BRUCKER Raymond [BRUCKER Philippe, Auguste Raymond], dit RAYMOND Marcel.

Par M. Cordillot et J.-C. Dubos

Né le 5 mai 1800 à Paris ou Compiègne (Oise), mort le 28 février 1875 à Paris. Ouvrier éventailliste, puis publiciste et littérateur français assez étroitement lié au mouvement social des années 1830 à 1848.

Il publia en 1829 avec Michel Masson, sous le pseudonyme de Marcel Raymond, un roman en 4 volumes, Le maçon de Notre-Dame. Par la suite, il publia d’autres romans, Un secret, Le banquet de mariage, les sept capitaux, et de nombreux autres. Il aurait été membre des sociétés secrètes jusqu’en 1836, date à laquelle il dit avoir renoncé à conspirer.
Le 12 octobre 1835, Considerant écrivit à Clarisse Vigoureux : « Je puis vous citer entre autres conversions récentes et saillantes Brucker, connu dans la littérature sous le nom de Michel (?) Raymond. Il va faire des romans phalanstériens. » Il fut ensuite proche durant quelque temps des fouriéristes, prônant la réalisation d’un phalanstère d’essai. En fait Raymond Brucker collabora avec Considerant et Francis Wey à la réédition d’une brochure, publiée anonymement en mars 1836, Publication complète des nouvelles découvertes de Sir John Herschel dans le ciel austral et dans la Lune (Paris, Masson et Duprey, 1836, in-8°, (4), 160 p.), version fouriériste d’un canular imaginé en août et septembre 1835 par l’Américain Richard Adam Locke, selon lequel le célèbre astronome Herschel parti en mission en Afrique du Sud, avait découvert dans la lune des habitants appelés poétiquement les Vespertillos. Quoique ce canular ait été dénoncé à l’Académie des Sciences le 2 novembre 1835 par François Arago, il eut un énorme succès et Considerant et ses deux complices en profitèrent pour écrire une « violente satire de la religion accusée de favoriser l’exploitation des faibles » (Michel Nathan), dans la lignée du discours prononcé en 1835 à l’Hôtel de Ville par Considerant. La même année, il fut l’auteur d’une Épître à Raspail dans laquelle il exaltait la Grande Révolution française.
Lorsqu’éclata la révolution de Février 1848, il se rapprocha de Blanqui. Son nom figure sur la liste des membres de la Société républicaine centrale, et il signa en tant que membre du bureau l’adresse au Gouvernement provisoire rédigée par Blanqui au lendemain des événements sanglants de Rouen du 27 avril.
L’engagement militant de Raymond Brucker semble surtout avoir été durablement marqué par la personnalité du régicide Alibaud : en 1836, Brucker était devenu le dépositaire du « Testament » manuscrit de ce dernier, et il y faisait explicitement référence dans son Épître à Raspail. Il prit d’ailleurs la décision de publier ce texte en 1848, en l’assortissant d’une introduction déroutante dans laquelle il invoquait Dieu — il s’était en effet converti au catholicisme en 1839 — et se présentait comme un républicain « décoiffé de son bonnet rouge » et un socialiste « retourné ». Sans doute faut-il y voir la conséquence des événements de Juin, puisqu’au vu de sa cote à la Bibliothèque Nationale, cette publication semble pouvoir être datée du deuxième semestre de l’année 1848. On peut également noter que Raymond Brucker fut en septembre 1848 l’un des rédacteurs du Canon d’alarme, un journal légitimiste et réactionnaire qui n’eut qu’un numéro, et dans les colonnes duquel il s’en prit au fouriériste Jean Journet*. Il rompit dès lors tout lien avec ses idées passées.
Brucker devint l’un des animateurs de la société Saint-François-Xavier et fut pourvu d’une sinécure sous l’Empire. Mais révoqué sous la IIIe République, il mourut dans la misère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27719, notice BRUCKER Raymond [BRUCKER Philippe, Auguste Raymond], dit RAYMOND Marcel. par M. Cordillot et J.-C. Dubos, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par M. Cordillot et J.-C. Dubos

œUVRE : Il faut surtout signaler le Testament d’Alibaud. Contrat d’alliance entre les Socialistes et les Républicains, avec une introduction de Raymond Brucker, Paris, typogr. Schneider, [1848], in-folio, 4 p.

SOURCES : G. Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Paris, Hachette, 1858, 5e édition, 1880. — E. de Mirecourt, Les Contemporains : Francis Wey, Paris, Havard, 1858. — J. Balteau, M. Barroux, M. Prévost, R. d’Aman, T. de Morembert, Dictionnaire de Biographie française, Paris, Letouzey, 1933 sq. — M. Dommanget, Auguste Blanqui et la révolution de 1848, Paris, Mouton, 1972. — M. Nathan, Le ciel des fouriéristes, Presses universitaires de Lyon, 1981.

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