BOYER Adolphe

Né en 1804 à Lille, mort en 1841 ; typographe parisien et publiciste ; il collabora à divers journaux, dont L’Atelier.

Né à Lille en 1804, Boyer fit son apprentissage de typographe dans cette ville. Il compléta sa formation par des cours du soir.
Boyer est surtout connu par ses deux volumes : De l’état des ouvriers et de son amélioration par l’organisation du travail, paru en 1841, et Les Conseils de prud’hommes au point de vue des ouvriers et de l’égalité des droits, paru en 1844, près de trois ans après sa mort, et dont une traduction allemande publiée la même année à Strasbourg atteste le succès considérable.
Adolphe Boyer se suicida en octobre 1841, et ce suicide fut un événement de l’histoire de la classe ouvrière parisienne, dont parlèrent La Phalange fouriériste du 22 octobre, L’Atelier de novembre et aussi La Fraternité de novembre 1841. Auguste Lerminier, ancien saint-simonien devenu très conservateur, dans son article « De la littérature des ouvriers », inséré dans la livraison de la Revue des Deux Mondes du 15 décembre 1841, attribuait l’acte de désespoir d’Adolphe Boyer à une blessure d’amour-propre. La critique, en accueillant mal son ouvrage, lui aurait révélé « son néant ». « On lui aurait à peine pardonné s’il avait eu du génie », conclut Lerminier (p. 959). Il y a d’autres versions, dont celle qui fait état de dettes contractées par Boyer à l’occasion de son second livre, mais, malgré la caution de P. Chauvet, la chronologie la rend insoutenable.
Boyer mettait l’accent sur la liaison entre le progrès technique et la misère ouvrière. Il préconisait la mise en chantier de grands travaux, l’institution d’un enseignement technique, d’une inspection du travail, de bureaux de placement officiels : « Des bureaux spéciaux de placement existeraient, écrit-il, dans chaque mairie, des registres seraient ouverts pour inscrire les demandes d’ouvriers et les demandes d’ouvrage, des tableaux de mutation seraient affichés. Si l’ouvrage manquait dans une ville et s’il y en avait dans une autre où l’ouvrier pourrait aller, on lui accorderait toutes les facilités de s’y transporter et les indications nécessaires pour aller plus loin s’il fallait ; on ferait enfin pour les ouvriers ce qu’on fait pour les soldats qui vont rejoindre leur régiment [...] et ici tout est prévu, calculé ; pourquoi ne pas en faire autant pour les travailleurs ? » Boyer songeait à une assistance et à des assurances sociales, à des retraites ouvrières, à un contrôle de la production et de la consommation, à une régénération du compagnonnage.
C’était d’abord d’une réforme des conseils de prud’hommes que Boyer entretenait ses lecteurs de 1844. Son message posthume était : que les ouvriers élus par leurs camarades devaient y siéger en nombre égal à celui des représentants patronaux, que les conseils réformés auraient aussi dans leurs attributions l’arbitrage obligatoire des conflits du travail et la rédaction chaque semestre d’un rapport sur les industries de leur ressort administratif. Un Conseil général coifferait à Paris tous les conseils de prud’hommes de France.
Quand Flora Tristan* lança la première édition de L’Union ouvrière en 1843, elle emprunta à Adolphe Boyer cette épigraphe : « Aujourd’hui le travailleur crée tout et cependant il n’a aucun droit, ne possède rien, absolument rien. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27497, notice BOYER Adolphe , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 30 avril 2016.

ŒUVRE : De l’état des ouvriers et de son amélioration par l’organisation du travail, 1841. — Les Conseils de prud’hommes au point de vue des ouvriers et de l’égalité des droits, 1844,

SOURCES : Jules-L. Puech, La Vie et l’œuvre de Flora Tristan, Paris, 1925. — Jean Briquet, Agricol Perdiguier, Compagnon du Tour de France et Représentant du Peuple, 1805-1875, Paris, 1955. — Paul Chauvet, Les Ouvriers du Livre en France, de 1789 à la constitution de la Fédération du Livre, avant-propos d’E. Ehni, Paris, Marcel Rivière, 1956, en particulier p. 165-169.

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