auteur vraisemblable du chant révolutionnaire Veillons au salut de l’empire, exécuté pour la première fois avec éclat à la fête civique donnée aux Champs-Elysées, le 25 mars 1792. Boy mourut en 1795.

« Veillons au salut de l’empire, veillons au maintien de nos droits... » pouvait être entendu de manières bien différentes selon les temps, ce qui fit le succès durable du chant révolutionnaire au XIXe siècle. Il s’agissait, dans la pensée de l’auteur, surtout de la liberté civile et peut-être de la liberté politique. En ce sens, les Annales patriotiques, de Garat, écrivaient, le 29 mars 1792 : « Nous recommandons cette romance patriotique à tous les soldats français, volontaires nationaux et gardes nationales de l’empire ; que les chants de la liberté retentissent de toutes parts et inspirent une terreur profonde aux tyrans de la terre. » Mais, nul n’était alors porté à commettre sur empire (désignant le territoire national dès la fin de la monarchie) le contresens que le lecteur est peut-être en train de commettre, sans y associer ou en y associant le pouvoir napoléonien qui fit au vocabulaire national ce facile emprunt pour des fins toutes personnelles ; et, en insistant sur le maintien des « droits », et d’un droit « égalitaire », le chant signifiait ce que l’on voulait, à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle.
Veillons au salut de l’empire fut opposé au Réveil du Peuple des royalistes par la Convention thermidorienne et par le Directoire. C’était ce que devait jouer, à partir du 8 janvier 1796 (18 nivôse an IV), obligatoirement, l’orchestre de chaque salle de spectacle, avant chaque lever de rideau. On comprend ainsi la charge politique que prirent des paroles parfaitement anodines, et le parti qu’on était tenté d’en tirer pour leur faire dire plus qu’elles ne disaient. Des horions nombreux furent échangés lorsque les musiciens, en l’exécutant, couvraient le Réveil du Peuple, et qu’une partie des spectateurs associaient leur voix à la musique de l’orchestre. Ce sont là des souvenirs durables.
Boy semble bien être l’auteur des paroles de Veillons au salut de l’empire. Il avouait à l’époque où il les écrivit (printemps 1792) une Chanson patriotique qui commençait par « Brave peuple, quand tu flattais ton roi... », une Chanson de Châteauvieux (en l’honneur des Suisses patriotes révoltés contre leurs officiers aristocrates) et un peu plus tard des Couplets « L’esclavage le plus honteux, etc... »
De la Chanson patriotique, Garat, la reproduisant dans ses Annales patriotiques, pensait un bien extrême : « Nous recommandons la propagation de cette chanson à toutes les dames patriotes... Les menestrels ambulants feront très bien de la chanter d’un bout de l’empire à l’autre. Cette chanson et l’air de Ça ira feront des effets merveilleux avec le temps. » Elle n’eut cependant ni le succès de Veillons au salut de l’empire, ni celui du Ça ira.
Voir Chénier Marie-Joseph*, Dalayrac*, Frère*, Girey-Dupré*, Ladré*, Rouget de l’Isle*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27493, notice BOY A.-D., S, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCE : Constant Pierre, Les Hymnes et Chansons de la Révolution, Paris, 1904.

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