Par Jean Maitron, Alain Rustenholz
Né vers 1821, homme de lettres, délégué de la « Commune révolutionnaire » de Londres.
Raoul Bravard avait écrit en 1850 le Chant des Jacques, qui lui avait valu une lourde condamnation, heureusement par défaut : « La destruction de cette chanson séditieuse, commençant par ces mots : “Nargue aux rois...“ et finissant par ceux-ci : “Le sang fait mûrir le progrès“, a été ordonnée, pour provocation à la guerre civile et au pillage, excitation à la haine des citoyens les uns contre les autres, etc., par arrêt de la Cour d’assises de la Seine, en date du 25 juin 1850, condamnant l’auteur à cinq ans de prison et 6 000 fr. d’amende. » Le Moniteur du 20 novembre 1850. Proscrit après le 2 décembre, Raoul Bravard avait vécu à Londres et en Suisse. Il rentra en France, comme délégué de la « Commune révolutionnaire » de Londres, avec un faux passeport. Il fut arrêté le 7 avril 1853 comme une quarantaine d’autres personnes, dont une douzaine seront déférées, puis jugées en même temps que les chefs londoniens de la Commune révolutionnaire le seront par contumace, pour affiliation à société secrète, attaques contre la propriété, provocation de l’armée à la révolte, outrages à la religion et, pour trois d’entre eux, détention d’armes. Le 22 juillet 1853, il fut condamné à cinq ans de prison, 6 000 francs d’amende, et dix ans de surveillance. Et comme il était contumace pour son Chant des Jacques et que, cette fois, on le tenait, il fut rejugé in praesentia et vit sa peine ramenée pour ce délit-ci à 1 an de prison et 3 000 francs d’amende. Il fut incarcéré le 4 décembre 1854 à Belle-Île-en-Mer (Morbihan). Voir Boichot Jean-Baptiste, Caussidière Marc, Pyat Felix, Raynaud André.
Par Jean Maitron, Alain Rustenholz
ŒUVRES : Il a écrit un Chant des Jacques et un Napoléon le Dernier.
SOURCES : Arch. PPo., A a/434. — Arch. Dép. Morbihan, série Y, écrou 474. — J.-Y. Mollier, Dans les bagnes de Napoléon III. Mémoires de C. F. Gambon, Centre des Correspondances du XIXe siècle, Paris IV-Sorbonne, PUF, 1983. — Note de J.-Y. Mollier.