BRISBANE Albert

Par Jean-Claude Dubos

Né le 22 août 1809 à Batavia (État de New-York, États-Unis), mort en 1850. ; saint-simonien puis fouriériste aux États-Unis.

Albert Brisbane a peu de choses à voir avec le Mouvement ouvrier français, si ce n’est qu’il devint saint-simonien puis passa au fouriérisme qu’il introduisit aux États-Unis. Il vint en France en 1828 suivre les cours de Victor Cousin, puis se rendit à Berlin écouter Hegel et y rencontra Jules Lechevalier qui le convertit au saint-simonisme. À Berlin en avril 1832, il indiquait à Michel Chevalier qu’il y diffusait des brochures saint-simoniennes. Rentré à Paris en décembre 1832 il prit des leçons avec Fourier et entretint une active correspondance avec ses amis berlinois, notamment Auguste Varnaghen, toute rédigée en français et contenant des renseignements très intéressants sur les problèmes des saint-simoniens et les débuts du fouriérisme. Dans sa lettre du 19 février 1833, il dresse ce portrait de son maître : « Fourier est un homme étonnant. C’est un être aussi original que ses livres, il n’a pas le moindre tact pour propager sa doctrine, il est tout à fait en dehors de la réalité des choses, ne comprend rien au monde. Ce sont les jeunes gens qui sont avec lui, et particulièrement Jules Lechevalier, qui mènent l’affaire. Je prends des leçons avec Fourier, de sorte que j’ai bien l’occasion de le connaître. Il est pétrifié dans son système et ne voit plus le monde qu’à travers ses propres idées. C’est un homme sec, peu communicatif, méfiant et ayant toujours peur que d’autres n’empiètent sur son système et ne fassent passer ses idées pour les leurs. Il a très peu de cœur, mais il a une activité d’esprit sans bornes et, certes, il a fait de belles découvertes. » Rentré aux États-Unis en 1834 avec quelques amis, Jean Manesca, Frederick Grain et Frederick Gauvain, il y jeta les bases du fouriérisme américain.
Brisbane revint en France en 1844 pour étudier les manuscrits de Fourier et collabora à la Démocratie pacifique. Après avoir maintes fois tenté d’intéresser Considerant à l’établissement d’un phalanstère en Amérique, en 1852 il le décida à l’accompagner dans un voyage exploratoire. Partis d’Anvers le 28 novembre 1852, ils entamèrent le 30 avril 1853 un voyage de trois mois vers la frontière nord du Texas. Le 29 août, Considerant rentrait à Ostende enthousiasmé. Mais si Brisbane fut ainsi à l’origine de l’aventure américaine de Considerant, il fut aussi le premier à se décourager et (selon Godin) ne versa pas les 100 000 F qu’il avait souscrit lors de la constitution de la Société de Colonisation européo-américaine au Texas. Considerant dut lui faire un procès (en 1861) pour récupérer les sommes dues.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27661, notice BRISBANE Albert par Jean-Claude Dubos, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 22 mai 2021.

Par Jean-Claude Dubos

ŒUVRES : Association ; or, A Concise Exposition of the Practical Part of Fourier’s Social Science. New York : Greeley and McElrath, 1843. — A Concise Exposition of the Doctrine of the Association, New York, J. S. Redfield, 1844. — General Introduction to Social Science, New York, C. P. Somerby, 1876. — Social Destiny of Man ; or, Association and Reorganisation of Industry, Philadelphia, CF Stolmeyer, 1840. — Theory of the Functions of the Human Passions, Followed by an Outline View of the Fundamental Principes of Fourier’s Theory of Social Science, New York, Miller, Orton and Mulligan, 1856. — Treatise of the Functions of Human Passions ; An Outline of Fourier’s System, New York, Dewitt, 1857.

SOURCES : Bibl Arsenal, Fonds Enfantin, ms. 7 601/269. — Redelia Brisbane, Albert Brisbane : A Mental Biography ; with a character Study by His Wife Redelia Brisbane, Boston, Arena, 1893. — Pierre Collard, Victor Considerant, sa vie, ses idées, Dijon, Impr. Barbier, 1910. — René Rabaux, Godin et le familistère de Guise, s. l. 1978.— Letters of the American Socialist Albert Brisbane to K. A. Varnaghen von Ense, Terry H. Pickette et Françoise de Rochet éd., Heidelberg, Carl Winter, 1986. — Carl J. Garneri, The Utopian Alternative. Fourierism in Nineteenth-Century America, Ithaca and London, Cornelle University Press, 1991. — Carl J. Guarneri, « Réunion, Texas : post-scriptum ironique au fouriérisme américain », Cahiers Charles Fourier, n° 4, 1993. — Note de Ph. Régnier.

Version imprimable