BRIGE parfois BRIGES

Par M. Cordillot

Théoricien communiste-égalitaire, rédacteur de La Fraternité de 1845, quarante-huitard.

Influencé dans un premier temps par la lecture des œuvres de Fourier et peut-être aussi par celles de Restif de la Bretonne, Brige se rapprocha ensuite davantage des « idées de Babeuf et de Buonaretti (sic), ces deux frères à jamais chéris par nous ». Il fit paraître en 1839 et 1843 deux ouvrages théoriques aujourd’hui tombés dans l’oubli et le plus souvent absents dans les bibliothèques spécialisées, bien qu’ils aient circulé dans les milieux communistes et blanquistes jusqu’à la veille de février 1848. L’auteur s’efforçait, parfois de manière confuse, d’y « formuler le plan ... d’une organisation basée sur l’égalité, premier système français qui ait contribué à ouvrir une ère nouvelle, en se liant et en coopérant puissamment à la fondation du communisme en France. »
Vers la fin des années 1830, Brige appartint au groupe oweniste-communiste constitué par Jules Gay et Désirée Gay. Il fut à ce titre l’un des signataires (avec Guillaume Geniller, Flora Tristan, François Villegardelle* et Jules Gay*) d’un message d’amitié adressé en mai 1840 au Congrès socialiste (oweniste) anglais par l’intermédiaire de Hugh Doherty. Il participa à la fondation du journal La Fraternité de 1845 (qui faisait suite au journal du même titre publié en 1841 par Lahautière*), il en fut le premier rédacteur, avant d’être remplacé au mois de septembre de l’année suivante par Savary*, Adam* et Mallarmet*.
Ami de Coffineau*, proche de Dezamy*, il participa au mouvement des communistes matérialistes. Il ne paraît pas cependant avoir fait l’objet de poursuites lorsque la répression s’abattit sur ces derniers en 1847, alors même que l’on peut percevoir indirectement dans les déclarations des accusés des échos de certains thèmes longuement développés dans ses ouvrages, comme la question du libre arbitre.
Au lendemain de la Révolution de février, Brige fonda le Club des Amis fraternels, qui se réunissait 219, rue Saint-Honoré (Ier arr., ancien et nouveau). Ce club était l’un des trois clubs animés par les anciens collaborateurs de La Fraternité. Brige se plaignit que Cabet* ait systématiquement dépêché des contradicteurs pour parasiter les réunions de son club, et ce avec apparemment quelque succès. Fin mai ou début juin 1848, le Club des Amis fraternels fusionna avec le Club du Triomphe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27646, notice BRIGE parfois BRIGES par M. Cordillot, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 11 juillet 2019.

Par M. Cordillot

ŒUVRE : De l’existence, de la destinée humaine découlant de la combinaison universelle (négation du libre arbitre). Inévitabilité. Suivi de l’Essai d’une constitution sociale ayant pour base le dogme de l’Égalité, par BRI..., Paris, impr. de H. Fournier et Cie, 1839, in-8, (6), 215 p. — Fondements du droit d’Égalité, ou exposé des faits et des raisonnements qui établissent pour tous les hommes un droit égal au bonheur, suivi d’une constitution sociale dont le but est d’assurer une existence heureuse à chacun des membres de la Société, par BRI..., auteur de l’Existence de la destinée humaine, des pensées philosophiques, etc., Paris, Charpentier, Rouanet, Prévost, 1843, IX, (2), 394 p. La BN ne possède pour sa part qu’une plaquette intitulée Extraits de " L’Existence de la destinée humaine, etc. », accompagnés de l’exposé d’une constitution sociale ayant pour base le dogme de l’Égalité et procurant par là le bien-être à chaque membre de la société, par BRI..., Paris, impr. de H. Fournier, 1840, in-12, 47 p. [Rp 1671].

SOURCES : La Fraternité de 1845, BN 4°, Lc2. 1595 — Victor Bouton, Profils révolutionnaires par un crayon rouge, Paris, Victor Bouton, 1848-1849. — A. Lucas, Les Clubs et les clubistes, Paris, Dentu, 1851. — M. Dommanget, Auguste Blanqui. Des origines à la Révolution de 1848. Premiers combats et premières prisons, Paris, Mouton, 1969. — Rémi Gossez, " La presse parisienne à destination des ouvriers (1848-1851) », in Jacques Godechot éd., La Presse ouvrière, 1819-1850, Paris, bibl. de la Révolution de 1848, 1966, p. 133. — Peter Amann, Revolution and Democracy. The Paris Club Movement in 1848, Princeton University Press, 1975.

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