BRARD Pierre, Lucien

Né le 8 janvier 1804 à Soubran (Charente-Inférieure), mort le 1er février 1887 à Jonzac (Charente-Inférieure). Médecin démocrate et représentant de la Charente-Inférieure à la Constituante de 1848.

Avant d’être reçu docteur en médecine à Paris, en 1826, Brard avait fréquenté les étudiants de l’école qui professaient les idées les plus hardies. Rentré dans son pays, il se consacra à la lutte contre la famille ministérielle des Duchâtel, qui, sous la monarchie de Juillet, tenait la circonscription de Jonzac comme un fief, et qui distribuait aux électeurs les faveurs qu’elle demandait pour eux au budget de l’État. Il réussit à prendre au ministre jusqu’au quart de ses voix, mais non à le faire échouer aux élections de 1842 et de 1846 ; par contre, les Duchâtel le firent condamner à une amende parce qu’il avait publié un manifeste électoral sans nom d’imprimeur. Le 12 décembre 1847, Brard participait au banquet réformiste de Saintes, qu’avait organisé Gaudin, et, comme Gaudin dans son toast, visait l’orléaniste Dufaure et son opposition équivoque à Guizot.
Élu quatrième, le 23 avril 1848, à la Constituante, avec 64 917 voix sur 111 907 votants et 136 016 inscrits, Brard siégea à gauche, très près de la Montagne. Il vota contre les poursuites à l’égard de Louis Blanc* et de Caussidière* (26 août 1848), pour la suppression de la présidence de la République (7 octobre), contre l’expédition de Rome (16 avril 1849), pour l’amnistie des transportés de Juin (2 mai), pour la mise en accusation du prince-président et de ses ministres (11 mai).
Le 2 novembre 1848, il avait rédigé une motion de soutien à l’amendement Félix Pyat* qui tendait à inscrire dans la Constitution la garantie conjointe du droit de propriété et du droit au travail. L’adhésion au texte de Pyat n’était pas entière : Pyat, disait-il, « exprime dans quelques passages, et notamment à la fin, des pensées qui ne seront jamais les nôtres ». Mais lui et ses cosignataires se trouvaient d’accord avec Pyat sur le fond de la proposition quand ils déclaraient : « Nous voyons quelque danger à ne pas inscrire franchement dans cette Constitution tous les droits qu’elle reconnaît. »
Huit des collègues de Brard contresignèrent son texte : trois de la Charente-Inférieure, Courtanceau*, Gaudin Fédora*, Dargenteuil Arnaud* ; deux du Bas-Rhin, Bruckner François *, Westercamp Charles* ; un de l’Aveyron, Médal Auguste* ; un des Basses-Pyrénées, Saint-Gaudens Jean*.
Brard ne se représenta pas à la Législative. Il semble qu’il n’ait pas été inquiété au moment du coup d’État de décembre 1851. À cause de l’influence qu’il pouvait avoir comme médecin sur une clientèle populaire, il n’en était pas moins surveillé sous l’Empire. En avril 1859, les autorités signalaient qu’il groupait autour de lui les ouvriers et les artisans de Jonzac opposés au gouvernement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27525, notice BRARD Pierre, Lucien , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 29 août 2017.

SOURCES : Arch. Nat., BB 30/383 — rapport du procureur général de Poitiers. — Profils critiques et biographiques des 900 représentants du Peuple, par un vétéran de la presse, Paris, Garnier frères, 3e éd. 1848. — A. Robert, E. Bourleton, G. Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, 1789-1889, Paris, Borl, 1891.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable